Chapitre 15

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POINT DE VUE D'ARTHUR

Sur le moment, la question de Clara m'avait totalement pris au dépourvu. Pourquoi voulait-elle savoir ça ? Du coup j'avoue que je lui avais répondu un peu sèchement. Mais que faire d'autre ? Je n'allais pas tout lui déballer sur ma mère là, comme ça, d'un coup. Alors je l'avait en quelques sortes envoyé bouler. En espérant qu'elle ne revienne pas à la charge de sitôt.

Le soir, dans la chambre, on s'était couchés sans un mot. Apparement, Thibault ne souhaitait plus m'adresser la parole. Et tant mieux, puisque moi non plus.

Je passais une nuit pour le moins agitée, entre le temps passé à m'endormir et un horrible cauchemar qui me maintînt ensuite éveillé une bonne partie de la nuit.

Le lendemain, nous étions samedi. Ceux qui le souhaitaient pouvaient rentrer chez eux, ce qui fut le cas de Thibault. Pas le mien. Plus longtemps je serais loin de mon père, mieux ce serait.

Aux alentours de neufs heures, je descendis du bus et partis à petites foulées vers le parc. Je devais aller courir avec Stan comme nous avions convenu la veille. J'arrivais pile à l'heure et la trouvais à m'attendre, assise sur un banc.
À peine avais-je eu le temps de comprendre ce qu'il se passait qu'elle me sautait déjà dans les bras.

-Whooo du calme ! Déclarais-je, étonné.

-Tu m'as trop manqué ! S'exclama ma meilleure amie, toujours accrochée à mon cou.

-Heu ouais, toi aussi tu m'as manqué mais ça ne fait qu'une semaine environ qu'on ne s'est pas vus, je te rappelle.

Ce n'était pas que je n'avais pas apprécié son câlin, c'était plutôt que ça me gênait, ça me mettais mal à l'aise, je ne savais pas pourquoi.

-Bien, maintenant il faut courir, dis-je d'un ton enjoué afin de dissiper le malaise qui s'était installé entre nous depuis nos dernières paroles.

Et c'est ainsi que se déroula la matinée. Nous avions couru une heure environ, slalomant entre les arbres du parc, foulant les allées parsemées de tout petits gravillons. Stan avait vraiment progressé depuis qu'elle avait commencé.
Ensuite, nous nous étions payé une glace au coin de la rue et nous avions discuté de tout et de rien sur un banc. Tout se passait pour le mieux, jusqu'à ce qu'elle fasse une chose complètement inattendue.

Nous étions tranquillement en train de parler devant mon arrêt de bus, attendant le véhicule qui devait passer une dizaine de minutes plus tard pour me ramener à l'internat. Je ne sais plus exactement ce que nous disions, mais ça n'a pas d'importance. Ce qui l'est, par contre, c'est ce que Stan a fait.
Alors que nous riions tous deux bêtement pour je ne sais quelle raison, elle s'était penchée vers moi et m'avait embrassé. Sur la bouche. Tout d'abord, choqué, je n'avais pas même tenté de la repousser. Ensuite, lorsque j'ai réalisé, je me suis reculé d'un pas en arrière. Une sensation étrange bouillonnait dans mon ventre. Pas l'amour, non, bien au contraire, plutôt quelque chose comme de la culpabilité. Pourquoi ? Aucune idée.

Quand je me suis écarté, j'ai bien vu qu'elle était déçue. Alors, avant même que j'aie tenté de savoir ce qui lui était passé par la tête, c'est elle qui prit la parole en premier :

-Désolée, avait-elle simplement dit.

-Qu'est-ce qui t'es passé par la tête ? Furent mes premier mots.

-Écoute, je... Je pensais que c'était réciproque et...

-Quoi ? Tu veux dire que... Tu es amoureuse de moi ?

-Je... Oui.

-Oh putain Constance je suis désolé si je t'ai laissé croire que quelque chose était possible entre nous. Tu vois, je pensais que tu savais que c'était purement... sexuel, seulement en soirée... Je suis vraiment désolé. En plus, je ne suis pas un gars pour toi, et j'espère que tu trouveras quelqu'un de bien...

Tomber le Masque [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant