22.

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Mes parents sont restés encore deux jours chez moi. Puis, je les ai suppliés de me laisser seule. Certes, j'appréciais cette présence chez moi. Mais, ils commençaient clairement à m'étouffer. Alors, après une longue discussion avec ma mère - pendant laquelle je lui ai promis que j'allais bien - ils sont partis. Clairement, je lui ai menti. Parce que non, je ne vais pas bien. Je ne suis pas retournée au travail. Mon patron a été compréhensif et il me laisse le temps qu'il faut. Enfin, pas trop de temps non plus, m'a-t-il précisé.

Je n'ai aucune nouvelle de Rita. Elle n'a pas cherché à me joindre, ni même à me voir. Je ne sais pas comment interpréter ce silence.

Toujours est-il que je suis allée voir Bastian tous les jours. Cela fait à peine quatre jours, donc, il ne va pas vraiment mieux. A chaque fois que j'ouvre la porte, c'est le même scénario. Il est soulagé. Et lorsque je repars, il est inquiet. Je ne peux rien lui promettre. Nous n'avons pas remis le sujet tabou sur le tapis. De toute façon, il ne peut pas tenir une discussion. Nous nous sommes mis d'accord pour avoir cette discussion seulement lorsqu'il sera un minimum remis. Ce qui ne sera pas le cas avant un bon moment. Peut être même plusieurs semaines. Mais, au fond, je redoute ce face à face avec la vérité. Pour l'instant, lorsque je vais le voir, je me sens bien. J'ai peur que lorsque nous aurons discuté, tout cela s'effondre et que je n'ai plus personne à qui m'accrocher. 

D'après les dires de l'infirmière, sa mère, son frère et sa sœur arrivent aujourd'hui. Alors, évidemment que j'irais à l'hôpital. Mais, plus tard je pense. Je n'ai pas envie de tomber en pleine réunion de famille. Je ne sais même pas ce que je suis pour Bastian et je ne me vois pas lui demander qui suis-je pour toi? Question à laquelle je ne sais pas répondre. La question inverse resté également sans réponse.

Cependant, je me sens prête à voir Rita. Il est temps. Je me lève, sûre de moi. J'enfile ma veste et mes chaussures et sors de chez moi. Je préfère aller chez elle à pied, j'y mets un quart d'heure. Je connais le code de son immeuble alors, machinalement, je le tape. La porte se déverrouille et j'entre. J'emprunte les escaliers et monte au troisième étage.

Une fois sur son paillasson, je toque à la porte. J'entends des bruits de pas, puis le bruit de la clef qui tourne dans la serrure. Et enfin, Rita me fait face, surprise.

- Alia! Mais, qu'est-ce que tu fais ici? s'exclame-t-elle.

- Je crois qu'il faut qu'on discute.

Après un instant d'hésitation, elle me laisse entrer. Son appartement est toujours impeccablement rangé, contrairement au mien. Sauf que cette fois-ci, des papiers traînent sur sa table basse. Elle remarque que je les regarde et elle s'empresse de les ranger dans le premier tiroir venu.

- Comment vas-tu? s'enquiert-elle, mal à l'aise.

- Tu le saurais si tu avais pris de mes nouvelles, je rétorque.

- Alia, dois-je te rappeler la façon dont tu m'as renvoyée à l'hôpital?

- Ai-je eu raison de le faire?

- Je ne comprends pas, murmure-t-elle.

- Bastian m'a parlé, Rita. Alors, sois tu es sincère avec moi, sois tu continues de me mentir.

- Pourquoi, selon toi, ce serait Bastian qui aurait raison? Pourquoi serait-ce lui qui aurait le beau rôle?

Je fronce les sourcils. Elle a repris son aplomb habituel.

- C'est la question que je me pose depuis ce braquage.

Silence.

- Attends. Es-tu en train d'insinuer que tu as effectivement quelque chose à voir là-dedans?

Retrouvailles impromptuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant