Chapitre 6, Hemli

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Après le cours de voltige, je décide d'aller faire un tour à la bibliothèque pour en savoir plus sur cette école qu'on dit très réputée. Je marche dans les couloirs bondés d'élèves lorsque, parmi les voix, les cris, les rires, je perçois un hurlement étouffé. Je tourne la tête, à droite, à gauche, mais rien. J'avance un peu, le cri est de plus en plus proche et j'entends une chanson, maintenant. Mes marques se réveillent. Cette complainte... Je l'ai déjà entendu quelque part... Je tourne et là, dans un coin, je vois Earwen sous l'emprise d'un individu que je connais trop bien. Je n'ai pas le temps de réagir qu'une ombre me dépasse à toute vitesse. C'est un élève, plutôt grand avec les cheveux rouges. Lorsque je vois son visage, je n'ai pas besoin d'avoir cinq années d'études appuyées pour deviner qu'il s'agit du frère d'Earwen. Il attrape le garçon par les épaules, le retourne et le plaque contre un mur. Nos regards se croisent. On  s'est déjà vu. Une vague de colère me submerge.je m'approche lentement tandis qu'il essaie de s'extraire de l'étreinte de l'autre, paniqué. Je fais ce que je n'aurai jamais dû faire : j'utilise un  pouvoir qui me dépasse. Je mets ma main gauche devant mon œil non infecté, je tend l'autre vers ma cible. Un autre regard noir et je souffle un mot qui suffit à le tordre et à le faire hurler.

- Souffre...

Le frère d'Earwen me regard avec stupéfaction tandis que je me penche sur celle qui gît à mes pieds. Elle s'est évanouie et a des marques au cou. Je me relève et m'avance vers l'homme qui hante mes souvenirs. J'annule le sortilège et dis :

- Elle s'est évanouie.

Le garçon aux cheveux rouges comprend que je m'adresse à lui et va aider sa sœur pendant que je m'occupe de celui qui essaie de s'enfuir. Je plaque une main froide sur sa poitrine, l'empêche de bouger et lui murmure à l'oreille :

- Si tu t'approche encore une seule fois d'elle, toi et tes maudites chansons, je ferais en sorte que tu ne vois plus la lumière du jour, compris ?!

Il opine vivement de la tête. Je continue d'une voix mielleuse et glaciale :

- En principe, après ce que tu as fait, je devrais te torturer afin d'obtenir des réponses mais là, ce n'est pas le moment alors je vais te laisser filer et on reprendra ça plus tard, ok ?

Je le lâche et il détale comme un lapin. Jamais je ne l'aurai jamais cru si peureux. Le garçon aux cheveux rouges s'approche de moi, sa sœur dans les bras.

- Eh ben ! Je sais pas ce que tu lui a dis mais il a eu peur !

Durant le trajet vers l'infirmerie, on se présente. Il s'appelle Daïrim et c'est bien le grand frère d'Earwen. Il l'allonge sur un des lits blancs. Elle gémit un peu mais au moins, elle ne crie plus. Il s'assied sur un lit voisin, je m'assoie en face de lui, de l'autre côté de la blessée.

- Tu es nouvelle ?

- Oui...

- Je savais bien que tu intriguais ma sœur.

Je ne sais pas quoi répondre. Décidément, ils ont le chic pour me mettre mal à l'aise, dans cette famille. Je regarde Earwen d'un air triste. C'est peut-être pour ça que cet homme s'en est pris à elle...

- C'est peut-être ma faute...

- Quoi ? Non pas du tout ! Ma sœur aime bien chercher les ennuis et là, elle est tombée sur la mauvaise personne, c'est tout...

Je ne dois pas paraître convaincue car il se lève et me rejoint. Il se plante devant moi et m'oblige à relever la tête.

- Ne prend pas tout sur toi, ça va te gâcher la vie, je te dit que ce n'est pas ta faute...

Un froissement derrière lui le fais s'interrompre. Il se penche vers sa sœur qui, lentement ouvre un œil, puis l'autre. Elle tente de parler mais à la place du mot qu'elle allait prononcer, s'échappe un grognement digne d'un gros animal. Je m'approche un peu. Elle essaie de relever la tête mais je mets un doigt sur son front et l'oblige a rester couchée.

Daïrim met un gant d'eau froide sur son cou et lui ordonne de rester ainsi une dizaine de minutes tandis qu'il fais rapidement un résumé de ce qu'il s'est passé. Il part chercher Gerda, le directeur et le médecin et nous laisse seules. Earwen me regarde fixement. Elle sens que je sais quelque chose. Elle voudrait savoir elle aussi. Je m'assoie sur le lit, à ses côtés. Sa voix brise le silence.

- Alors ?

- Je...

Je baisse la tête, je ne sais pas pour où commencer.

- Ne fais pas l'innocente, Hemli !

Son ton est presque accusateur.

- Je le connais trop bien, dis-je dans un soupir.

- C'est qui ?

- Un homme qui hante mes souvenirs.

- Explique-toi.

- Je ne distingue presque rien, c'est flou mais lui je le vois. Il chante son horrible chanson et autour de lui les gens s'endorment. Earwen, cet homme maîtrise les sortilèges du sommeil ! Il voulait t'endormir pour mieux te tuer après !

A ce moment-là, sa mère entre à toute vitesse et la sert dans ses bras. Le directeur, le médecin et Daïrim ont du mal à suivre. Ce dernier viens s'assoir à mes côtés en couvant sa sœur du regard. Je me lève en même temps que Gerda. Celle-ci me regarde, je baisse la tête. Elle demande :

- Cet élève, tu le connaissais, n'est-ce pas ?

Daïrim avait dû lui raconter.

- Oui madame.

Soudain, j'en ai marre de m'écraser alors je relève la tête et plante mon regard vairon dans ses prunelles cristal et déclare d'un voix ferme :

- Je le connaissais et c'est après moi qu'il en avait. J'en prend l'entière responsabilité.

Je glisse un regard à Earwen qui me jette le regard le plus noir que je n'est jamais vu. Malheureusement, je ne fais que dire la vérité.

Maudite, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant