Chapitre 30

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- Tu ne vas pas venir te réfugier ici, à chaque fois que les choses n'iraient pas bien!

- J'avais besoin de parler à quelqu'un, je dis d'une petite voix.

- Ton mari rentre quand?

- Tu veux me chasser? Il revient après demain normalement. Je lui ai parlé avant de venir ici: il a finalement conclu l'affaire.

- Et si je comprends bien, tu lui as parlé de ce qui s'est passé lundi à l'hôpital, c'est ça?

- Oui. J'ai même un peu évoqué Abhay.

Ma tante se redresse, franchement surprise.

- Tu as vraiment fait ça?

- Enfin, j'ai juste dit que c'était arrivé à un ami très...proche.

- Hum, dit Somaya à s'allongeant de nouveau sur sa chaise longue.

- Quoi , "hum"?

- Tu ne penses pas que tu as assez attendu pour lui parler d'Abhay?

- Tu plaisantes, j'espère!

- Pas du tout, dit ma tante en souriant avec bienveillance. C'est de ton mari!

- C'est là que tu trompes! Parce que justement c'est mon mari, il n'a pas besoin de savoir. Surtout pas quand je n'arrive pas à dormir et que je viens me réfugier chez toi...

- Ta belle-famille ne va pas s'inquiéter à ce propos?

- Non. Ne t'inquiètes pas pour ça.

- Revenons à nos moutons.

- Je pensais que tu allais te décider à changer de sujets, je me plains.

- Pas du tout. Quand comptes-tu lui parler de ton passé?

- Nous ne sommes pas encore à ce stade, Somaya. Et je pense pas que ça va servir à quelque chose, à part dégrader l'image qu'il a de moi.

- Oh, cette image serait donc plus importante qu'une partie de ta vie, qu'il a le droit de connaître? Comment tu réagirais si jamais il était mis au courant?

- Je ne sais pas. Et ça ne fait que trois ans! Nous avons encore le temps.

- Très bien. Je te laisses tranquille pour le moment. Mais saches tout de même, que tu ne vas pas fuir continuellement. Alors tu as des nouvelles de Bahula et sa fille?

- Non. Mais je devrais voir la petite demain. J'espère que sa mère sera là. Si tu avais vu l'homme en question...une véritable ordure!

- J'imagine, ma chérie. Malheureusement, ce n'est pas un cas isolé.

- Je le sais. Mais ça fait toujours aussi mal, de voir ça. Le nombre d'histoires du même genre me fait douter parfois du fait que l'on puisse réussir un jour à gagner contre la violence, je dis lentement.

- Il ne faut pas dire ça. Ce que toi, ou moi faisons, sert à quelque chose. Sert à quelqu'un. De manière différente, mais ça a un sens. Je me souviens encore lorsque tu es venue me voir, pour me demander de t'aider à convaincre tes parents, de te laisser aller étudier en Angleterre.

- Ah oui! Ma mère avait crié au scandale, je dis en riant. Sans toi, je n'aurai jamais mis les pieds là-bas.

C'est vrai que ça avait été dur de faire accepter à mes parents le fait que j'allais partir: je n'avais que seize ans!

- Lorsque tu étais venue me voir, je voyais déjà ta mère refuser. Et ce malgré mon soutien. Soutien que tu as acheté d'ailleurs.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, je dis en riant.

Ce que tu disOù les histoires vivent. Découvrez maintenant