Nous sommes dans un parc. On déjeune. Une vingtaine de patients et quelques médecins sont avec nous. Ce matin, on est simplement allés se promener dans le cœur de Sydney. Les rues me sont familières. Je me sens presque comme chez moi. Je discute avec Kaitlyn et quelques autres jeunes.
"Vous avez vu ? Ce soir, au dîner, ceux qui sont musiciens ou chanteurs pourront jouer devant tout le monde, nous informe un garçon blond aux yeux bruns dont j'ai oublié le nom.
- Ah bon ?, je m'exclame.
- Yep. Tu joues d'un instrument ?
- Oui, la guitare.
- Ah bon bah, t'y vas hein !
- Non non non tu rigoles ?!
- Si t'y vas, me pousse Kaitlyn.
- Bon j'y irai alors."
J'ai déjà joué et chanté en public au collège et franchement, c'est une des choses desquels je suis le plus fière dans ma vie. J'en garde un très bon souvenir.
Je sais déjà quoi jouer.Arrivés à l'hôpital, nous nous séparons chacun de notre côté. Je vais lire un peu à la bibliothèque, alors que Kate va jouer au foot.
Une infirmière vient me voir, tandis que je lis.
"Mademoiselle Ivanov ? Votre mère est venue.
- D'accord merci."
Et merde. Je descends donc à la réception et y trouve ma mère. Elle se jette dans mes bras.
"Ma chérie... Oh si tu savais comment je suis désolée, je n'ai pas de mots.
- Ne t'inquiète pas Maman, je la rassure en me libérant de son emprise. Viens.
Je l'emmène dans ma chambre.
- Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
- Maman, s'il te plaît, on me pose déjà assez de questions, et en plus j'ai d'autres amis qui vont me demander alors non merci.
- Mais je suis ta mère ! Il faut que je sache.
- Demande à Michael, il sait tout.
- Non, je m'en fiche, je veux que ce soit toi qui me le dise.
- Maman, c'est long et triste. Ce qui compte c'est que tout va bien maintenant.
- Tu as raison, de toute façon, Michael m'a déjà raconté les grandes lignes. Alors, c'est vrai, tu entends des voix ?
- Oui.
- Il m'a dit aussi que tu fais des crises et que tu deviens violente.
- C'est vrai...
J'ai du mal à contenir mes larmes. La peur dans les yeux de Michael me revient clairement à l'esprit.
- Ma chérie...
- Je l'ai menacé d'une arme Maman...
Elle me prend dans ses bras.
- Il n'est pas blessé et toi non plus, tout va bien maintenant.
Je sèche mes pleurs.
- Tu as raison.
-...
- Maman ?
- Oui ?
- Tu te méfies toujours de lui ?
Elle attend quelques secondes avant de répondre.
- Je ne le connais pas très bien ma chérie, mais vu ce qu'il a fait pour toi, et l'aide qu'il t'a apportée, je ne peux pas renier sa gentillesse et son amour envers toi."
Je suis contente que Michael ait gagné la confiance de ma mère. J'avais peur qu'ils ne s'entendent pas bien.
Après deux heures de discussion sur à peu près tout et n'importe quoi, ma mère prend congé de moi.
"J'ai pas mal de travail, ma chérie. Je dois retourner en France. Désolée.
- T'inquiète pas, j'ai des amis ici."Un guitariste, puis deux, puis un pianiste, puis une violoniste, et puis vient mon tour.
Je monte sur la petite estrade, intimidée. J'accorde la première corde de la guitare à l'oreille pour que cela corresponde à la chanson, puis commence à gratter les cordes.
"Everybody's got their demons, even wide awake or dreaming... I'm the one who ends up leaving, make it okay."
Le silence règne. Tous les regards sont tournés vers moi. Je ferme les yeux et m'enferme dans une bulle, avec ma guitare.
"But now that I'm broken, now that you know it, caught up in a moment, can you see inside ?"
J'ouvre les yeux alors que j'enchaîne sur le refrain. Je trouve Kaitlyn du regard. Elle filme avec son téléphone et le mien, comme je lui ai demandé. Je compte bien envoyer cette vidéo aux auteurs de cette chanson sublime.
Les secondes, les temps et les mesures passent.
Vient le second couplet, puis le deuxième refrain, puis le pont, et enfin le dernier refrain, finissant sur l'outro.
Une fois la dernière corde grattée, la salle applaudit, puis je descends de l'estrade et une pianiste commence à jouer des doigts sur les touches noires et blanches."T'as super bien joué !, me félicite Kate alors que nous marchons dans la cour.
- Merci !
J'envoie la vidéo aux quatre garçons et à Mel. J'espère qu'ils seront fiers.
- Franchement, je suis surprise.
Je rigole alors que Kate passe son bras sur mes épaules, ce qui me surprend.
Nous discutons quelques minutes, puis nous montons nous coucher dans nos chambres respectives.
Je regarde mon téléphone rapidement.De : Lara Rodriguez
Putain Al qu'est-ce que t'as foutu ? Demain, 15H.De : Florian Andrew
Je viens direct demain, dans l'après-midi.Quelle synchronisation.