*le lendemain*
Mon moral n'est pas bien haut cet après-midi. Cela fait bientôt vingt-quatre heures que je n'ai eu aucun contact avec un quelconque être humain. Et se retrouver toute seule si "longtemps" alors qu'il y a quelques jours, Luke me balançait de la pizza à la gueule, je peux vous dire que ça fait drôle.
Enfin bref, ma soirée d'hier et ma matinée d'aujourd'hui ne se résument à rien. J'ai juste mangé, dormi et réfléchi. Beaucoup réfléchi.
En fait, quand je "réfléchis", le plus souvent, je me contente de penser à des choses horribles. Cela ne se finit jamais en une belle conclusion intelligente et lucide.
Je n'ai envie de rien faire, si ce n'est prendre des somnifères pour hiberner plusieurs jours d'affilée. Enfin, cela m'a déjà amenée sur un lit d'hôpital et je n'ai aucune envie que ça recommence.
Je ne peux pas m'empêcher de repenser à tout ce qui s'est passé en un an. Aussi fou que cela puisse paraître, la rencontre des garçons a "un peu" chamboulé ma vie. Les interrogatoires de Mike, puis l'hôpital, puis l'affaire Harris...
En même temps, je me dis que si ma vie était restée telle qu'elle l'était, c'est-à-dire avec cette voix de merde, avec cette lassitude à l'idée de se sociabiliser un peu plus, j'aurais peut-être été amenée à... Je sais pas, faire des rites sacrificiels avec des paillettes (okay, c'est ironique), ou truicider des gens qui sait ? Mais que dis-je ? Je me serais probablement pendue.
J'espère que l'année prochaine ne sera pas aussi éprouvante. J'aimerais vraiment que le procès nous permette d'oublier ces trois derniers mois, qu'après celui-ci, on puisse définitivement tourner la page.
Je me rends compte que plusieurs événements vont se succéder dans les jours à venir : le procès, l'anniversaire de ma première année passée avec Michael, la remise des notes de mes épreuves. Ces trois événements me font stresser. D'autant plus que nous sommes le 20 juin ; cela va bientôt faire un mois que Harris a tenté son crime. Encore heureux que notre anniversaire à Mike et moi tombe le 29. Je me demande ce que l'on fera ce jour-là d'ailleurs.
Le procès quant à lui aura lieu début juillet. De quoi bien commencer l'été...18H03.
Le soir venu, je me rends compte que ma journée ne s'est résumée à ruen, et que les autres suivront de la même façon.
Je décide d'appeler Mel, consciente qu'elle aussi se trouve probablement seule chez elle.
*première tonalité*
...
*deuxième tonalité*
...
"Allô ?
- Allô Mel ?
- Salut Al ça va ?
- Ça va normal disons et toi ?
- Pareil.
- Dis, t'es toute seule chez toi ?
- Oui pourquoi ?
- Je comptais te propser de venir à la maison ou alors que je vienne chez toi, enfin qu'on passe une nuit ou même plusieurs jours ensemble, qu'en penses-tu ?
- Ah bah nickel je m'emmerde un peu, donc bon tu sais quoi ? Je vais venir chez toi, ça fait un moment que je suis pas allée chez toi.
- Ah bah okay super, je viens te chercher et on se fait un resto japonais ou comme tu veux, ça te va ?
- Ouaip, resto jap', nickel !
- Okay, j'arrive de suite.
- À plus !"
J'aime bien improviser des sorties. Je me prépare en vitesse et prend mon argent avec moi, avant de monter dans la voiture. Cet argent, c'est des économies que je me suis faites l'année passée avec des petits boulots et tout ça. En revanche, cette année, avec mes troubles qui s'accroissaient, puis mon internement, je ne suis presque pas allée travailler. D'autant plus que j'avais des cours à côté.
Je mets le contact et me dirige vers là où habite Melody.18H32.
"Nous voilà à la maison !", je m'exclame en garant la voiture.
Melody pousse un petit cri de joie, puis nous sortons de la voiture pour aller chez moi.
On discute un peu de tout. La conversation commence sérieusement avec le départ de Mike, puis l'atmosphère se détend.
Je suis contente de voir que je ne m'ennuyerai pas ce soir.