Le soir même, une fois certain que mon père était endormi, je vérifiai une dernière fois mon sac : j'avais pris un change, au cas où quelqu'un me balancerait à l'eau sans me laisser le tempsde me mettre en maillot. Mon sac à dos contenait également une lampe de poche, des biscuits, une bouteille d'eau et une pompe. Oui, je n'avais pas envie de terminer vélo à la main. Tout ça pour le trajet.
Ensuite, je sortis par la fenêtre de ma chambre, sans avoir donc à sauter de trop haut. Je pris mon vélo, rangé dans notre vieille cabane à outils au fond du jardin, un peu envahie par les herbes folles, pour me rendre au feu de joie. J'effectuais tout cela le plus silencieusement possible afin de ne pas réveiller mon père.
D'après ce que m'avait raconté Thibault, il y allait avoir entre vingt-cinq et cinquante personnes, une petite soirée bien tranquille, donc. Je ne savais même pas qui organisait, mais ça promettait d'être pas mal du tout. Tous mes amis y allaient, et je n'aurais raté ça pour rien au monde.
Même s'ils étaient égoïstes, je les aimais. Je traînais avec eux depuis la sixième, et on avait cette chance d'être toujours amis. Même s'ils étaient surtout là pour rigoler ensemble, je les aimais.
Je devais avouer que j'étais un peu comme eux. Surtout avant ce qu'il était arrivé à ma mère. Mais depuis le mois dernier, j'avais commencé à changer, à prendre conscience de certaines choses. Je n'aimais plus vraiment ce qu'était devenu notre groupe, mais j'aimais les personnes qui en faisaient partie. Nuance.J'avais environ dix kilomètres à parcourir et il était 21h30, l'heure de partir et de cesser de réfléchir. Mon père s'était couché tôt et il faisait jour tard, pas mal pour mes plans.
Mais ç'aurait été trop facile que tout se passe comme sur des roulettes. Vous vous dites que mon père allait réussir à savoir que je m'étais tiré en douce ? Que je m'étais perdu ? Eh bien non, comparé à ça, il m'était arrivé un truc carrément nul. J'étais tombé de vélo. Ouais, vous avez bien lu. Allez, je vous raconte.
Donc, ça faisait environ deux kilomètres que je roulais sur les petites routes. J'étais sur une ligne droite, et personne ne circulait, donc je n'avais pas jugé dangereux de répondre à quelques messages depuis mon portable. Je ne regardais pas vraiment devant moi, donc. J'avais aussi les écouteurs vissés aux oreilles, la voix du chanteur de System Of A Down résonnant à fond dans mes tympans. Je n'entendais donc vraiment pas ce qu'il se passait au dehors de ma petite bulle.
Dangereux ? Je sais, mais il ne passait quasiment personne sur ces petites routes de campagne, également peu connues des touristes.
Je roulais tranquillement lorsque j'ai vaguement entendu un cri à travers mes écouteurs. Je ne prêtais pas trop attention à la route depuis que j'étais sur mon portable et j'avais fait un léger écart vers la gauche. Dans les dixièmes de secondes qui suivirent le cri, je n'eus pas même le temps de relever la tête que j'étais à terre.
J'eus comme un moment d'absence avant de rouvrir les yeux. La première chose que j'ai pensé était « Mais qu'est ce que c'est encore que ce bordel ? ».
Je sentais comme un poids sur moi. Le poids en question bougea et s'assit sur la route en se frottant le genou de la main droite. Quant à moi, je me dégageai tant bien que mal de mon vélo et m'assit aussi. Une douleur inconnue me lancinait le crâne.
-Euh, ça va ? Me demanda la fille qui était tombée sur moi.
Whaaaat attendez. Pause, arrêtez tout. Je la connaissais, non ? La fille était blonde, yeux bleus.
Clara. Encore elle ?! Enfin, je ne l'avais pas revue depuis la soirée, mais tout de même. Pourquoi avait -il justement fallu que ce soit avec elle que j'aie cet accident de vélo ? Accident très ridicule, au passage.
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Tomber le Masque [Terminé]
Romance→ Tomber le Masque ← Arthur, jeune garçon malmené par la vie. Clara, jeune fille réservée et mystérieuse. Tous deux ne s'entendent pas, mais le destin semble bien décidé à les réunir, même si leur chemin sera semé d'embûches...