Vlad se retourne. La voiture est entourée d'une douzaine de charognes. L'une d'elles a déjà passé son torse à travers la fenêtre sans vitre. Claire hurle à nouveau. Il se précipite dans la mêlée. D'autres s'approchent. Une nouvelle meute, aussi nombreuse que la précédente. Quelque chose le dérange dans leur allure. Ils semblent presque humains. Il plante sa lame dans l'oeil du premier qu'il croise, le métal crisse sur la boite crânienne. Une humeur verdâtre suinte lorsqu'il l'extrait de la chair putréfiée. Sa deuxième dague a tracé un large sillon dans un ventre qui s'approchait un peu trop. Des intestins s'échappent et se répandent sur le sol. La charogne ne veut pas tomber. Il la repousse d'une bourrade. Vlad se retrouve nez à nez avec un autre mort. Ils se font face. Ses yeux le fixent avidement, une étincelle de vie, une peau un peu trop rose, Vlad comprend que ce mort est tout frais. Pas plus d'une quinzaine de jours. Il ouvre la bouche. Les lames jumelles s'y enfoncent, un mouvement de cisaille et le mort retourne au néant, un étrange sourire s'étend jusqu'à ses oreilles. Vlad pivote, brandit les jumelles et vise le suivant.
Une intense douleur lui brule le visage. Il lâche une lame, porte la main à sa joue et l'en retire rouge de sang. Vlad sent son énergie le quitter. Il tourne la tête. Son agresseur lui sourit. Un vrai sourire, avec des yeux qui pétillent, une bouche qui se tord sur un rictus moqueur, des mains fermes sur la garde d'une épée. Sa vue se brouille. Il entend Claire qui crie encore. Longtemps.
- Tout doux mes bons amis. Une voix un peu rauque.
Les charognes s'immobilisent. Vlad pose un genou à terre. Il fouille un instant dans son dos, resserre sa prise sur un couteau de lancer. Tout est flou autour de lui. Son bras se détend à la vitesse de l'éclair et projette l'arme en direction de la voix. Un pied lui percute le torse. Il bascule en arrière. Il a entendu le bruit du métal qui fend la chair. Un grognement réprimé. La terre est fraîche sous sa joue. Vlad sent le calme l'envahir. Il ferme les yeux.
- Il est rapide, l'animal. Il a bien failli te tuer.
- Dépéche-toi de m'enlever ça de l'épaule au lieu de discuter.
- Je vais m'en occuper, mais je voulais juste te dire avant. Une pause il cherche ses mots. Tu es le chef, je suis les muscles. Ça me va très bien, mais évite de trop t'exposer. Le suivant pourrait être moins maladroit que celui-là.
- Oui je suis le chef. Sa voix claque dans le silence. Les charognes immobiles ne font plus un bruit. Bon je vais m'occuper de la fille. Une fois transformée elle bouffera son fiancé, ça fera un charmant tableau de famille.
Il se tourne vers l'homme. Il se concentre. Les charognes se réveillent et se regroupent autour de lui.
- Et pourquoi je suis le chef, demande-t-il en susurrant.
L'autre baisse la tête, il le dépasse largement. Il sait qu'il pourrait le tuer d'un seul coup de poing.
- Parce que tu es le seul sur cette fichue terre à te faire obéir des morts. Il réprime un frisson de fureur. Chef ! Le dernier mot sonne comme une injure.
Le petit homme acquiesce. Il porte une paire de lunettes et un chapeau gris. Un long manteau en cuir. Du sang coule de sa blessure à l'épaule. Il sort un mouchoir de sa poche et l'éponge de son bras valide.
- Enlève-moi ce couteau avant qu'il ne ruine complètement ma veste.
Le colosse soupèse l'arme de jet.
- Bel outil, murmure-t-il.
Le petit homme aux lunettes rondes sourit.
- Tu devrais lui rendre.

VOUS LISEZ
La Mort Double
FantasiLa Mort Double a frappé. Les morts se relèvent et se nourrissent des vivants. Des décennies après l'apocalypse, des légendes fleurissent. On parle d'un homme mi humain, mi zombie, capable des prouesses les plus folles. Certains disent qu'il peut tue...