Je m'étais réveillé, toujours à l'hôpital, aux alentours de onze heures. J'avais expliqué à mon infirmière que j'avais retrouvé la mémoire, et elle en était ravie.
Après un repas digne d'une cantine d'hôpital peu ragoûtant, cette dernière revînt me voir pour me dire que je pouvais rentrer chez moi. Elle proposa de prévenir mon père, pour qu'il vienne me chercher, mais je lui répondis que ce n'était pas la peine et que je m'en occuperais moi-même.
De toutes façons, il ne serait jamais venu.
J'avais donc été obligé de prendre le bus, une fois de plus. Le trajet se déroula sans accros, mais j'appréhendais pas mal le face à face inévitable qui allait suivre avec mon père.
J'étais descendu du bus, j'avais marché une centaines de mètres et étais arrivé devant mon portail. Je l'ouvris avec précautions ; il n'était pas de toute jeunesse, et je marchai d'un pas lent vers la porte d'entrée, traversant l'allée qui autrefois séparait notre jardin en deux. Aujourd'hui, c'était devenu une friche, paradis des escargots, limaces et vers de terre.
Arrivé dans l'entrée, je respirais un bon coup avant d'ouvrir la porte. Mon père était là, assis sur une chaise à la table de la cuisine, comme s'il m'attendait depuis un bon bout de temps déjà. Ça ne sentais vraiment pas bon pour moi.
-Hey, salut papa, tentais-je sur un ton faussement enjoué.
-Ne joue pas à ça, répondit-il du tac au tac. Ne t'avais-je pas interdit de sortir le soir pendant toutes les vacances, Arthur ?
-Heu, si, mais...
-Il n'y a pas de mais, haussa-t-il la voix. Tu m'as désobéi, une fois de plus. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Tu me fatigues, Arthur. Je n'ai vraiment pas que ça à faire de te surveiller, vois-tu ?
-...
-Privé de portable pendant deux semaines. Et nous n'allons pas en rester là.
Heu, franchement ? Je m'attendais à tellement pire que j'avais presque envie de lui rire au nez, mais je me retins tout de même.
Je hochais la tête et posais ce dernier sur la table, avant de monter calmement dans ma chambre. Au pire, il me restait mon ordi. Punition inutile, papa. Et merci d'avoir demandé comment j'allais. Comme s'il s'en souciait, tiens.
L'infirmière m'avait demandé de faire attention à ma tête pendant quelques jours, le temps que la plaie cicatrise et que l'on enlève les points de suture. J'avais une envie d'aller courir, tellement forte. Mais avec mon bras qui devait apparement rester en écharpe pendant deux semaines, ça s'annonçait vraiment compliqué. Compliqué aussi de jouer aux jeux vidéos d'une seule main.
Je poussais un long soupir avant de me diriger vers ma bibliothèque et de choisir un livre, puis de m'étaler sur mon lit afin d'en découvrir l'histoire.
Le lendemain matin, je fus réveillé par deux coups, puissants et secs, frappés à la porte de ma chambre, avant que mon père n'entre, sans que je ne lui aie donné la permission. J'étais conscient qu'il marchait vers le bord droit de mon lit, mais je ne voulais pas ouvrir les yeux pour autant. Pourtant, j'y fus bien obligé lorsqu'il me secoua violemment l'épaule.
-Quoi ? Marmonnais-je.
-On doit parler.
-Mais t'as vu l'heure putain ? Répliquais-je, arrogant.
Mon père poussa un long soupir et je sentis que ce qu'il allait m'annoncer n'allait certainement pas me plaire, du tout. Je me souvenais qu'il avait dit la veille que « nous n'allions pas enrester là », mais je pensais que c'était surtout pour me faire peur et qu'il n'allait rien faire d'autre. Grossière erreur.
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Tomber le Masque [Terminé]
Romantik→ Tomber le Masque ← Arthur, jeune garçon malmené par la vie. Clara, jeune fille réservée et mystérieuse. Tous deux ne s'entendent pas, mais le destin semble bien décidé à les réunir, même si leur chemin sera semé d'embûches...