Chapitre 7, Earwen

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-.... t'endormir pour mieux te tuer après!

Je ne réponds pas à Hemli. Mon coeur rate un battement et je cligne des yeux. Soudain, ma mère entre en courant et me serre dans ses bras. Ses joues sont mouillées de larmes, elle tremble encore. 

Daïrim s'assoit à côté d'Hemli qui rougit légèrement et se lève. En la regardant, la chanson me revient en tête et je ferme les yeux. Mes oreilles ne percoivent pas beaucoup de choses.. Mais assez pour entendre qu'Hemli a tout ou presque raconté. J'ouvre les yeux et la foudrois du regard. Non! Pourquoi faut-il qu'elle raconte tout! Elle les met en danger en faisant ainsi!

Je tente de me relever et pose un pied au sol. Ils me regardent tous sans esquisser un seul geste. Mais Hemli fait un pas et sort de la chambre:

-Hemli!

Je m'affaisse au sol et Daïrim me rattrape in-extremist. Elle se retourne et me regarde en disant simplement;

- Je vais à l'intendance.

Je lui souris et elle passe la porte. Mon frère lui me prend dans ses bras en décrétant :

-je t'emmène à ta chambre. Ici, ça sent mauvais.

J'étouffe un pouffement dans son épaule devant le regard choqué et indigné du médecin. Il traverse la salle, en sort puis me pose à terre:

- Maman n'aurait jamais voulu mais je sais que tu n'aimes pas qu'on te porte.

- Merci... Tu veux bien me servir de canne?

- Oui m'dame

- Mademoiselle.

Je lui claques un bisou sur la joue et m'appuis sur lui pour avancer. Il grommelle un peu mais avance avec moi. Les autres élèves me regardent bizarrement; il faut dire qu'ils n'ont pas l'habitude de me voir en moment de... faiblesse. 

Trois jours plus tard, je me réveille en pleine forme. Le médecin m'a autorisé à aller en cours à condition de ne pas faire de la voltige,du vol ou du sport. Je m'assois sur le bord de mon lit et me regarde, désesperée par mon reflet dans le miroir. Cheveux en pagailles, cernes et surtout, marques rouges encore visibles au niveau de ma gorge. D'une main, je brise le miroir et prends la brosse pour me coiffer. Bien... Passons aux habits. Je prends une robe noire toute simple ( ce qu'il appelle les ESSENTIELS chez les humains ) qui cache mes marques rouges. Une paire de ballerines, un coup de maquillage et je suis dans le couloir. Je bute sur un carton:

- Mmmff! Il faut vraiment qu'on finisse de les déballer. 

On signifie moi et Hemli. On a enfin emménagé dans le studio situé au quartier des étudiants mais, ayant eu trop peu de temps à nous... L'aménagement n'est pas encore terminé. Je descends, tel un fantôme noir dans les escaliers et aperçoit Hemli déjà attablée. Elle me sourit gentiment et se remet à tartiner son petit dèj. J'engloutis le mien, la laisse finir de se préparer et sort dans le jardin. Notre voisin, un gars aux cheveux blancs ronfle sur son transat, une boisson à la main. Mon regard se détache de lui et se pose sur notre jardin.  Hum... Voilà aussi une des raisons pour laquelle l'aménagement n'est pas fini... J'ai passé des heures hiers à imaginer, à structurer ma partie de jardin. Je crois qu'Hemli l'a fait aussi mais étant allée en cours, elle a eu moins de temps que moi.

Je trébuche:

"Drukt Nevori Termaktoen"

Je balance la tête de gauche de gauche à droite. Mon pouls s'accélère. Je ferme un oeil, le rouvre et, en face de moi, une ombre. Je pars en courant à l'intérieur et m'enferme. Je tombe sur Hemli et, sans le vouloir, je l'agresse:

- Ca veut dire quoi tout ça hein?!

Elle ne répond pas, je pense qu'elle ne voit pas de quoi je parle:

- La chanson! Refais-là, dans sa langue et dans la nôtre!

Elle grimace mais s'éxecute:

-Pour eux ça donne:

"Drukt Nevori Termaktoen

Kétel igias namas

Koroc kilès té né ri

Klenescik eme porerl

Kerestoumek erec

kerestoumek mernlé

Egré tépo réan

térmé torikm ekedex menéré prétét

Qémoa ka étom poré tuo céramok"

Les paroles dans notre langue:

"Proie sans défense,

La cible que j'ai choisi

Endors-toi sur mon ordre

Pour que je puisse mieux te tuer

Je suis une vipère,

Vipère meurtrière,

Le Mal te guette

Ses griffes lentement t'enssèrent

Plantent une aiguille dans ta chair."

Je frissonne. Il... Il voulait réellement me tuer. Mes jambes me lâchent et je m'affale par terre. Finalement...Je ne vais pas aller en cours aujourd'hui. Je remonte dans ma chambre pour prendre une douche et me coucher. 

" Te tuer [...] meurtrière[...] griffes[...]"

Mes larmes roulent sur mes joues et s'écrasent sans dignité sur mon oreiller, laissant de grandes coulées de mascaras sur ce dernier. J'entends la porte se refermer et je suis reconnaissante à Hemli de me laisser seule.

Maintenant, je vais pouvoir pleurer: ça fait trois jours que je me retients.

( Note d'une des auteures : le blog de Maudite est sur Skyrock: Maudite98, voili voilou!! c'est pour les images ;)  et aussi pour quelques unes des paroles de la chanson du Mal, je sais.. Je sais, ça vient un peu de Dracula mais bon...)

Maudite, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant