_Chut, chut ! Fis-je quand Faï arriva à côté de moi.
_Je sais, je sais. Elle s'abrita derrière mon buisson, guettant discrètement aux alentours.
_On devrait bouger, on va se faire trouver trop facilement là. Murmurai-je.
_Où ça ?
Je jetai un coup d'œil alentour. Là.
_Si on passe derrière la clôture, on peut se cacher derrière ces murs.
_Hum... D'accord.
Je courrai aussi vite que je pouvais, surveillant mes côtés.
_Faï vu ! Je me collai contre le mur, le souffle court. Pourvu que mon amie ne me balance pas.
_Zut !
_Il y avait quelqu'un avec toi ?
_Non, j'ai vu personne depuis le début de la partie. D'ailleurs ça commençait à m'inquiéter !
Ouah quel aplomb. Le cache-cache était le seul moyen de savoir si on pouvait faire confiance à quelqu'un dans la vie. Sans rire.
Je me décollai lentement du mur. En escaladant la paroi en pierre, je trouvai comme une petite grotte en hauteur. Pas quelque chose de très grand, mais on pouvait au moins rentrer à trois en se serrant. Parfait. Personne ne me trouverait ici. Je m'asseyais sur le sol en pierre et étendait une serviette de plage que j'avais acheté un peu plus tôt pour me sécher sur le sol. Nous avions décidé de garder nos masques pour reconnaître qui jouait au cache-cache ou non.
Soudain j'entendis comme un grattement. Je jetai un coup d'œil vers le bas de la paroi et aperçu quelqu'un.
_Kane ?
Il sursauta.
_Étrangère ?
_C'est pas mon nom ça !
_Je ne veux pas savoir ton nom. Je veux que tu reste mystérieuse. Répondit-il sa voix baissant d'un ton.
_Appelle-moi Kara alors.
_Mais...
_Ce n'est pas mon prénom. C'est toujours mieux que l'étrangère.
Kane éclata de rire avant de se reprendre, une main sur la bouche pour étouffer les sons.
_Je peux monter ?
_Fait comme tu veux.
Aussitôt il attrapa une prise et se hissa jusqu'à ma grotte. Je dû me pousser pour le laisser entrer. Comme l'espace était réduit, nos corps se touchaient occasionnellement. Je remarquai qu'il avait toujours la bouteille d'alcool sur lui alors je lui arrachai des mains avec un sourire. Il m'observa impassible. J'ignorai son regard et prenai une gorgée. Ouah, ça arrachait !
_Ça pique hein ? Ricana-t'il.
Il prit la bouteille de mes mains et porta le goulot à sa bouche. Cul-sec.
_À quoi ça sert de trouver des excuses devant les autres si c'est pour boire ensuite ? Interrogeai-je, un sourcil levé.
_Je sais pas. Répondit-il simplement, l'air sincère.
Pour la deuxième fois j'entendis des bruis de pas non loin. Je me reculais précipitamment au fond de la grotte en même temps que Kane. Nous sentions légèrement l'alcool. Son torse était plaqué contre mon épaule. Tout mon corps était tendu. Je sentais la respiration de Kane contre mon épaule. Les pas repartirent. Le garçon arrêta de respirer dans mon dos d'un seul coup.
Je levai la tête vers lui et me retrouvai à quelques centimètres de lui. Son souffle venait écarter les mèches de cheveux de mon visage. Ses lèvres étaient rouges, résultat de l'alcool sans doute. Sous son masque je pouvais voir ses yeux bleus aux pupilles dilatées. Nous étions tout deux figés. Lentement il approcha sa tête de la mienne.
J'étais complètement paralysé. Mes mains tremblaient.
Les lèvres de Kane se posèrent sur les miennes, doucement. Il ferma les yeux et ses main se posèrent contre mes hanches. Je continuai de l'observer pendant notre baiser. Vraiment j'avais l'impression de déjà le connaître.
Kane s'écarta et me fixa dans les yeux à travers son masque. Puis merde. Je l'embrassai en mettant ma main derrière sa nuque pour approfondir le baiser. Il me plaqua contre la paroi et sa main caressa ma cuisse. Rapidement je m'accrochai à lui, mes jambes entourant sa taille. Il réaffirma sa prise, toujours en m'embrassant. Ses lèvres étaient douces.
Il s'agenouilla avant de basculer en avant, mon dos contre le sol et lui toujours au-dessus de moi. Je clignai des yeux. Merde là j'avais une impression de déjà vu quand même.
D'un coup, il commença à embrasser mon cou, mordillant ma peau au passage. Ses mains jouaient avec le bas de mon t-shirt, caressant mon corps en même temps. Mes jambes l'entouraient toujours, serrant pour nous rapprocher l'un de l'autre.
Nos masques étaient toujours en places. Je passai ma main dans ses cheveux, dans sa nuque, le long de sa mâchoire jusqu'à son oreille. Il arrêta de m'embrasser et me regarda longtemps, comme envoûté. Je me redressai pour rapprocher nos visages et plaquai mes lèvres contre les siennes. Il gémit contre ma bouche. Ses mains remontèrent le long de ma colonne vertébrale, provoquant des frissons. L'adrénaline m'envahit. Le faisant basculer sur le côté, je me retrouvai au-dessus de lui. Encore une fois nos regards se rencontrèrent et nous nous figeâmes. Je sentais son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, comme le mien.
_Y'a quelqu'un ?
Soudain une tête apparu dans mon champ de vision. Je m'écartai de Kane en sursaut alors que lui-même roulait sur le côté pour se redresser.
_Trouvé... Soupira Matthieu. Vraiment tu peux pas t'en empêcher ! Bon, je vous laisse. Ceux que j'ai trouvé sont devant la fontaine. Le brun sauta et j'entendis ses pas s'écarter, nous laissant seuls.
_Je... Murmurai-je. J'y vais...
Je descendais précipitamment de mon perchoir pour rejoindre les autres.
Mon dieu que s'était-il passé. Je ne lui avais parlé que deux ou trois fois, je n'avais même pas vu son visage et on s'était embrassé. Moi qui avait des principes. J'éclatai de rire. Voilà comment tourner une page. Rencontrer des gens, aller en soirée, se mettre une mine. Quelle idée.
Personne ne me rattrapa. Je prenai quelques vêtements de mon sac resté près de la fontaine et me dirigeai vers les toilettes publiques. Là-bas je me changeai, enfilai des vêtements secs. En revenant, pas de trace de Kane. Je jetai mon masque dans une poubelle. Que faire maintenant ? Faï était introuvable. L'air jusqu'ici chaud commençait vraiment à se refroidir en l'absence complète du soleil. J'enfilai ma veste.
Là, à côté de la fontaine. Je m'approchai de l'énergumène sensée me servir d'amie et d'hôte.
_Faï il faudrait songer à partir.
_Bien sûr ! Je récupère mon sac et j'arrive.
En nous dirigeant vers la maison de Faï nous croisâmes Monsieur Brentley, en chemise. Un peu ouverte en haut, accompagnée d'un jean noir. Il avait les cheveux humides et semblait perdu dans ses pensées. Pourtant en nous voyant il nous salua.
_Tiens, même les profs ont une vie ? Lançais-je ironique.
_Parfois même plus que les élèves. Répondit-il, un sourire moqueur aux lèvres. Pff. Arrogant.
Je me rappelai de ma chute de l'après-midi et mes joues me piquèrent, indiquant que je rougissais à vu d'œil.
_Bonne soirée.
_À la prochaine !