Peur fantôme

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    Nous étions tous assis à une table sur la terrasse du restaurant que nous avions choisie. Il y avait des petites lumières accrochées sur la clôture en bois, plusieurs tables de métal et des chaises en liège étaient sur la galerie. Nos plats déjà commandés, nous discutions du concours qui approchait à grands pas.

    — Demain matin à sept heure, nous allons courir, m'annonça Dimitry. Ça te va, si on se rejoint sur le coin de Beach Street, près du motel Betty Doon?

    Pardon? C'est bien trop tôt! Je ne pouvais courir à cette heure matinale. Déjà que, même plus tard dans la journée, j'avais de la difficulté à le faire. Imaginez-vous de quoi j'aurais l'air? Ce ne serait pas joli à voir.

    — Quoi? À sept heures! Mais t'es malade.

    Je le regardai abasourdie.

    — Mademoiselle à besoin de dormir plus longtemps? dit-il, feignant être compatissant avec moi. Faire de l'exercice tôt le matin est bon pour le corps et tu dois t'entraîner pour le concours.

    Pourquoi fallait-il que ce soit lui qui m'entraîne? Je connaissais déjà la réponse à cette question. Premièrement, parce qu'il était un expert en la matière et deuxièmement, parce que mon stupide cœur faisait n'importe quoi.

    — Bon. Je soupirai. S'il le faut... mais si je ne suis pas au rendez-vous, ce sera surement par ce que je serai encore dans mon lit en train de dormir.

    Il accota les coudes sur la table.

    — Si tu n'es pas au rendez-vous... dit Dimitry en réfléchissant, je vais venir te chercher chez toi.

    J'haussai les sourcils surprise par cette annonce et me rappelai qu'il ne savait même pas où j'habitais. Mon regard changea de façon amusée. J'avais une avance sur lui, j'adorais ça.

    — Je te croirais bien, mais tu ne sais même pas où je vis, lui fis-je remarquer pendant que je souriais à pleine dents.

    — Tu paris? chuchota-t-il en me défiant des yeux.

    Je me croisai les bras et lui répondit, sur le même ton que lui :

    — M'aurais-tu suivie jusqu'à chez moi pour savoir où j'habite?

    Je venais de dire les mots exacts qu'il avait prononcés la veille. Il ne devait pas être content que je me moque de lui. Il n'avait eu qu'à ne pas dire ces idioties et la prochaine fois il n'aura qu'à tourner sept fois la langue dans sa bouche... Ou quinze fois, dans son cas.

    Il allait répondre quelque chose, mais fut coupé par la serveuse qui nous apportait nos plats. Sauvée par le gong!

    ***

    Ayant terminés nos assiettes, nous sortîmes du bâtiment. Sabrina apparut alors devant nous. Elle avait des lunettes de soleil, un haut rose transparent, ainsi qu'un short blanc, très moulant. Elle avait au bras une sacoche de marque et se pavanait comme si tous les projecteurs étaient posés sur elle.

    — Dimitry, Tristan! s'écria-t-elle d'une voix aiguë en leurs faisant des accolades. Rendu à Tristan, elle s'arrêta net, surprise de voir qu'il tenait la main de Sarah et se contenta de le saluer de la main.

    Même ce salut de la main tentait d'être aguicheur. Je détestais cette fille.

    Pendant ce temps, Sarah et moi nous nous échangions des regards de dégoût à l'intention de Sabrina.

LimonadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant