Chapitre 19.

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Le lendemain, en me réveillant, je sentis mon cœur battre à la chamade. Pourvu que ce ne soit qu'un rêve. Pourvu que tout ceci soit faut, que je ne me suis pas fait éliminer du jeu. Je déverrouille mon portable pour en regarder l'heure et la date. Et merde, c'était bien réel.

J'étais complètement crevée au réveil. J'avais passé une bonne partie de la nuit au téléphone avec Demi. Ce fut une chance pour moi, car pour une fois, elle n'était pas occupée pendant sa soirée. Mais résultat, j'avais des cernes immenses sous les yeux. Et cette fois-ci, le correcteur ne sera pas suffisant.
J'avais accumulé beaucoup de retard dans mes heures de sommeil ces derniers temps, ce qui faisait que j'étais assez à cran. Je pris ma douche après avoir mis une vingtaine de minutes à me lever et me prépara rapidement avant de descendre prendre mon petit-déjeuner dans la cuisine.

Je me préparai un café au lait et des tartines de confiture. C'est ce que je préférais le plus pour un petit-déjeuner. Bien que la pâte à tartiner au chocolat ne soit pas mal non plus. Je restais quand même l'une des rares personnes sur cette planète à ne pas être dingue de chocolat chaud, je veux dire, ça se boit, mais sans plus.

Ma mère était dans le salon, regardant une de ces séries habituelles à la télévision. Je me mis à ces côtés pour déjeuner sans trop la déranger. J'aurais pu aller n'importe où, mais je n'aimais pas la solitude et ma mère était de bonne compagnie, puis je voulais éviter de croiser mon père dans la cuisine à n'importe quel moment de la matinée.

"Tu as bien dormi ?" Lui demandais-je en embrassant sa joue. 

"Plutôt mal, ton père a bu. Il n'a pas arrêté de s'énerver de la soirée.." Elle baissa d'un ton et soupira.

"Comme d'habitude." Je roulais des yeux et mordis dans ma tartine tout en posant mes fesses sur le canapé. Je déposai ma tasse sur la table basse et repliai mes jambes en tailleur.

Nous restions attentives à l'émission de télé jusqu'à ce que ma mère reprît la parole.

"Tess, tu sais que je t'aime et que je t'aimerais toujours parce que tu es ma fille. Mais si tu as des préférences pour les filles, j'aimerais que tu me le dises." Elle chuchotait pour ne pas se faire entendre par mon père qui pouvait se lever d'une minute a l'autre.

Je devenais nerveuse, je n'avais jamais prévue de faire mon coming out de cette façon. Je n'avais jamais prévu de le faire d'ailleurs parce que je ne m'étais jamais posé la question de me mettre une étiquette.
Je détestais ce genre de catégorie nommé par la société. Je n'étais pas lesbienne, ni bi. J'étais juste amoureuse d'une fille. Mais cela ne voulait rien dire. Ce n'est pas mon orientation qui définissait qui j'étais réellement.

"Je ne sais pas ce que je suis maman. Je ne me pose pas de question, j'aime simplement une personne peu importent son sexe." Répondis-je en chuchotant moi aussi.

"Tu as un copain ou une copine ?"

J'avalais ma salive difficilement. Devais-je lui dire maintenant ?

"Je.. En quelque sorte oui .. Je.. C'est Demi." Répondis-je après mûre réflexion. Autant lui dire d'un coup, je savais que cela passerait mieux avec ma mère qu'avec mon père de toute façon. Et la célébrité que je commençais petit à petit à avoir n'allait pas m'aider à le cacher, loin de là.

Je me pinçais la lèvre inférieure tout en examinant son visage. Cherchant a savoir ce qu'elle en pensait. Elle fut choquée, mais elle me fit un sourire juste après. Je me disais donc que c'était bon signe.

"Elle est formidable cette femme. Je suis contente pour toi.. Mais il faudra que tu sois prudente par rapport à ton père et tout le reste.."

Je hochais la tête et on se prit dans les bras. Ça paraît cliché ce genre d'accolades après un coming out, mais je pense que la personne a besoin de savoir qu'elle est toujours aimé de la même manière par ces parents après s'être totalement mise a nue dans le sens figuré de la chose bien évidemment.

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