Chapitre 7

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Après un séjour en France, Kuval Darpan avait décidé de construire une maison à la française pour sa femme: un cadeau pour fêter leur première anniversaire de mariage. Voilà -en bref-, comment cette maison est sorti du sol.
Bon évidemment, Malati n'a pas hésité à me rappeler combien c'était romantique, comme cadeau. Moi, j'essaie plutôt de m'imaginer, comment le sévère Kuval Darpan pouvait faire preuve d'une telle attention envers sa femme.
Il est vrai que l'amour peut naître des mariages arrangés, mais pour ma part, je sais déjà ce qu'il en sera.
Alors hors de question de me remplir la tête de : " ...et ils vécurent heureux, et eurent beaucoup  d'enfants..."

- Mère avait rusé : elle avait menacé de ne plus remettre les pieds en Inde si père de ne lui offrait pas cette maison, dit Arjun tandis que nous allons rejoindre sa mère et son frère.

- Tu as toujours le don de casser l'ambiance, réplique sa sœur.

Il hausse les épaules, l'ombre d'un sourire sur les lèvres.

- Je ne fais que relater les faits.

- Ne l'écoute pas, me dit Malati en accélérant.

Je trottine  derrière elle, aussi vite que mes chaussures  me le permettent.
Nous traversons des couloirs décorés avec goût, où des tableaux hétéroclites ornent les murs. On se croirait dans un hôtel particulier parisien!

De temps à autre, nous croisons des domestiques silencieux, qui nous saluent en s'inclinant discrètement. Cela me met mal à l'aise, parce que chez moi, les domestiques au moins nous saluent avec des mots. Et je les connais tous par leurs noms.
Je me demande comment ceux qui travaillent ici réagiront, lorsque je commencerai à m'arrêter devant eux, pour leur dire bonjour et demander des nouvelles de leurs familles.
Ça sera un sacré changement!

Je sais qu'il ne faut pas denigrer les personnes qui travaillent ainsi au service des autres: elles peuvent se révéler d'une aide parfois inattendue. Je me souviens encore d'Adhita, l'une de nos employées.

Elle me faisait parvenir les messages d'Abhay, lorsque je suis revenue en Inde, pendant les vacances de ma cinquième année. Elle s'était fait virée à cause d ça. Coupable, j'ai tout fait pour qu'elle trouve une bon posté,  ailleurs.
Je ne sais toujours pas comment ma mère a découvert le service qu'elle me rendait, et je ne la reverrai sans doute plus jamais...

- Tu m'écoutes ?

- Hum ? Excuse-moi! je m'exclame. Je regardais les tableaux. Ils sont vraiment magnifiques.

- J'ai peint certaines de ces toiles, me dit Malati avec fierté.

- Waouh ! C'est impressionnant.

Une fois de plus, je repense à  Abhay : il est peintre aussi. Malgré tout ce qu'il y a eu entre nous, j'ai toujours trouvé que ses œuvres d'une incroyable beauté. Même les plus sombres.
Je me souviens que lorsque j'en regardais certaines, j'avais les larmes aux yeux tant les émotions qu'elles déclenchaient en moi, étaient violentes.

Après notre rupture, je ne voulais plus rien garder de lui, alors j'ai brûlé toutes celles qu'il m'avait offertes. C'était sans doute un acte idiot: mais bon! Je voulais complètement l'oublier.

Si je ne m'arrête pas d'y penser, ces souvenirs vont couler totalement mon humeur. Je ne veux pas faire mauvais impression à ma future famille, en ayant l'air complètement ailleurs lorsqu'ils me parlent.

*

Madhur nous accueille en souriant. Elle nous serre tous les trois dans ses bras tour à tour. Ce geste me touche : elle sait comment me mettre à l'aise. Je ne me sens pas crispée, lorsqu'elle est là.

Ce que tu disOù les histoires vivent. Découvrez maintenant