Ce que tu dis

Chapitre 35

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J'ouvre brusquement la porte de son bureau. Elle sursaute à cause du boucan mais je n'en ai rien à faire.

- Arjun! En voilà des manières!

- Reste où tu es.

Je suis furieux.
Contre elle, mais aussi contre moi. Je la connais et je l'ai quand même laissé revenir. Vu le bordel qu'elle a provoqué, ça me sert de leçon encore une fois.
Je ne peux décidément pas lui faire confiance!

-Je ne comprends pas.

Oh non. Pas de ça avec moi: ce regard faussement innocent, cet air blessé...

- Arrêtes ça, je lui dis d'une voix coupante.

- Mais de quoi tu parles? Je te trouves injuste et tu es franchement désagréable! Tu débarques comme une furie dans mon bureau, manque de démonter la porte et me parle mal alors que je n'ai rien fait!

- Arrêtes tes conneries, Zoey! Nous gagnerons tous les deux du temps. Et le mien est précieux.

- Mais de quoi tu parles à la fin!

- Je parles de ce que tu es partie dire à ma femme. Priya. Étai-tu obligée d'ouvrir ta bouche sur cette affaire?

Au revoir l'air blessé.
Elle se lève lentement de son bureau, la tête haute et fière.
Elle assume complètement. Je pense que c'est l'une des choses qui m'a toujours plu chez elle: même si ses actes et ses motivations sont douteuses au regard de tous, elle les assume. C'est ce qui lui a permit de réussir. Mais c'est aussi ce qui causera sa perte: elle n'accepte jamais d'avoir tord.

- Elle avait le droit de savoir, dit-elle avec un haussement d'épaules.

- Oui, mais pas de toi. Je t'avais pourtant prévenu que je ne voulais pas de coup bas! Mais tu ne pouvais pas t'en empêcher?

- Ah parce que tu allais lui dire? Non mais arrêtes un peu de me prendre pour une idiote!

Elle s'avance vers moi, ses gestes sont parfaitement calculés, empreints d'une grâce que j'aurai pu apprécier, il y a un temps.
Mais le plus ridicule dans tout ça, ce qu'elle pense que ça me fait encore de l'effet.

- Tu lui aurai vraiment tout dit? D'ailleurs tu devrais me remercier de lui avoir épargné les détailles à ta petite princesse. Je ne lui ai pas dit, que tu me reprenais à chaque fois que je revenais. Tu ne nieras pas toujours ce qu'il y a entre nous...

Quand elle passe ses bras autour de ma taille, j'entre mes mains dans mes poches, je ne veux pas la toucher.
Elle est descendue bien bas.
Jamais avant, elle n'aurai pu s'abaisser à jouer ainsi les aguicheuses. Qu'est-ce qui lui est arrivé?
Lorsque je regarde dans ses yeux, derrière cette assurance totalement feinte, je vois...du désespoir?

- Bon sang, Zoey! Qu'est ce qui t'es arrivée?

- Il se trouve que je me suis rendue compte après toutes ses années que je t'aime. Et que nous sommes faits pour être ensemble! Tu ne le vois donc pas?

- Tu es complètement à côté de la plaque. Arrêtes moi ton cinéma. Ne m'énerve pas plus que je ne lui suis déjà. J'en ai marre de tes conneries. Prends tes affaires et barre toi. Tu es virée.

Elle s'éloigne de moi comme si je l'avais giflé. Néanmoins, je m'en contrefiche. Je me prépare déjà à sa riposte.
Elle passe sa main dans ses cheveux et regarde partout sauf à ma direction.

- Je ne comprends pas... si tu me repousses après tout ça, ça veut dire que tu...l'aimes?

Ses yeux se remplissent de larmes. Ça non plus, ça ne marche plus.
J'ai eu ma dose.