Retrouvailles

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    Avec mes indications, nous arrivâmes devant la demeure de Blanche. Je ne savais pas pourquoi mais j'étais en colère contre elle. Un volcan brulait dans mon intérieur, prêt à exploser. Elle aurait pu m'avertir pour Alice. Elle ne serait peut-être pas dans le coma en ce moment. Je pris une grande inspiration, indiquai à ma mère par message que tout allait bien et sortis de l'auto. Je marchai jusqu'à la porte, Dimitry sur mes talons. Je lui aurais bien dit de regagner la voiture, mais j'étais nerveuse. Il était grand et musclé, je me sentais en sécurité.

    — Que sommes nous venus faire ici? me demanda-t-il, tandis que nous montions les marches de la véranda.

    — Chercher des réponses.

    Je pinçai mes lèvres.

    Rendu devant la porte je cognai. Rien. Je cognai, mais cette fois plus fort. Beaucoup plus fort que j'avais prévue.

    — Tu veux défoncer la porte? me dit Dimitry qui me regardait étrangement, ne comprenant sûrement pas mon comportement si insolite.

    — S'il faut, je le ferai.

    Je sais que ma colère envers elle n'était peut-être pas justifiée, mais je ne pouvais rien y faire. J'entendis des pas arriver et la porte d'entrée s'ouvrit. Blanche se tenait là, les yeux ronds comme des billes, avec toujours un soupçon de folie à l'intérieur. Je parie qu'elle ne l'avait pas vue venir celle-là.

    — Entrez, nous dit-elle.

    J'entrai la première, suivit de Dimitry. Elle nous fît asseoir dans son salon. Ses yeux me regardaient compatissants. Elle semblait avoir déjà compris le sens de ma visite.

    — Vous voulez du thé? nous demanda-t-elle.

    Elle était trop gentille à mon goût. Je ne pouvais pas me fâcher contre une vieille dame. De quoi aurais-je l'air?

    — Non. Je ne suis pas venu ici pour boire du thé, vous le savez très bien.

    Elle hocha la tête avant de s'asseoir sur le divan en face de Dimitry et moi.

    Vu le comportement que j'avais depuis notre arrivée et le peu d'explications que je lui avais données, Dimitry devait vraiment me prendre pour une folle!

    — J'ai appris ce qui était arrivé à votre amie. J'en suis navrée, énonça-t-elle le regard triste.

    — Vous êtes peut-être désolée, mais ça ne change rien. Vous le saviez, mais vous n'avez rien fait. Vous auriez pu empêcher ce drame!

     Mes lèvres tremblaient. Quelques frissons désagréables me parcoururent le corps. Dimitry mit sa main sur mon genou. Sa chaleur me calma.

    — Tout comme vous mademoiselle, dit Blanche.

    La culpabilité me rongeait l'intérieure. Comment pouvait-elle remettre la faute sur moi? Elle était la voyante dans cette histoire, moi j'étais seulement l'adolescente qui avait été victime de son délire. J'étais vulnérable. Je ne pouvais rien faire pour aider Alice.

    — Ne rejetez pas la faute sur moi. J'aurais... J'aurais juste voulu...

    Je ne pus finir ma phrase. Des larmes menaçaient de couler sur mes joues et une boule me bloquait la gorge. Dimitry, remarquant mon trouble, me caressa doucement le dos.

    — Je veux juste vous faire comprendre que c'est aussi difficile pour moi que pour vous. Le don que j'ai est complexe. Les événements du destin que j'arrive à voir ne sont pas complets. Je n'en vois que quelques que bribes, des extraits. Les choix que nous faisons ont toujours des répercussions. Les choix qu'Alice a fait l'on emmené là... Elle aurait fait des choix différents, cela l'aurait mené ailleurs ou peut-être pas, nous expliqua Blanche. Ce qui doit arriver, arrivera... Je ne peux vous éclairer plus, j'en suis navrée.

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