Vlad

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  Vlad dominait la scène et s'en délectait. Ses loups se répandaient dans le campement en hurlant. Une meute féroce de pillards en guenille. Le ramassis des pires fils de putes que la terre ait pu engendrer. Leurs âmes, plus noires que la sienne, l'effrayaient parfois. Lui tuait par nécessité, pour survivre, pour le pouvoir et trop souvent pour tenter de noyer sous des flots de sang un sentiment d'abandon qui ne le quittait plus. Il avait perdu tout ce qu'il aimait, emporté par la Mort Double. Il avait hurlé à la face du monde, pleuré pendant des mois sur les ruines de son foyer et s'était relevé, mort parmi les vivants, paria sans conscience chevauchant le lourd destrier de sa douleur. Abhorrant la Mort Double, détestant les vivants, Vlad se traçait une destinée qui ne pouvait qu'exister et se consumer dans le sang tandis que ses loups se repaissaient de leurs crimes, tuant ni pour survivre ni pour exister, juste pour le plaisir.

  Deux de ses loups fracassaient une porte à coups de hache. Un autre trainait une jeune fille par les cheveux tentant de l'éloigner de la vue de ses congénères. Un bruit sourd à sa droite. Une plainte. Il se retourna et transperça l'agonisant de son épée. La charité passe par la mort. Sur le toit, l'homme qui avait poussé sa victime le salua. Il souriait. Ce n'étaient pas des loups, mais des charognards, se disputant les restes de l'humanité. Vlad lui rendit son salut. Le loup fier d'être remarqué par son chef retourna à son massacre.

  Un mois de travail avait suffi. Trente-cinq jours de siège et aucune perte. Alors que les autres bandes s'évertuaient à assaillir les villages, méthode certes rapide, mais couteuse en homme, lui se contentait de les isoler. Couper les accès, tuer les sentinelles, empêcher les chasseurs et les cueilleurs de sortir, envoyer un émissaire promettant la vie sauve à tous en cas de reddition étaient les armes les plus sûres. Cela lui permettait d'emporter des places que sa troupe n'aurai pas pu envahir sur une attaque frontale.

  Vlad avança jusqu'à la fontaine du village. Une charogne décapitée flottait dans l'eau irrémédiablement souillée. Il n'était pas certain que la Mort Double puisse se contracter par l'eau. Il repoussa négligemment la charogne de sa botte et s'assit sur la margelle.

  « Amène-le-moi ».

  Son second qui ne le quittait pas d'une semelle se tourna vers deux Loups qui encadraient un homme d'une quarantaine d'années à la forte carrure. Ils le propulsèrent d'une poussée jusqu'à la fontaine où il s'écroula aux pieds du bandit. Vlad le toisa. Le chef du village était résigné, terrorisé, et pourtant, plantant son regard dans celui de son ennemi il lui cracha sur la botte. Avant que la salive ne l'atteigne, son garde du corps avait déjà dégainé, levé haut son épée, le métal attrapant l'éclat du soleil. Il l'abattait sur le cou du chef lorsque Vlad leva un doigt, figeant la lame dans sa course.


La Mort DoubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant