Tomber le Masque [Terminé]

Chapitre 18

POINT DE VUE D'ARTHUR

Le lendemain matin, en toute logique, toujours aucun signe de Clara.
J'avais décidé de ne pas appeler la police suite au message que j'avais reçu, attendant d'en savoir un peu plus sur la situation de moi même. Un peu idiot, direz-vous, mais je voulais, en quelques sortes, "tâter" le terrain, et voir de quoi il retournait avant d'alerter les forces de l'ordre.

Alors, en ce lundi matin où je devais normalement avoir cours, je prétextais auprès de la directrice des cours de vacances des vomissements, ce qui fonctionna puisqu'elle allait me laisser au lit toute la journée, avec un numéro à appeler en cas de besoin si je me sentais vraiment mal.

Aux alentours de huit heures trente, elle quitta l'internat pour rentrer chez elle. C'est là que je passais à l'action.
J'étais déjà habillé, et je sautai de mon lit pour sortir, et me rendre au cinéma. Clara avait forcément été enlevée soit en y allant, soit en en revenant. Qui plus est, la route principal, seul moyen de descendre en ville, était tout de même assez passagère. Une seule option, donc, elle avait été enlevée dans la petite rue en cul de sac du lycée...

Une fois à l'extérieur, je marchai une dizaine de minutes à un pas assez soutenu avant d'entrer dans le grand bâtiment qu'était le cinéma, du côté des caisses.

Il n'y avait personne en ce lundi matin, seulement deux employées. J'espérais qu'au moins d'une d'elle avait travaillé ici le samedi. La première, une femme d'une quarantaine d'années au visage fatigué, m'adressa la parole en premier :

- Bonjour jeune homme ! Que puis-je faire pour vous ?

- Bonjour, répondis-je. Je suis désolé, mais je ne viens pas pour regarder un film.

Elle me lança alors un regard interrogateur.

- En fait... Une amie à moi a disparu. Et je suis quasiment sûre qu'on l'a enlevée entre ici et le lycée, mais je voudrais savoir si c'était avant, ou après qu'elle soit venue ici samedi après midi.

- Vous avez de la chance, enchaîna-t-elle, je travaillais ici samedi !

- Bien, est-ce que vous avez vu une fille blonde aux yeux bleus, environ mon âge, assez jolie ?

- Il va falloir être plus précis mon petit, j'en vois tous les jours des comme ça !

- Euh... Je crois qu'elle portait un jean simple, avec des converses, et en haut... Un pull ! Un pull gris, en laine. Ah, et elle avait aussi une sacoche en cuir, vous ne pouvez pas l'avoir loupée si vous l'avez vue !

- Oh, je suis vraiment désolée, mais je ne me souvient pas l'avoir fait payer sa place... Ni l'avoir aperçue rentrer ici.

Un long soupir de frustration m'échappa.

- Merci quand même, au revoir.

- Au revoir, j'espère que tu vas la retrouver, me cria-t-elle avec un sourire, alors que j'étais en train de passer la porte.

- Merci.

D'après ce que m'avait dit cette femme, elle n'avait pas vu Clara samedi. Et elle était catégorique.
Donc, elle avait disparu entre le lycée et le cinéma...
Ces pensées m'occupaient l'esprit tandis que je prenais le bus pour aller à l'entrepôt, comme indiqué sur le sms que j'avais reçu. Une peur sourde me nouait l'estomac. Qu'allais-je bien pouvoir trouver là-bas ? Qui allait m'accueillir ?
Je savais que ça pouvait être dangereux, mais j'avais préféré ne pas en parler à la police. Les deux agents qui étaient venus au lycée ne m'inspiraient aucune confiance.

Après une trentaine de minutes, le bus s'arrêta à son terminus, à la périphérie de la ville. Il n'y avait que quelques maison autour, et environ deux-cent mètres à droite de la route, un chemin d'un peu moins d'un kilomètre qui menait à l'entrepôt. Personne en vue. Le paysage était plutôt inquiétant, glauque.
J'empruntais le sentier d'un pas rapide, tout en tentant de me calmer, et en évitant de penser à ce qui avait pu arriver à Clara, et à ce qui pouvait m'arriver maintenant, alors que je me jetais dans la gueule du loup...