Chapitre 24, Hemli

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Ils rentrent au milieu de la nuit. Je ne dors pas lorsque ça sonne. Ca fait trois jours que je ne ferme plus l'œil. Cela m'est tout simplement impossible. Earwen est très mal en point, elle n'est pas consciente mais se réveille lorsqu'Erdrim la dépose sur son lit. Je m'approche tandis que Daïrim m'attrape le poignet. Il a vu dans mon regard la colère qui m'habite depuis que je sais qu'Earwen a fait cette chose aussi dangereuse qu'irraisonnable. Je m'arrache à son étreinte et fais un pas vers le lit puis lance ma main et gifle mon amie de toutes mes forces. Son frère esquisse un geste dans ma direction tandis qu'Erdrim me fusille du regard.

- Hemli...

Je me laisse tomber sur le lit et relève la tête, le visage plein de larmes et murmure entre deux sanglots :

- Tu es inconsciente...

J'enfoui ma tête dans la couverture tandis que sa main se pose sur mon épaule. Lorsque je suis remise, je me redresse et regarde Earwen avec soulagement. Je me suis tellement inquiétée... Je n'ai rien fais et c'est à peine si j'ai mangé et me suis lavée. Le reste du temps, j'étais assise sur le canapé, les bras sur les genoux, le regard dans le vide à ressasser ce que m'avait dit Lily. Il m'arrivait se sortir un peu dans le jardin mais je n'enlevais plus mon manteau et j'attendais. Je déboutonne un peu ce dernier parce que maintenant, j'étouffe. Lorsque les trois adolescents aperçoivent mon cou, leur air est grave et Erdrim prend la parole :

- Comment tu t'es fait ça ?

C'est vrai que mon bandeau ne doit plus être de la première fraîcheur après avoir subit, l'eau de la douche, le froid et la neige.

- La question est plutôt : QUI t'as fait ça parce que c'est impossible que tu te le sois fait toute seule... renchérit Daïrim.

- Moi je sais, déclare Earwen.

Les regards se tournent vers moi. Il faut que je parle, que je leur dise.

- C'est... c'est un des sbires de Gunnakt... Je... je l'avais déjà rencontrée et elle m'avait griffée...

- Elle... Elle est venue me voir aussi...

- Et qu'est-ce qu'elle t'a dit ? je demande.

- Tout...

- Et n'importe quoi, non ?

- Non.

Sa réponse me surprend.

- Non ? Elle n'a pas chercher à te faire gober un tissus de mensonge ?

- Si...

Elle était fatigué et ça se comprenais.

- Bon, on verra ça plus tard, il faut que tu te repose et que tu manges, décidai-je.

Je me lève et sors dans le couloir lorsque la voix de Daïrim m'arrête.

- Attend !

Il me rejoint, suivi de près par Erdrim qui rabat doucement la porte.

- Je vais lui faire à manger, ça va aller, déclarai-je.

- Hemli, tu feras la cuisine après.

- Pourquoi ?

- Je vais d'abord te changer ton bandage, ça s'infecte.

- Mais non, ça va... dis-je en portant la main à ma gorge.

Le contact avec mes blessures m'arrache une grimace.

- C'était pas une question, viens, m'ordonne-t-il.

Et avant que je n'ai le temps de faire quoi que ce soit, il m'attrape la main et m'entraine à quelques mètres, dans la pièce carrelée.

- Mais qui va s'occuper d'Earwen ? m'inquiétais-je.

- Ne t'en fais pas ! me lance Erdrim depuis le couloir.

Daïrim referme la porte et me fait assoir par terre. Il fouille dans le placard au dessus du lavabo et en tire des cotons, du désinfectant et un rouleau de bandage avant de s'installer devant moi.

- Bon... montre moi ta gorge.

Je lui tends mon cou et il détache la bande du mieux qu'il peut en évitant le plus possible de me faire mal car le tissus est maintenant collé à mes plaies qui recommencent à saigner..

- Daïrim ?

Il est concentré et ne me regarde pas.

- Mhoui ?

Cette question, je me la pose depuis trois jours.

- Elle... Elle était où finalement... Earwen ? Aïe...

Il s'arrête et hésite.

- Elle... elle...

- Oui ? dis-je en me penchant légèrement.

- Hemli... Ne joue pas à ce jeu... Je... tu...

Il fait référence à la claque que je lui ai donner lorsqu'elle est revenue.

- Elle est tombée de la falaise en face d'une des planques du Mal...

A cette révélation, mes yeux se remplissent de larmes et je ne peux m'empêcher de baisser la tête. Ma voix tremble lorsque je parle.

- Ca... Ca ne serais pas arriver si elle...

Puis je me ravise. Ce n'est pas de sa faute. Mais si on remonte au début de cette histoire...

- ...si je n'avais pas rejoint l'Ecole, si j'étais partie quand j'en ai eu l'occasion... Si seulement...

Je serre les poings et les dents à m'en faire mal. Daïrim veut parler mais je ne lui en laisse pas le temps et pour l'empêcher de faire quoi que ce soit, je pose mes mains sur ses épaules, serre le tissu de sa chemise, la tête toujours baissée, noyée par les larmes.

- Quand... Quand est-ce que ma présence n'apportera plus de souffrance aux autres, hein ?! Quand ?!

Je me mets à murmurer.

- Quand est-ce que j'arrêterais de faire souffrir tout le monde... ?

Je suis au comble du désespoir.

- J'en ai marre... J'en ai tellement assez...

Je sens les mains de Daïrim sur mes bras. Sa voix est douce et rassurante.

- Hemli, si tu es restée, c'est la faute d'Earwen, pas la tienne, elle voulait en apprendre le plus possible à cause d'Elwing... Tu es venue, comment pouvais-tu savoir ?

J'éclate en sanglots, mes poings se desserrent, si j'étais debout, je serais tombée à genoux mais maintenant, je ne peux que me laisser entourer de ses bras et m'abandonner à ses paroles.

- Je suis là...

Je me laisse aller et lui rends son étreinte. J'en ai tellement besoin...

Bon voilà les deux derniers chapitres ont été courts mais nous espérons qu'ils vous plairont ^^

Les auteures

Maudite, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant