Il te chasse de la maison que tu es censée partager avec lui. Il ne veut plus de toi. Tu le rends malheureux. Il veut juste que tu partes, que tu l'oublies, que tu disparaisses. Tu l'as transformé en monstre. En un monstre de haine et de malheur. Comme toi. Il ne veut plus te voir. Tu as ruiné sa vie. Il te déteste maintenant. Il voudrait te voir mourir.
Je me réveille, et me demande pendant un millième de seconde si tout ça ne fut qu'un mauvais rêve. À mon plus grand désarroi, ce n'est pas le cas.
Je me suis jamais sentie si... Je n'ai même pas de mots. Je ne veux même pas essayer d'envoyer un message à Michael.
Quoique...
Non. J'ai besoin de lui parler. Qu'il me réponde ou pas, je m'en fiche presque. De toute façon, je sais qu'il ne me répondra pas. Je veux juste qu'il écoute mon message. J'aurais pu lui envoyer un sms, mais j'ai besoin qu'il entende de vive voix ce que j'ai à lui dire.
Même si ma voix est brisée dès les premiers mots.
J'attends que le bip retentisse.
"... Mon amour... Je sais que tu ne répondras sûrement pas. Je ne sais même pas si tu comptes l'écouter, mais... Sache que je t'aime et que... Tu peux tout me dire... Peu importe ce que tu aies fait... Juste, s'il te plaît, ne me laisse pas sans réponse... Dis-moi, je t'en supplie..."
Ma voix se déchire en sanglots alors que je finis ma phrase.
"Je t'aime."
Je raccroche, puis regarde l'heure. Il est 11H. Je fonds en larmes. Je suis perdue. Et si les médecins me demandaient ? Est-ce que je dois leur dire ? Ou est-ce que je dois me taire, comme Michael m'a demandé de le faire ?
Tout à coup, un plan commença à s'échaffauder dans mon esprit. Pour que je retrouve Michael, il faut que je sorte d'ici de façon définitive. Il fait donc que je me comporte tout à fait normalement pour pouvoir sortir le plus vite possible. C'est logique non ?
Mais pourtant, Michael n'a pas l'air de vouloir me retrouver. Bon quoi qu'il dise, il faut que je le retrouve dès que possible. Il faut donc que je contrôle mes accès de rage et que je sois heureuse. Enfin, que je fasse semblant devant les médecins.
Je n'ai pas le temps de cogiter plus puisque la porte de ma chambre s'ouvre d'un coup. Kaitlyn s'élance vers moi et me prend dans ses bras jusqu'à m'étouffer.
"Aliya bordel ! J'étais tellement inquiète ! Mais pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi tu t'es évadée ?
Elle me relâche. Je la regarde d'un air morose.
- J'avais besoin de voir quelqu'un.
- Qui ?
- S'il te plaît, je ne veux vraiment pas en parler maintenant, déjà que le Dr.Kroeger va me harceler avec ça...
- Oui bien sûr je comprends. Bon, je te laisse, on va nous servir le déjeuner dans pas longtemps.
- Okay, à plus tard !"
Kate sort de ma chambre. Je m'allonge sur mon lit. Je ne sais même pas ce que je ressens.Lorsqu'une heure sonne, une infirmière m'apporte un plateau garni de nourriture.
Honnêtement, je n'ai pas faim.
"Bonjour Mademoiselle ! Votre déjeuner !"
Elle le pose sur mes genoux puis prend un tabouret et s'assied à mon côté.
Ça me rappelle lorsque j'ai failli faire une overdose. Michael était aussi à mon côté, de même que tous mes amis. Enfin, c'était il y a bien longtemps...
"Tout l'hôpital a eu vent de votre évasion.
-...
Je n'ai aucune envie de bavareder. Mais bon d'un côté ça fait du bien de voir quelqu'un qui prend le temps de vous parler dans ce monde de fous.
- Ça va mieux maintenant ?
- Oui, merci.
- Vous savez, ça arrive de ne pas se contrôler. Bon, je ne vais pas vous demander pourquoi bous avez cherché à vous évader, mais nous sommes là pour vous aider.
- M-merci.
- Ça vous paraît sûrement barbant, mais si je vous dis ça, c'est parce que je croise toujours des patients qui refusent l'aide des médecins.
- J'imagine.
- Enfin bon, je vous laisse. Bon appétit, et courage !
- Merci beaucoup, au revoir !
- Au revoir."
L'infirmière s'était levée. Elle sort. Cet échange m'a quelque peu apaisée.
Enfin bon...
Il faut que j'aie l'air d'aller BIEN !
Je me force à manger mon déjeuner. J'ai mon rendez-vous avec le Dr.Kroeger. Je sens que ça va être un supplice. Mais bon, quand faut y aller...Ma main est sur la poignée de la porte du bureau du psychiatre. Je prends une grande inspiration et me répète en boucle dans ma tête qu'il faut que j'aie l'air saine d'esprit.
Je pousse finalement la porte.Je sors tout juste du bureau du Dr.Kroeger. J'ai réussi à garder mon calme. Il m'a bien évidemment demandé pour l'évasion improvisée. J'ai répondu que je n'avais pas réfléchi et que je m'inquiétais pour un proche.
Bon, j'imagine que je vais être plus surveillée que jamais.
Maintenant, je dois réctifier quelque chose. Je marche quelques secondes dans les couloirs avant de trouver ce que je cherche. Une porte blanche, comme les autres. Je toque.
"Entrez !"
J'ouvre la porte. Je voudrais me faire toute petite.
"Dr.Ray ?
- Mademoiselle Ivanov !
- Hum, bonjour Docteur...
- Bien le bonjour !
Il a l'air de bonne humeur, c'est bizarre.
- Je voulais m'excuser pour l'autre jour. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ne voulais pas faire ça, mais... Je ne sais pas...
- Ne vous inquiétez pas ! On doit s'attendre à tout dans ce métier !
Il a l'air de le prendre à la rigolade.
Je me gratte la nuque nerveusement.
- Enfin bon, j'espère que vous allez bien.
- Oui ne vous en faites pas, tout va bien ! Veillez quand même à ne pas recommencer hein ?
Il est tout sourire. Je ne comprends pas.
- Hum oui d'accord. Au revoir Docteur !
- À la revoyure !"
Je sors et ferme doucement la porte. Le Dr.Ray avait bizarrement l'air heureux. Enfin bon, je ne sais pas s'il est jovial de nature, ou si c'est moi qui suis sinistre. Mais vu ce qui s'est passé hier soir, j'ai de bonnes raisons de me montrer lugubre je pense. Mais il faut que j'aie l'air HEU-REUSE. C'est le seul moyen que j'ai trouvé si je veux sortir rapidement d'ici.Me revoilà dans ma chambre.
Je regarde par la fenêtre. Je pourrais rester longtemps comme ça.
Une infirmière interrompt ma contemplation.
"Une certaine Melody Anderson voudrait vous voir."