~~~- Jay, dépose-moi cette console où je te jure qu'elle finira dans la marmite avec les oignons !
Après avoir menacé son fils, Somaya verse les oignons dans l'huile chaude, ce qui les fait grésiller sur le champ.
Je découpe le céleri, tandis que Jishnu, se charge de râper les carottes.J'aime ces après-midis passés avec ma tante et mes deux cousins. Tout se passe toujours dans une intimité réconfortante. Ici, il n'y a pas une armée de domestiques prête à répondre à la moindre des sollicitations de ma tante. Elle a décidé de vivre avec ses enfants de la plus simple des manières, afin de faire profiter à d'autres ce qu'eux ont en plus.
Excellente cuisinière -tout le contraire de moi-, elle organise parfois des grands dîners avec les habitants de son quartier qui l'apprécient énormément.
Lorsque je me promène avec elle en ville, j'ai l'impression qu'elle connaît tout le monde!
Elle accorde la même importance, à toutes les personnes à qui elle adresse la parole. Sans se soucier de leur apparence, ou de leur caste.Ma tante dirige plusieurs dispensaires dans les quartiers défavorisés de Mumbai et trouve encore le temps de faire des recherches cliniques, opérer et s'occuper de ses deux adolescents de 17 ans.
Elle est juste incroyable! Un véritable modèle pour moi. Lorsque je parle de Somaya, il n'est pas difficile de voir combien je suis en admiration devant elle. En bonne fanatique.Avec ma mère, qui avait pourtant arrêté de travailler après être tombée enceinte de mon grand-frère, je n'ai jamais passé autant de temps qu'avec ma tante.
Somaya croise mon regard et me sourit.
Je m'en veux encore de la façon dont je lui ai parlé la dernière fois. Mais elle semble ne pas m'en vouloir du tout.
J'avais six ans, lorsqu'elle était revenue d'Angleterre, son diplôme de chirurgienne en poche. Elle était la seule des enfants de mes grands-parents qui ne s'étaient toujours pas mariée. Mais comme elle était leur cadette, mes grand-parents ne la pressaient pas : ses grandes sœurs s'étaient déjà occupées de leur donner des petits-enfants.
Elle n'était pas revenue seule : Edward Campbell un jeune médecin l'accompagnait. Il était passionné d'Inde, mais surtout, il était fou amoureux de ma tante.
Il n'y avait qu'avoir avec quelle émerveillement il la regardait. Bon je l'avoue : j'étais un peu amoureuse de lui. Lorsqu'ils venaient à la maison tous les deux, je sautais sur ses genoux malgré l'interdiction de ma mère, impatiente de l'entendre me parler de l'Angleterre, de ce qu'il aimait chez ma tante préférée, ou encore leurs aventures pendant leur internat.
J'étais fascinée!Ils se sont mariés un an après s'être installés en Inde pour de bon.
J'aimais passer mes étés dans leur grande maison aux fenêtres immenses. Je me sentais comme une princesse et je ne voulais pas que ça s'arrête. Je suppliais ma mère de me laisser y aller le plus possible.Avec du recul, je pense que ma mère a été jalouse. Il était évident que je préférais passer mon temps avec sa sœur plutôt qu'avec elle, ma mère.
Edward me disait qu'ils voulaient autant d'enfants que possibles, comme ça, je pourrais jouer avec une ribambelle de petits cousins.
Malheureusement, ma tante n'a pas réussi à tomber enceinte, pendant des années.
Plus tard, Somaya m'avouera qu'elle n'arrêtait pas de faire des fausses couches." Te voir chez nous, entendre tes rires d'enfant partout dans la maison, et l'amour d'Edward pour toi, me donnaient l'illusion que tu étais notre enfant. Ma fille."
Lorsque j'ai fêté mes dix ans, Edward est tombé malade. Une tumeur maligne au cerveau lui a été diagnostiquée.
Les médecins ne lui donnaient pas plus d'un an à vivre. Ils s'étonnaient d'ailleurs que la maladie ne se soit pas déclarée plutôt, alors qu'il était déjà dans un stade si avancée.
C'est comme si d'un seul coup, le rêve se brisait. Personne ne voulait le voir nous quitter. Personne.
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Ce que tu dis
Romansa"Il y a les mots que tu dis, et il y a ceux que tes yeux me crient. Je deviens folle parce que je ne sais pas lesquels croire." Je m'appelle Priyanka Khan. C'est drôle, mais lorsque je compare ma vie à l'idée que je m'en étais faite, je me dis que...