Chapitre 2 : La fuite.

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Quelques dizaines de minutes plus tard, tout était prêt pour partir.

Et Ethan, mon fils, tenait fermement la main de sa mère et ne la lâchait plus. Ses yeux bleus étaient encore embués de sommeil. Et du haut de ses deux ans, il paraissait être autant angoissé par la situation que nous.

Nous n'avions emmené que le strict minimum, soit des vêtements, de quoi manger et de quoi boire. Rien d'autre.

Il était sept heures trente du matin.

Sans regarder derrière nous, nous abandonnions notre magnifique villa et nous traversions l'enfer des combats.

Je connaissais les rues et les impasses par cœur, ce qui facilita notre fuite.

Malgré tout, il fallait quand même éviter les patrouilles de Combattants qui arpentaient les boulevards et certaines ruelles, tuant tout être organique sur leur passage : rats, chiens, chats, humains. Femmes, enfants et vieillards.

J'ignorais s'ils ressentaient la moindre pitié ou le moindre remord. Il semblait bien que non.

Après avoir fait de nombreux détours, nous arrivâmes à la Gare Spatiale. Il y avait beaucoup plus de monde que je ne l'aurais imaginé. Quelques militaires en uniformes criaient des ordres à droite et à gauche. Je remarquais qu'il y avait beaucoup de gens issus de la périphérie de la ville. Des pauvres et des rescapés, venus d'autres villes qui avaient été attaquées en premier, comme New York, toute proche.

Je savais qu'ils n'avaient aucune chance. Enfin qu'ils n'avaient pas notre chance à nous, les riches, les élites de la société.

Et c'était tant mieux.

Nous étions parmi les rares à avoir les moyens de réserver notre place à bord de la Navette, d'acheter notre billet pour un aller simple sur la Lune et de reconstruire notre vie là-haut.

Moins on serait, et mieux ce serait.

C'était cruel, injuste, voire inhumain. Mais malheureusement nécessaire à la conservation de notre espèce.

Je pris la main d'Ethan et de Sarah et nous nous faufilâmes dans la foule de ces misérables qui gueulaient et poussaient comme des enragés.

Parmi eux, certains étaient étendus par terre, inconscients ou morts. Ils avaient été piétinés par leurs congénères.

Pires que des bêtes. Ils n'ont aucune discipline. Ils ne méritent pas de vivre, pensai-je avec une certaine amertume.

Arrivé à la hauteur d'un soldat, je lui tendis ma carte personnelle de Ministre du Budget et mon badge de Grand Conseiller.

Il m'autorisa à entrer dans la Gare Spatiale avec ma famille. Quelques cris de protestation fusèrent derrière nous. Les moins aisés hurlaient leur désapprobation. Mais qu'importe.

Sarah, elle, pleurait en silence, honteuse. Ethan me regardait avec de grands yeux, ronds d'incompréhension.

-"Ce n'est rien mon fils, ces gens-là ont perdu la tête, ils ne savent plus raisonner logiquement. Rappelles-toi de toujours raisonner logiquement. Ne te laisse jamais gagner par tes émotions. Le secret de la survie et de la réussite c'est la logique et le sang-froid. Ne l'oublie jamais. " Lui conseillai-je en lui tapotant l'épaule.

Il hocha la tête énergiquement pour montrer qu'il m'avait compris.

Nous étions dans la file d'attente. Les officiers vérifiaient nos identités et nous laissaient ensuite accéder à notre ultime issue de secours : la Navette.

Je regardais autour de moi, curieux : seuls des hauts fonctionnaires connus, des héritiers chanceux, des magistrats hauts placés, des ministres riches, des hommes politiques importants, de grandes célébrités, et des hommes d'affaires milliardaires montaient dans le vaisseau gigantesque.



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