Il sourit. « Laisse mon ami, cet homme a gagné le droit de me manquer de respect. Il parcourut la place du regard. Beaucoup de morts à pleurer et bien trop de souffrance. Je mérite chaque goutte de ce crachat comme cet homme mérite chaque seconde de la souffrance qu'il va endurer. »
« Vous m'aviez promis qu'il n'y aurait pas de morts, grogna le chef.
« Si tu crois encore en la parole d'un pillard c'est que la vie ne t'a pas appris grand-chose. Il fit une pause, se leva et tourna lentement sur lui même, détaillant le massacre qui les entourait. Le loup qui trainait la jeune fille par les cheveux discutait âprement avec l'un de ses congénères. Le sort de la fille était scellé. Elle finirait offerte à tous, mutilée peu à peu, sa jeunesse souillée encore et encore, les dents brisées pour qu'elle ne puisse plus mordre, attendant la mort, la suppliant de la prendre. Mais la mort est capricieuse et se repait de désespoir. Il se secoua intérieurement et se pencha vers le chef du village « Je te laisse toutefois la chance de sauver dix des tiens, une lueur s'alluma dans son regard. D'un geste du bras, il balaya le village. Comme tu vois, nous ne sommes pas très nombreux et j'ai besoin de quelques volontaires pour grossir nos rangs.
« Jamais, cracha le chef. Mais hommes préféreront mourir plutôt que te servir »
« Je m'en doute, mon moribond ami. Malheureusement, les nouvelles recrues sont souvent, il hésita. Peu enthousiasmées à l'idée d'embrasser une vie d'aventures et de richesses. Vlad soupira faussement. Et pourtant je prends bien soin de mes hommes. Je les aime et les protège. J'oserai même ajouter en toute franchise, oubliant ma modestie, qu'ils m'aiment en retour. Comment puis-je te convaincre ?
Il fit semblant de réfléchir et laissa le silence s'installer. Les cris s'estompaient. Ses hommes commençaient à rassembler les villageois autour de la fontaine. Troupeau dépenaillé au regard éperdu, la foule attendait son sort, résignée.
Il se passa la main sur une joue mal rasée, bardée d'une cicatrice.
- Et si chaque volontaire sauvait, par exemple, deux membres de sa famille ?
- Toute sa famille ! Il le défiait du regard.
Vlad sourit. Et ce sourire, déformé par la cicatrice qui courait de la commissure des lèvres à sa tempe droite, terrifia le condamné.
- Soit. Le marché me semble quelque peu exagéré, mais qui suis-je pour marchander la vie de mes semblables. Il savait qu'en acceptant, il sauvait la majorité de la population. Mais sa soif de sang l'avait quitté, lui laissant un goût amer dans la bouche, comme l'homme qui se réveille après une soirée de beuverie.
Le chef en était arrivé à la même conclusion et cracha par terre un long filet de bave, teinté de rouge.
- Marché conclu.
Vlad se pencha et fit face au chef. Dans sa face couleur chocolat, ses yeux marron ne cillaient pas, sa bouche tordue en un ricanement halluciné ne frémissait plus. Même sa respiration se suspendit.
Le chef, hypnotisé par son regard, se figea.
De longues secondes passèrent, les deux pillards, s'étant entendus, déshabillaient la donzelle.
Un oiseau survola le carnage. Un coup de feu. Un cri.
- Amène-moi ces recrues, mon second va t'accompagner.
Vlad se leva, ne se préoccupant plus du chef du village, il lui tourna le dos et observa la scène de viol.
- Arrétez ! Les deux hommes se figèrent craintivement.
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La Mort Double
FantasyLa Mort Double a frappé. Les morts se relèvent et se nourrissent des vivants. Des décennies après l'apocalypse, des légendes fleurissent. On parle d'un homme mi humain, mi zombie, capable des prouesses les plus folles. Certains disent qu'il peut tue...