Chapitre 30, Hemli

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Daïrim qui part, Erdrim aussi, Earwen qui est malade... Je suis à bout de nerfs. Je reste allongée dans mon lit à réfléchir toute la journée. Je ne fais même plus attention à la faim qui me tenaille le ventre et à la fatigue qui alourdit mes paupières. Pourtant, il va bien falloir que je me lève... Je ne sais plus où j'en suis. Je ne sais plus rien du tout, d'ailleurs. La date, l'heure, le temps... Tous ces éléments spatio-temporels ne sont plus d'actualité.

La sonnerie retentit, quelqu'un ouvre, il y a des voix en bas. Je me lève et descends les escaliers, un drap entourant mon corps maigre. Dans l'entrée, Erdrim et Daïrim papote avec Earwen qui a ouvert. Mon arrivée déclenche une réaction différente chez chacun d'eux : Daïrim rougit (ce qui est normal...), Erdrim lève un sourcil et Earwen se retourne et me sourit. Le vent s'engouffrant à l'intérieur me fait frissonner et je me blottit un peu plus dans ma couverture.

- Salut tout le monde...

Ma voix ressemble à celle d'une personne âgée d'au moins une bonne centaine d'année... Néanmoins, Earwen me serre dans ses bras tandis qu'Erdrim sourit et que Daïrim... me regarde de haut en bas... Je leur sourit et demande :

- Que nous vaut l'honneur de cette visite ?

Daïrim veut prendre la parole mais Earwen le coupe :

- Eh bien...

- Daïrim et Erdrim ont une surprise pour nous mais ils attendaient que tu sortes de ta grotte. Résultat : ça fait quatre jours que je piaffe d'impatience.

- Ah... Quelle genre de surprise ?

Cette fois, Daïrim n'est pas interrompu :

- Eh bien... A Sliverta, en mars il fait beau alors...

- Oui ?

Il me montre un panier avec un charmant sourire :

- On va à la plage !

Je souris :

- Pourquoi pas !

Et tandis qu'Earwen embrasse Erdrim, je monte en lançant :

- Je vais m'habiller alors !

Quelques instants plus tard je redescend avec une robe légère et les rejoint.

- On y va ?

Earwen rit et Daïrim est rouge.

- Ca va pas ? je demande.

- Tu as pris un coup de soleil... Doudou ? glousse Earwen.

- Earwen...

Daïrim rougit encore plus tandis que je souris puis nous partons.

La plage où nous nous posons est calme, déserte, apparemment peu de gens la connaissent, ce qui est logique vu que nous avons du escalader des dizaines de rochers pour y parvenir.

Je fais quelques pas sur le sable puis retire mes sandales et trempent mes pieds dans l'eau. Elle est certes fraîche mais pas glacée. Earwen et Erdrim se déshabillent en vitesse et courent à l'eau tandis que Daïrim me regarde. Je reviens vers lui et enlève ma robe à mon tour. Je sens son regard sur moi mais n'essaie de ne pas réagir et évite son regard puis rentre dans l'eau peu à peu. Il me suit puis je plonge et nage le temps que mon corps s'adapte à la température des vagues. Il ne me voit plus et j'en profite pour l'éclabousser en riant. Il se retourne et m'attrape les jambes puis m'attire à lui ; je me débats gentiment, je crois que je ne me suis jamais autant amusée. Il me coule, je riposte et ainsi de suite jusqu'à ce que je remarque que la partie haute de mon bikini se détache doucement. Je plaque les mains sur ma poitrine juste à temps et je me sens virer au cramoisi.

- Oh !

J'avise un rocher puis m'approche et m'assoit pour remettre mon maillot. Daïrim s'approche et s'assoit derrière moi.

- Attend je vais t'aider...

Il saisit les deux fils et les nouent ensemble en me demandant si ce n'est pas trop serré puis attarde ses mains dans mon dos... De mon côté, j'ai soulevé mes cheveux pour lui rendre la tâche plus facile puis me retourne lentement, nos yeux se rencontrent... Je fixe ses prunelles noires avec intensité, mon cœur bats la chamade et je sais qu'il l'entend. Doucement, il s'approche puis dépose un baiser sur mes lèvres, brûlant malgré l'eau qui dégouline encore de ses cheveux. Tout mon intérieur est chamboulé, je ne fais plus attention à ce qu'il se passe, les deux autres amoureux qui se coulent depuis toute à l'heure, je ne les entends plus, la mer qui est en moi s'agite, les vagues s'écrasent contre les rochers, je voudrais disparaître toute entière à condition que ce soit en lui, pour lui.

Ce sentiment prend tout mon corps, je ne le contrôle pas. Est-ce donc ça qu'on appelle...l'Amour ?

Maudite, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant