Il s'approcha du trio à grandes enjambées. La suppliciée croisait les mains sur sa poitrine. De la poussière s'était collée sur ses joues. Les larmes ne suffisent pas à vous laver de tout. Elle croisa le regard de Vlad. Ses yeux s'attardèrent sur sa cicatrice, descendirent le long d'une veste de cuir rouge, de pantalons rouges, de bottes rouges. Un démon parmi les hommes. Elle se détourna.
Les deux Loups, les bras ballants, n'avaient pas bougé.
Il s'inclina et tendit la main. Le Loup esquissa un geste, tentant d'empêcher Vlad de prendre son butin. L'oiseau s'éloignait. Un merle sans doute. Son sabre fendit l'air, tranchant le bras qui se tendait vers lui. Un second coup lui sectionna la trachée. L'homme porta la main à sa gorge. De longs filets de sang s'échappaient de ses doigts. Il tituba. Le merle était parti.
Vlad rengaina, plongé dans ses pensées. Pourquoi avoir arrêté ce viol qui ne le concernait pas. Pourquoi tuer un de ses hommes pour une telle broutille. Son acte risquait d'affaiblir son autorité. En temps que chef il se devait d'être cruel, le plus redouté de tous. Mais il devait également être juste. Était-il arrivé au fond de l'abime. Il s'étanchait dans le sang de ses victimes depuis si longtemps. Non. Il le sentait toujours au fond de lui, le lourd destrier de sa douleur, leur folle chevauchée n'était pas finie.
Il dégaina son sabre. Le sang coulait le long de la lame. Il allait devoir nettoyer son fourreau. Une goutte tomba sur le sol. L'homme à la gorge tranchée aussi. Et comme Vlad ne trouvait pas de réponse à son geste, il décapita le second Loup d'un seul geste. Il envoya sa tête rouler au loin, d'un coup de pied rageur. Il ne voulait pas voir son visage. Cette deuxième mort ne lui apportait pas de réponses.
Un vieux Loup approchait, intrigué par la scène. Il cilla en apercevant les deux cadavres aux pieds de Vlad..
- Mais qu'as-tu fait, hurla-t-il.
Le sabre s'enfonça dans son estomac et remonta vers les poumons. Vlad cherchait des réponses. Sa lame semait la mort, lui apportant le seul réconfort qu'elle puisse prodiguer. Son amante, son amie tant aimée. Ses barbillons fouillaient la chair, aspirant le suc de la vie. Elle adorait Vlad. Elle était Vlad.
Un rugissement. Le vieux guerrier avait un fils. Il l'avait élevé de pillage en pillage. Lui avait appris tous ses vieux trucs. Comment éviter la mort, comment la retarder.
Le fils chargea. Il vociférait en courant, mais Vlad ne l'entendait plus.
Vlad tomba à genoux aux côtés de la jeune fille.
Il tendit la main et frotta une mèche de cheveux entre ses doigts.
Le fils chargeait.
Il planta son regard dans celui de la donzelle.
- Tu lui ressembles tant, murmura-t-il.
- Pitié ! Ne me faites pas de mal. Sa main fraiche se referma sur celle plus rugueuse du guerrier
- Comment le pourrai-je ma petite. Tu lui ressembles trop.
Le fils leva son épée. Il hurla, prêt à l'abattre sur la tête du chef. Il suspendit sa course et porta les mains à son ventre. Un bout de métal en dépassait. Il tourna la tête, étonné. Le second retira son arme. Le fils s'écroula. Il n'était pas mort. Il rampa vers Vlad.Son bras se tendit. Sa main accrocha la ceinture de Vlad.. Le second lui trancha le bras.
- À qui est-ce que je ressemble ? s'enquit-elle.
Le fils porta un regard indifférent au moignon qui remplaçait son bras. Il tendit son bras valide et serra la main du cadavre de son père.
- Tu ressembles à Claire. Mon aimée, ma femme.
Une larme coula le long de la joue de Vlad. Elle tomba sur le sol et mourut, absorbée par la poussière. Le fils aussi.

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La Mort Double
FantasíaLa Mort Double a frappé. Les morts se relèvent et se nourrissent des vivants. Des décennies après l'apocalypse, des légendes fleurissent. On parle d'un homme mi humain, mi zombie, capable des prouesses les plus folles. Certains disent qu'il peut tue...