Chapitre 16

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POINT DE VUE DE CLARA

Après l'épisode du self, nous n'avions plus reparlé de ces filles, mais Arthur voudrait certainement en savoir plus un de ces jours.

Nous avions décidé, au vu du beau temps, de passer notre après-midi dehors, étalés au soleil, à lire, parler et écouter de la musique.

Arthur avait posé son portable dans l'herbe, entre nos deux têtes, et nous regardions les nuages passer, silencieux.
Je sais que ça vous paraîtra super cliché ou je ne sais quoi, mais on avait quasiment exactement les mêmes goûts musicaux, les mêmes chansons préférées...
Enfin, je dois vous avouer qu'à le voir traîner avec ses potes au lycée je l'aurais plutôt imaginé écouter du rap bien merdique...

Nous étions tranquilles, donc, chacun perdu dans ses pensées, quand quelque chose me revint à l'esprit. Cette semaine, lors de l'alarme incendie, je lui avais demandé ce qu'il s'était passé, pourquoi il avait changé si brutalement deux mois auparavant. Il ne m'avait pas répondu et s'était carrément braqué.
Là, sur le moment, j'avais vraiment envie de lui reposer la question. Je n'avais pas envie de briser ce moment calme et silencieux, presque magique, mais la curiosité me rongeait de l'intérieur. La curiosité, mais aussi, je crois, une volonté de comprendre ce qu'il avait, et, peut-être, de l'aider.

J'hésitais, encore et toujours, mais je décidais finalement de me lancer :

-Arthur ?

-Mm ?

-Je peux te demander quelque chose ?

-Heu, ouais ?

-Tu sais, ce que je t'ai demandé après l'alarme incendie...

Je vis ses traits se durcir et ses yeux se voiler. Il me coupa la parole avant même que j'aie terminé la phrase.

-Non.

D'un mouvement brusque, il récupéra son portable et se leva en prenant son sac.

-Je crois que t'as un don pour gâcher les bons moments, déclara-t-il froidement.

Et il partit, sans même me laisser le temps de m'excuser, ou d'ajouter le moindre mot.

J'avais été idiote. Idiote idiote idiote Clara. Ce qu'il avait dit n'était pas faux. Je gâcheais toujours les choses...

Énervée contre moi même, je décidais d'aller m'acheter une bonne glace et de me réfugier dans ma chambre. Curiosité de merde.

Là, seule, je ressassais mes pensées, écoutant comme toujours de la musique. Mais je n'arrivais pas à me concentrer, je n'arrivais même pas à me replonger dans mon livre.
Alors, je décidais, au alentours de dix-sept heure, de sortir au cinéma, seule, pour m'aérer la tête.
Je n'avais pas encore décidé le film que j'allais voir, je verrais bien sur place.

Mais avant, j'avais environ un kilomètre de marche entre le lycée et le cinéma. A cette heure, et en plein weekend, la rue du lycée était quasiment déserte. Longue d'environ trois cent mètres, se terminant en cul de sac, personne ne s'y aventurait les deux derniers jours de la semaine, et encore moins pendant les vacances.
Étrange, donc, que ce gros 4x4 noir garé contre le trottoir à mi chemin entre moi et le bout de la rue donnant sur l'axe principal. A qui pouvait-il bien appartenir ?

Je décidais d'arrêter de trop réfléchir avant de commencer à psychoter, et de continuer mon chemin sur le trottoir opposé à celui de la voiture.

Je passais à côté de cette dernière quand un homme, en costume-cravate noir et portant des lunettes de soleil sortit du côté passager.
Inquiète, j'accélérai un peu le pas en le sentant me suivre.
Alors que je n'étais plus qu'à une vingtaine de mètres de la grande rue, je sentis une large main se poser sur mon épaule. C'est là que je commençais à avoir vraiment peur.
L'homme me retourna en me forçant à lui faire face.

Tomber le Masque [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant