Il est neuf heures du matin et je n'ai qu'une seule envie : aller à l'hôpital. Mais, je ne peux pas. J'ai promis à mes parents de passer la journée avec eux. Seulement, je compte bien négocier au moins une demi-heure pour aller voir Bastian. Comme prévu, je n'ai pas dormi de la nuit. A chaque fois que je fermais les yeux, j'avais des sortes de flash absolument atroces.
D'ailleurs, voilà que j'entends la sonnette. Sans entrain, je vais ouvrir la porte. Ma mère me saute dans les bras. Elle a toujours été comme ça : très tactile. Mon père quant à lui reste en retrait bien qu'il me semble très inquiet.
- Qu'est-ce que tu t'es fait? s'horrifie ma mère en faisant référence à mon arcade sourcilière. Tu m'avais dit que tu n'avais rien! me réprimande-t-elle.
- Je n'ai rien de grave, maman.
- Rien de grave? Daniel, dis quelque chose!
- Jocelyne, calme-toi. Elle est vivante que je sache.
Ma mère ne m'a toujours pas lâchée depuis tout à l'heure et je la repousse doucement. Mon père peut enfin entrer dans l'appartement. Ma mère ne s'éloigne pas de plus d'un mètre de moi.
- Et si nous prenions un café? je propose.
J'accompagne mes paroles d'une sorte de sourire. Enfin, si l'on peut appeler cela ainsi.
* * *
Mon père et ma mère m'ont accompagnée au commissariat. J'ai voulu y aller maintenant, au moins, ce sera une préoccupation en moins.
Répondre à leurs questions a été très rude. Décrire ce qu'il s'est passé. Comment agissait ces hommes avec nous, etc. La femme qui m'a interrogée a été patiente et compréhensive. Elle notait tout ce que je disais sur son ordinateur puis m'a remerciée et m'a souhaité beaucoup de courage. Je crois que j'en aurais besoin.
J'ai ainsi pu récupéré mon sac et mon téléphone. J'y ai découvert de nombreux appels de mes parents, de mes collègues, des messages d'amis également. Et, étrangement, passée l'heure où j'ai vu Rita à l'hôpital, elle n'a pas tenté une seule fois de me joindre.
Nous rejoignons la voiture et il est temps pour moi de poser la question qui fâche.
- Papa, tu voudrais bien me déposer à l'hôpital? J'aimerais aller voir mon ami.
- Bastian, c'est bien ainsi que tu l'as appelé hier?
J'acquiesce, espérant fortement qu'ils acceptent. Il est déjà plus de 18 heures et les visites se terminent à 19 heures.
- Pourquoi ne veux-tu pas rester avec nous? questionne ma mère, assise à l'arrière.
- Ce n'est pas ça, maman. J'ai besoin de le voir, tu comprends?
- Je t'y emmène, déclare doucement mon père.
- Merci, dis-je dans un souffle.
J'ai passé la journée avec mes parents. Je comprends tout à fait qu'ils soient inquiets pour moi. Mais, ma mère peut se montrer très étouffante parfois. Je n'ai pas osé lui dire pour ne pas la blesser. Mais, en plus d'avoir très envie de voir Bastian, cela me permettrait d'avoir quelques dizaines de minutes au calme.
- Tu devrais en profiter pour vérifier ta blessure.
- Maman, ce n'est pas mon plus gros problème pour l'instant, j'irais plus tard.
- Alia! Ta santé est importante! s'exclame-t-elle.
Mon père s'arrête sur le bas-côté avant de se mettre à parler :
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Retrouvailles impromptues
Roman d'amourIls se sont séparés voilà cinq ans. Qui aurait cru qu'un événement pareil pourrait provoquer leurs retrouvailles?