Je me réveillai dans ce qui semblait être un lit d'hôpital, aux alentours d'une heure du matin. D'après les médecins, je m'étais évanoui dans l'ambulance me transportant aux urgences. J'avais perdu beaucoup de sang à cause de ma blessure à la tête et on m'avait recousu de treize points de suture. Eh oui, tout cela à cause d'un bête accident de vélo...
J'avais dû tomber sur un caillou. Je pense que désormais, je porterais toujours mon casque à vélo...
J'avais aussi l'épaule démise lorsque j'étais arrivé ici. Elle avait été replacée et était désormais attachée en bandoulière contre mon torse. Mes coudes avaient seulement quelques égratignures.
Après ce rapide état de mon corps, j'appelais une infirmière. J'avais soif, et j'avais aussi quelques questions. Je me rappelais juste que j'étais tombé de vélo. Mais comment et pourquoi ? Plus aucun souvenir.
Une femme en blouse blanche, d'un âge avancé, à l'air sympathique mais plutôt fatigué entra dans ma chambre.
-Ah, enfin on se réveille ! S'exclama-t-elle.
-Bonjour. Est-ce que je pourrais avoir de l'eau s'il vous plaît ?Demandais-je simplement.
-Bien sûr, répondit-elle tout en me remplissant un verre. Comment te sens-tu ?
-Ça va, merci. Par contre, c'est très bizarre. Je me rappelle que je suis tombé de vélo, mais pas pourquoi, où j'allais ni comment je suis arrivé ici...
-Ce n'est pas bizarre, c'est tout à fait normal, expliqua l'infirmière. Tu as subit un traumatisme crânien. Peut être que tu te souviendras de cette journée demain, dans une semaine, un mois ou un an. Et peut-être que tu ne t'en souviendras jamais.
-D'accord, déclarais-je en signe de compréhension.
Je savais d'ores et déjà qu'après ce genre de traumatisme, certains ne se rappelaient jamais de ce qu'il leur était arrivé.
Soudain, je pensais à mon père. Avait-il été prévenu de ma présence ici ? Si oui, j'imaginais que j'allais passer un sale quart d'heure en rentrant... Je décidais de demander à mon infirmière pour en savoir plus.
-Est-ce que... Euh... Vous avez prévenu mon père ?
-Oui. Pas très charmant sans vouloir te vexer, petit. Il a dit, je cite « Il se démerdera pour rentrer et je ne me donnerais pas la peine de venir voir ce petit con. »
-Ah.
Ça ne m'étonnait pas de lui.
-Et quand pourrais-je rentrer ?
-Demain après-midi. Enfin, cet après-midi, si on prend en compte le fait qu'il est une heure et demie du matin.
-D'accord, merci.
-Oh, j'allais oublier. Une jeune fille est dans le couloir et attend depuis quelques heures que tu te réveilles... Me dit-elle avec un clin d'oeil.
Une fille ? J'avais vraiment dû louper un épisode. Déjà, ce n'était pas une pote, je ne voyait pas comment ils auraient tous pu être au courant de mon petit accident de vélo. Mais qui cela pouvait-il bien être, alors ?
J'entendis la porte grincer et tournai un visage curieux vers celle-ci. La lumière était éteinte et il faisait à moitié nuit, mais je reconnus tout de même le visage de Clara. Clara ? Je n'y comprenais vraiment plus rien. Je tentais de fouiller ma mémoire, en vain.
Elle entra, s'approcha de mon lit et s'assit sur le fauteuil à côté de moi. Enfin, un rayon de lumière lunaire, filtrant à travers les stores, l'éclaira toute entière. Elle avait l'air épuisée. Ses cheveux qui avaient perdu de leur lueur habituelle étaient relevés en un chignon sur le haut de son crâne, laissant apparaître un pansement qui recouvrait sa joue. Son bras était lui aussi en bandoulière contre son épaule, mais semblait plus mal en point que le mien puisqu'il était retenu prisonnier dans un plâtre.
Quelques secondes s'écoulèrent en silence durant lesquelles nous ne fîmes que nous fixer. Soudain, sans que je ne m'y attende, sa voix claire et précise trancha l'air aussi finement qu'un couteau bien aiguisé :
-Putain, tu pouvais pas regarder où t'allais merde ?!
-Hein ? Répondis-je, totalement pris au dépourvu par ses reproches. Et puis d'abord, que faisait Clara dans ma chambre d'hôpital ? Je ne me souviens de rien, continuais-je.
-Mais c'est pas vrai ! J'ai l'impression que je dois toujours tout te rappeler, s'exclama-t-elle, faisant aini allusion à la soirée où je l'avais sauvée de la noyade et où je ne me souvenais pas non plus de ce qu'il s'était passé, à cause de l'alcool, cette fois-ci.
Sur le coup de la colère, ses joues, enfin celle qui n'était pas couverte par le pansement, devinrent rouges de colère. J'avais l'impression qu'elle fulminait et qu'elle était prête à exploser. Mais elle souffla un coup, tentant de regagner son calme, et commença à m'expliquer :
-Je te la fais courte ! Je rentrais tranquillement de la plage en vélo quand j'ai aperçu au loin un abruti qui pédalait tout en étant sur son portable, cet abruti étant, suspense, TOI. On allait se croiser tranquillement quand soudain BAM t'as dévié vers la gauche comme un malade et hop, on s'est foncé dedans. Chapeau, l'artiste.
Elle m'avait raconté tout ça en faisant de grands gestes de son bras valide, et son visage exprimait également chacun de ses mots.
Je la regardai, un air contrit plaqué sur le visage.
-Désolé. Ce fut la seule chose que je trouvais à dire à cet instant. Peux mieux faire, Arthur.
-Ouais fin en attendant j'ai quand même le bras pété et la joue arrachée, continua-t-elle. M'enfin, toujours mieux que toi.
-Heu, ouais.
Vous voyez comme je suis doué pour tenir une conversation ? C'est fou hein.
-Bon, sur ce, salut !
Je n'eus même pas le temps de répondre qu'elle était déjà repartie.
Il était une heure du matin, j'étais fatigué et j'avais mal à la tête. Pourtant, c'était comme si une tornade portant le prénom de Clara venait de passer dans ma chambre.
Elle ne se comportait pas du tout comme au lycée où elle paraissait si timide. En dehors de l'établissement, c'était comme si elle était enfin elle-même. Elle n'hésitait pas à me traiter d'abruti, et à me parler franchement. C'était bien.
Mais en même temps, elle commençait vraiment à me taper sur le système. Pourquoi avait-il forcément fallu que je tombe précisément sur elle ? Pourquoi la retrouvais-je partout ? C'était et cela resterait un mystère.Je décidai de reprendre un peu d'eau, attrapant tant bien que mal le verre que l'infirmière m'avait laissé sur la table de nuit, lorsque j'aperçus mon portable, sagement posé près d'un vase, vide.
J'attrapais ce dernier et je me rendis compte que j'avais une multitude de messages, tous en provenance de mes amis. Constance, Thibault, James, Mathieu et Louise, tous les cinq s'inquiétaient car je ne répondais à aucun de leur messages et je n'étais pas à la soirée.
La soirée ? Je sentis une fois de plus un souvenir affleurant à la surface, mais ne voulant pas remonter tout à fait. Je me concentrais, encore et encore, pendant de longues minutes, jusqu'à me souvenir, enfin.
Je n'avais perdu la mémoire que quelques heures, mais ça m'avait paru comme une éternité.
Je me rappelais à présent de ma fuite en vélo pour aller au feu de joie, et de l'accident également. L'après accident, aussi. Clara. Ma tête qui saignait. Le bandage. Sa réaction à son bras casé. Le coucher de soleil.
J'hésitais à appeler l'infirmière pour lui dire que je me souvenais, mais je me dis que je pourrais bien le faire le lendemain.
Je dévérrouillai mon portable de nouveau, pour envoyer un unique message, à Thibault, expliquant mon « cas » en quelques lignes. S'ils étaient tous ensemble, il n'aurait qu'à faire passer le message.
Quelques minutes après avoir sagement reposé mon portable, je m'endormis, pensant déjà aux représailles que me ferait mon père le lendemain...
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Tomber le Masque [Terminé]
Romance→ Tomber le Masque ← Arthur, jeune garçon malmené par la vie. Clara, jeune fille réservée et mystérieuse. Tous deux ne s'entendent pas, mais le destin semble bien décidé à les réunir, même si leur chemin sera semé d'embûches...