Chapitre 33 : Nuit farouche.

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*3 jours plus tard*

22H16.
Me voilà assise sur une chaise, dans le jardin, seule. Mes pensées s'emmêlent, des larmes roulent sur mes joues.
Je ne peux pas m'empêcher de penser à ce que j'ai vu la journée du 24. Ces cris, ce sang, ce surin... Tout ça reste ancré en ma mémoire. Je me souviens des sirènes de l'ambulance, de ce corps qui devenait cadavre à mon sens car il s'était détendu d'un coup, de ces yeux qui se sont vidés de leur peur... Je me souviens de ce voleur, de cet assassin, de cette ordure...
Et pourtant, il y a trois jours, Michael et moi étions en train de rire sur une plage.
Parfois, je me demande comment on peut sourire après des événements si dramatiques. Je me rappelle de ces millions de gens, dont les réactions sur les rèseaux sociaux semblaient plus malheureuses les unes que les autres.
Est-ce que le temps nous guérira, ou est-ce que les séquelles de ce traumatisme resteront à vie ?
Qu'en pense Mel ? Nous n'avons presque pas parlé de tout ça, alors qu'elle a vu la même chose que moi le matin du 24.
Il faudrait que je lui en parle. Tiens, je vais le faire de ce pas.
J'attrape mon téléphone et commence à taper un message, qui sera lu quasi-instantanément.

Moi : Coucou <3
Melody : Saluut <3
Moi : Ça va ?
Melody : Oui et toi ?
Moi : Oui, tu veux bien qu'on parle de ce qui s'est passé le 24 ?
Melody : Euh oui, qu'est-ce que tu veux savoir ?
Moi : Je veux juste m'assurer que tout va bien de ton côté, c'est vrai que c'est assez horrible ce qui est arrivé, tu t'en remets ?
Melody : J'essaie de me dire que le pie est passé, et que maintenant, tout va bien, mais c'est vrai que quand les images me reviennent, c'est assez... Choquant disons...
Moi : Ouais, pareil ici aussi...
Melody : Autre chose ? ;)
Moi : Non, je voulais juste savoir si ça allait à ce niveau-là, tu fais quoi ?
Melody : Pas grand chose, j'suis devant la TV et toi ?
Moi : J'inspire de l'air frais et je crée du dioxyde de carbone vois-tu.
Melody : Wow.
Moi : C'est ce qu'on appelle respirer.
Melody : Mdrr xD
Moi : Bon allez, je te laisse, on se voit bientôt ?
Melody : Yep, à plus !

Bon, ça va du côté de mon amie. Tant mieux. En même temps, rester là à se morfondre n'est clairement pas la solution. Pourtant, je suis partagée entre avancer, et rester coincée dans le passé. Enfin, je sais qu'il faut avancer, mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir des regrets.
Espérons qu'après le procès, ça aille mieux.
Je décide de rentrer dans le salon. Mike, lui, est dans la chambre. J'ai besoin d'être un peu seule pour le moment.
Je m'allonge sur le canapé et ferme les yeux.

1H23.
D'étranges bruits sourds me réveillent. Ils proviennent de l'étage. Je me lève et alors que je pose mon pied sur la première marche de l'escalier, les bruits s'arrêtent. Je monte dans la chambre et ouvre la porte. Mes paupières sont lourdes. Difficile pour moi de rester lucide. Et si c'était mon imagination, ou les restes d'un rêve ?
"Ça va ?, je demande à Michael.
- Oui oui pourquoi ?
Il est allongé sur le lit avec son téléphone, un écouteur dans une oreille.
- Non rien, y'avait des bruits chelous.
Le garçon hausse les épaules.
- Bah ici, tout va bien, mais toi, t'as l'air d'être dans les vappes.
- Ouais non, je vais pas tarder à me coucher là."
Je me prépare puis me couche. Il est bientôt 2H. J'ai été surprise en voyant que Michael n'était pas en train de dormir. Bon et bien, deman, ce sera grasse matinée.
La lampe de chevet s'éteint et une main vient se poser sur ma taille.

De nouveaux bruits sourds retentissent, accompagnés de cris, de lamentations. Il se tire les cheveux avant de frapper le mur une dernière fois tout en poursuivant sa plainte. Puis il s'écroule à genoux devant le mur en pleurant.

Tourmentée.  [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant