25.

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Ce n'est que maintenant que je me rends compte que la pièce n'est pas vide, comme je l'avais supposé. Une femme m'observe étrangement. Un homme plus âgé que moi sans pour autant atteindre l'âge de la femme croise les bras et une jeune femme se lève pour me faire face. Ses longs cheveux noirs encadrent son visage fin et mat. Bastian, quant à lui, me regarde sans comprendre. Il se racle la gorge avant de faire les présentations.

- Hum, Alia, je te présente ma mère Giulia, ma soeur, Francesca et mon frère, Alessandro. Et vous, je vous présente Alia.

Son frère lui répond en italien, langue que je ne comprends pas. Et moi, je reste comme une idiote dans cette pièce avec sa mère et sa sœur qui m'observent d'un œil pas forcément bienveillant. 

- Mamma, est-ce que tu veux bien sortir et revenir plus tard? lui demande Bastian.

- Non. Non, c'est moi qui vais partir.

- Il en est hors de question.

Il échange quelques mots avec sa mère puis toute sa famille quitte la pièce, me laissant le sentiment désagréable d'être de trop.

- Je t'assure que je pouvais revenir plus tard, dis-je, gênée.

- Et moi je t'assure que je veux que tu restes. Lorsque tu es entrée, tu avais l'air d'avoir quelque chose de bien précis à me dire, je t'écoute.

- Très bien, je cède.

- Assieds-toi, me propose-t-il.

Le siège que j'avais avancé est toujours au même endroit. Je fais donc ce qu'il me dit, bien décidée à ne pas tourner autour du pot plus longtemps. Je croise mes mains et commence à parler. Il s'agit là de la discussion que j'attends depuis cinq ans, autant dire que j'appréhende. 

- J'aurais trois questions pour toi.

- Je t'écoute.

- Pour quelle raison n'es-tu pas venu à ma rencontre dès le début?

- Parce que j'avais peur. J'étais complètement perdu. J'avais perdu mon père et toi en même temps. J'avais du mal à trouver qui j'étais. Lorsque je t'ai vue, tu souriais, tu semblais...bien. Et je savais qu'en venant te voir, j'allais briser tout cela. Alors, j'ai fait demi-tour et j'ai décidé de te laisser vivre. C'était une erreur et je l'ai amèrement regretté par la suite.

- Si Rita ne t'avait pas raconté tout cela, aurais-tu fini par venir quand même?

Il reporte son regard sur le plafond. Un long moment.

- Je suppose que oui. Pour m'expliquer. Si tu m'avais dit que tu ne voulais plus me voir, je serais parti définitivement mais au moins, j'aurais eu l'occasion de tout te dire.

- Pourquoi moi? Je veux dire, tu aurais pu décider de m'oublier et de passer à autre chose.

Ses traits se durcissent et son regard me transperce durement.

- Parce que je t'aimais Alia. Après le décès de mon père, je t'ai cherchée parce que je voulais te récupérer. Je n'avais que 20 ans lorsque nous étions ensemble, c'est vrai. Oui, j'aurais pu décider de passer outre notre courte relation et vivre avec quelqu'un d'autre. J'ai essayé de le faire, plusieurs fois. Mais, je n'y suis pas parvenu. Tu étais dans mon esprit, sans cesse. Alors, j'ai fini par comprendre pourquoi. Parce qu'au fond de moi, je savais que tu étais la femme de ma vie. Tu n'as pas été seulement une copine pour moi. Tu as été ma copine. C'est ça qui fait toute la différence. C'est peut être cliché mais, c'est la vérité. J'ai mis un moment avant de le comprendre. Mais, maintenant, je le sais.

Je reste silencieuse un long moment. Il a vécu exactement la même chose que moi de son côté au final : j'ai eu des relations mais ça n'a pas duré parce qu'il était constamment dans mes pensées. Lui aussi n'a pas été qu'un simple amour de vacances. Il est plus que cela.

Retrouvailles impromptuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant