Chapitre 2

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C'est vrai, je participe, et je l'insulte avec tout mon groupe de bouffons égoïstes qui ne pensent qu'à leur nombril. Tout ce beau monde, c'est toujours là pour rire, pour les soirées, mais quand ça va mal, quand on a besoin de se confier, il n'y a jamais personne. On ne peut pas faire confiance à ces gens là. Ils s'attaquent aux plus faibles, parce que c'est tellement plus simple.

Je n'aime pas être comme ça. Mais je fais comme eux. Pour appartenir au groupe, pour suivre le mouvement. Mais je le fais quand même.

- Alors l'intello, on va passer son week-end à bosser hein ?

Clara ne répondit pas, et elle ne prit même pas la peine de le regarder. Parfois, j'ai l'impression qu'elle est tellement forte, c'est comme si tout ce qu'on lui disait lui passait au-dessus, sans jamais la toucher.

Thibault me jeta alors un regard insistant, me poussant à lui jeter quelque chose à la figure moi aussi. Et c'est ce que je fis. Je me dégoûtais mais je le fis quand même.

- 18 de moyenne c'est pas assez pour toi hein ? Faut que tu bosses toujours plus pour t'améliorer espèce de grosse intello. Tu ferais mieux de passer ton temps à aller t'acheter des fringues parce que là...

Une fois de plus, elle ne répondit pas, le regarde fixé au loin sur le bus qui arrivait, le suivant du regard avant de monter dedans calmement, sans un mot, une fois de plus.

Le samedi matin, Thibault et moi, voyant un grand soleil au dehors, décidâmes d'aller à la plage, bronzer un peu. Habitant à vingt minutes à peine de Bordeaux, il faut dire qu'en ce début juin, la chaleur était déjà bien présente. Nous avions également apporté nos classeurs de français, pour réviser un peu le bac, mais sans grande conviction.

Finalement, nous passâmes l'après-midi en silence sur nos serviettes de bains, sans échanger aucun mot, jsuqu'à ce qu'au bout d'une heure environ, mon « meileur ami » brise le silence.

- Putain mec c'est quoi ton problème en ce moment ?! Tu parles plus tu restes trop silencieux je le sens pas !

- Y'a pas de problème, j'ai rien à dire, c'est tout, répondis-je, peut-être un peu froidement.

- Tu peux me parler si tu veux, t'inquiètes !

- Non c'est bon ça vas, y'a rien je te dis. Viens on révise, ce serait con de devoir recommencer ce satané bac.

Je me retournais sur le dos et ouvris donc mon classeur de français. Je fixais la première page, feignant de revoir mes cours, mais en réalité, j'étais perdu dans mes pensées. Les mots de Thib' me revenaient à l'esprit : « Tu peux me parler si tu veux, T'inquiètes ! ». Bien sûr, bien sûr. Si seulement il savait ce que je pense de lui... Mais j'ai même pas assez de couilles pour le lui dire, je ne vaut pas mieux que lui en fait. On ne peut pas lui parler. Il ne sait rien de moi, en réalité. Juste que je ne vis qu'avec mon père. Personne ne sait ce qui est arrivé à ma mère, et c'est tant mieux comme ça. J'ai pas envie qu'ils sachent, que tout le monde en parle. Ils se demandent pourquoi j'ai été absent toute une semaine, il y a un mois. Je leur ait dit que j'étais malade. Ils n'avaient pas besoin de savoir la vérité.

Tout comme je ne parlerai pas à Thibault. Je ne vais rien lui dire, et il arrêtera de vouloir savoir pourquoi je suis un tel connard. De toute façon, si je lui disais la moindre chose, tout le lycée serait au courant en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Le début de la semaine suivante s'écoula rapidement et les dits amis ne prêtèrent aucune attention à ma morosité, ce qui ne me dérangea pas du tout, bien au contraire. Alors qu'on s'asseillait à notre table habituelle au salf, pour manger des trucs que d'après moi, on ne peut pas considérer comme de la bouffe, Laura nous annonça qu'elle avait une idée :

- Les mecs, vous vous rappelez comme l'autre débile a répondu à Mathieu la semaine dernière ?

- Oh que oui, répondit James. Pourquoi tu demandes ça ?

- Eh bien, on a qu'a l'inviter à la soirée chez Stan demain soir ! Répliqua-t-elle. Nan faites pas cette tête là et laissez moi finir ! C'est pas pour s'éclater avec elle ou quoi que ce soit hein ! Mais genre, on envoie quelqu'un lui dire qu'on est tous désolés de l'avoir traîtée comme ça toute l'année, on l'invite à la soire où on fait semblant de l'apprécier pendant une heure, puis on la ridiculise comme elle s'en souviendra toute sa vie ! Pas mal nan ?

- Laura, t'es géniale ! Hurla Louise.

- Pas mal, pour une blonde, acquiesça Mathieu, ce qui lui valut un regard noir de Laura mais aussi de Constance, toutes les deux blondes.

- Franchement, elle est pas conne non plus, Clara. Si on l'invite à la soirée elle va bien se douter de quelque chose, coupais-je court à leur enthousiasme.

- Arthur, faut toujours que tu voies les choses de mauvais côté, comme si tout allait mal se passer ! S'énerva Laura.

- Et depuis quand on l'appelle par son prénom celle là ?

Je poussais un long soupir et les laissais continuer parler entre eux, commentant Clara et mon état d'esprit à souhaits. J'étais perdu dans mes pensées depuis cinq bonnes minutes déjà quand j'entendis Thibault m'appeler :

- Allo Arthur, ici la terre ! Un deux, un deux, vous me recevez ?

Lorsque je tournais enfin le regard vers lui, il continua :

- Sérieux, t'es vraiment dans la lune en ce moment ! T'as un problème ou quoi ?

- Nan t'inquiète ça va, je pensais c'est tout. Qu'est qu'il y a, pourquoi tu m'appelles ?

- On a parlé et on a décidé que c'est toi qui allais inviter Clara à la soirée. T'auras qu'à y aller ce soir quand tu attendras le bus.

- Quoi ? Mais pourquoi moi ? Déjà je vous ait prévenus qu'elle accepterai jamais !

- Eh bien, à toi de faire en sorte que si, lança Louise.

- Pour rester poli, vous m'explosez carrément les couilles.

- Pour rester poli, hein ! Renifla James.

Je pris mon plateau puis sortis du self, énervé. J'ai l'impression qu'ils veulent faire pleins de choses, mais que je dois toujours tout faire, tout mettre en place.

Tomber le Masque [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant