Maudite, tome 1

Chapitre 22, Hemli

La sonnerie retentit, je descends à vive allure et passe devant Earwen qui s'apprête à ouvrir.

- C'est pour moi !

Je sors à la rencontre du facteur qui me jette un regard.

- Hemli Ashley ?

- Oui.

- Veuillez signer ici je vous prie.

Je signe et il me tend un colis qui est plus lourd qu'il n'en a l'air. Je rentre et repasse devant ma colocataire qui regarde mon visage puis ma boite avec curiosité.

- Pas le temps de t'expliquer, dis-je précipitamment en montant dans ma chambre.

Enfermée, je m'assois par terre, derrière mon lit, face à la grande fenêtre qui recouvre le mur du fond et ouvre le paquet que Madlon m'a envoyé. A l'intérieur, je découvre deux beaux saïs qui me permettront de me défendre en cas de problème. Un harnais les accompagne afin que je puisse me les attacher dans mon dos. J'envois un message à mon destinateur pour lui faire savoir que j'ai bien reçu ce qu'il avait promis de m'envoyer. Mon intérieur jubile et je souris, désormais, je serais plus à même de me défendre si un des sbires de Gunnakt reviens me chercher. En parlant de ça, je crois que Lily nous surveille encore, tous les jours, je la sens, je l'entends ricaner et quelquefois je distingue une forme flou traverser la pièce pour venir près de moi. Toujours plus près. J'essaie le harnais. Il est un peu grand mais en le réajustant, parfaitement à ma taille. Je glisse les saïs à l'intérieur et fais quelques mouvements. C'est plutôt confortable et ça à l'air de tenir. Je l'enlève et examine ensuite les armes. Elle ont besoin d'être un peu affutées... Je les range et cache le carton sous mon lit. Demain, j'irai dans le village voisin trouver un forgeron qui acceptera de m'aider.

Je marche à présent dans les rues de Ponhi, ce minuscule village que la documentaliste m'a indiqué quand je lui ai dis que je cherchai un forgeron. Ce dernier n'est pas difficile repérer car sa maison est la plus grande de toute, ce qui est un peu normal puisque c'est cette forge qui fait marcher l'économie entre le village et Sliverta. Je m'avance vers l'homme robuste qui tape sur un fer à cheval encore rouge.

- Excusez-moi...

Il s'arrête et me considère un moment avant de poser son marteau.

- Oui ?

Sa voix est rauque et grave et me fait frissonner.

- Vous pourriez me rendre un service ?

- Quel genre ?

- Ce serait pour aiguiser ça, dis-je en lui tendant mes armes.

Il les examines un moment puis me regarde avec ironie.

- Des armes qui viennent de la Terre ? En effet, elles sont pas en très bon état, ça ne va pas être gratuit...

- Peu importe. Vous pensez pouvoir me les faire devenir plus tranchantes qu'une épée ?

- Plus tranchante que dix épées réunies si ça vous chante, marchande-t-il.

- Marché conclu.

Je lui tends un petit sac de pièce d'or qu'il prend sans hésiter avant de se mettre au travail.

- Revenez dans trois jours et vous serez satisfaite.

- Et si ce n'est pas le cas ? m'assurais-je.

On est jamais trop prudent. L'homme sourit, montrant sa dentition noire et trouée.

- Ce sera le cas, vous z'en faites pas.

Trois jours après, je me rends à Ponhi pour récupérer mes saïs. Le forgeron a repris son fer à cheval. Lorsqu'il me voit arrivée, il s'arrête et va chercher son œuvre.