Chapitre 23

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POINT DE VUE D'ARTHUR

La semaine suivante se passa à peu près de la même manière que la précédente, et les cinq semaines de cours de vacances s'achevèrent dans le même temps.
Ça m'avait paru à la fois trop long, mais aussi trop court.
Trop long à cause de ce qui était arrivé à Clara, de ce que j'avais appris sur ma mère, trop d'émotions avaient surgi d'un coup, ressassant dans le même temps mon passé, et ça avait été plutôt douloureux.
D'un autre côté, malgré tout, j'avais passé beaucoup de bons, d'excellents même, moments avec Clara et j'aurais aimé que ceux-ci durent plus longtemps, que ça dure toujours. Parce que quand j'étais avec elle, au moins, j'arrivais à oublier le reste, mes problèmes. Elle, je pouvais la considérer comme une vraie amie, pas comme la bande avec qui je traînais au lycée.

Nous étions rentrés la veille, et déjà nous avions prévu, tous les deux, de se voir pour le restant des vacances, autrement dit deux semaines. Deux semaines de fin de mois d'août, sous un beau temps et une chaleur écrasante.
C'était en toute amitié, bien sûr, n'allez rien vous imaginer ! Le baiser s'il y a quelques semaine, vous savez, c'était du simple soulagement, le fait de se retrouver alors que Clara était en danger... Rien qui n'aille plus loin que l'amitié dans tout ça.

T'es pitoyable. Me souffla ma voix intérieure.

Ok, je l'avoue, j'étais pitoyable. J'étais en train d'essayer de me convaincre que je n'éprouvais rien d'autre que de l'amitié envers Clara, alors que je n'étais même pas sûr que ce soit le cas.
Enfin, je pense que c'est compréhensible. Je n'étais toujours pas sûr de mes sentiments, je ne savais toujours pas quoi penser. Ok, je n'avais jamais vraiment aimé une fille de cette façon, mais étais-je réellement de l'amour ? En tout cas, tout ce que je pouvais affirmer, c'était que ce n'était absolument pas comparable avec ma relation avec Constance, qui d'ailleurs avait quasiment disparu de la circulation depuis la dernière fois que nous nous étions vus.
Enfin bref, je ne vais pas vous parler de ça des heures, parce que c'était carrément le bordel dans mon cerveau, et que même moi je n'arrivais pas à m'y retrouver.

Le samedi après-midi, nous avions prévu d'aller à la plage, juste tous les deux. En vélo. Oui, oui, par cette même route où nous nous étions rentrés dedans, le soir où, privé de sortie, j'avais voulu rejoindre mes potes au feu de joie. Et où j'avais cassé le bras de Clara, et m'étais ouvert le crâne par la même occasion.

Alors que je refermais la barrière de ma maison d'un seule main, tenant le guidon de mon vélo dans l'autre, je voyais Clara faire de même du coin de l'œil.
Ce jour-là, je me souviens qu'elle portait un short en jean, un tee-shirt jaune et des converses, un style qui lui correspondait parfaitement. Je pouvais apercevoir les bretelles de son maillot de bain dans son cou. Elle était belle, comme ça, naturelle, ses cheveux soulevés de temps à autres par les petites rafales d'air chaud. Elle me sourit, remontant le coin de ses lèvres, dévoilant ses dents, et faisant pétiller ses yeux. Je fis de même, et, sans un mot, nous enfourcheâmes nos vélos pour pédaler à toute vitesse en direction de la plage. Nous avalions les kilomètres et nous roulions vite, très vite, comme si notre vie en dépendait. À croire que la chute de la dernière fois ne nous avait pas suffit. Côte à côte sur cette langue d'asphalte, nous pédalions, pédalions et pédalions encore. Nous n'avions pas besoin de parler, et je crois qu'avec la vitesse, nous n'aurions de toute façon rien entendu. J'étais empli d'une sensation de liberté, c'était comme si plus rien ne pouvais m'atteindre, et que, sur mon vélo, je partais au bout du monde.

Nous arrivâmes près de la plage, et le beau paysage qui nous accueillit me tira de ma rêverie.
Nous posions pied à terre lorsqu'elle rompit le silence.

- On a de la chance, quand même, déclara Clara. D'habiter près de la mer, je veux dire.

Soudain, lorsqu'elle prononça le mot "mer", un détail me revint à l'esprit. Elle ne savait pas nager, je l'avais même secourue lorsqu'on ne se connaissait pas encore vraiment, et que mes "amis" avaient voulu lui faire une "blague", en la jetant dans la piscine.

Tomber le Masque [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant