Retrouvailles impromptues

3.

L'homme le plus réfléchi se dirige dans un petit bureau à droite. S'il nous laisse avec les deux autres, cela risque de très rapidement tourner au vinaigre. 

- Mais qu'est-ce qu'il fait? s'agace le plus petit.

- Comment veux-tu que je le sache?

L'homme revient. Sans sa cagoule. Que cherche-t-il à faire? S'il veut se faire repérer par la police, il ne s'y prendrait pas autrement. Il fait signe à ses complices de faire la même chose mais ces derniers s'offusquent, le traitant d'idiot fini.

- Au lieu de me chamailler pour des broutilles, je réfléchis. Et, si vous leviez la tête, vous remarqueriez que les caméras de surveillance sont maintenant hors service. Je ne vois pas comment la police pourrait nous identifier.

Ses 'amis' le fixent, puis finissent par se résoudre à retirer leurs cagoules. Le plus petit se trouve être chauve. Le grand intelligent est brun et l'autre est blond. Ils ont des traits durs, tirés par l'inquiétude.

- Dan, on fait quoi maintenant?

Bien, donc, le grand brun se prénomme Dan.

- Si vous n'aviez pas eu cette idée absolument stupide de braquer cette banque, nous n'en serions pas là. Alors, sachez que si je vais tenter de faire bouger les choses, c'est pour moi, pas pour vous.

Son ton est sec et dur. Cependant, je ne comprends pas. S'il savait que c'était une idée stupide dès le début, pourquoi être venu?

- Alia, murmure une voix.

Je pivote la tête pour voir que c'est Bastian qui m'a parlé. Je le fusille du regard malgré moi. Je suppose que c'est une manière comme une autre de cacher ma douleur.

FLASHBACK

- Alia, dépêche-toi, ils vont nous attendre, s'impatiente Bastian.

- Oui, voilà.

Je m'attache rapidement les cheveux en un chignon puis le rejoins. Nous marchons ensemble jusqu'au camp, où nous attendent effectivement les jeunes.

- Vous faisiez quoi encore les tourtereaux? se moque Damien, un des jeunes.

Je rougis furieusement ce qui a pour effet de provoquer les moqueries de ces adolescents. Avant que je n'ai le temps de répliquer, Bastian s'en charge.

- Bon, ça suffit. Nous ne sommes pas ensemble et même si nous l'étions, ça ne vous regarde en rien.

- Ça ne saurait tarder, sourit Leah.

Légèrement agacée, je ne réponds rien et vais m'asseoir à ma place. Bastian prend toujours ma défense. Même lorsque ce n'est pas nécessaire. 

Je serre les poings, furieuse contre moi-même de ne pas parvenir à répondre à ce genre de phrase. Je laisse Bastian expliquer le programme du jour aux jeunes. Par la suite, ils se lèvent tous pour s'avancer vers la plage du lac. Je me lève et les suis mais Bastian m'attrape par le bras, me ralentissant volontairement.

- Que veux-tu Bastian? je demande en tentant de me défaire de sa prise.

Seulement, il est trop fort et reste accroché à moi.

- Arrête de faire ça.

- De faire quoi?

Agacée, je continue d'avancer. La légère brise fait virevolter les quelques mèches rebelles de ma queue de cheval. Je les écarte d'un geste rapide, le regard perdu vers l'horizon.

- Arrête de ruminer seule dans ton coin et ose répondre à ceux qui t'importunent. 

Il passe un doigt sur ma joue et, je m'arrête instantanément de marcher, comme hypnotisée par son regard vert. Sa voix s'adoucit considérablement lorsqu'il ajoute :