3 : Obscurité menaçante.

2.4K 266 62
                                    

  Cette semaine est déjà notre quatrième semaine de colocation. J'ai évité de passer trop de temps avec lui parce que sa bonne humeur permanente me pèse plus qu'autre chose. Mais surtout parce qu'étrangement, son corps commence étrangement à m'attirer plus que la normale... Ce rêve érotique m'a hanté l'esprit nuit et jour jusqu'à aujourd'hui. Bien que je pensais n'être qu'hypnotisé par son sourire remarquable, j'entrevois d'autres explications. Et bien évidement, elles ne me plaisent guère. Je ne peux pas l'expliquer. Bien que j'évite sa personne un maximum, Takuya continue de me tyranniser l'esprit. Chaque geste qu'il fait me paraît suspicieux, chaque mot prononcé sonne comme un sous-entendus que je ne saurais décrire... J'ai même finis par pensé que j'étais devenu fou par sa faute. Peut-être est-ce simplement de la jalousie à son égard. Il faut dire que ma vie n'est en rien comparable avec la sienne...

Ce soir, j'ai décidé de travailler sur mes derniers projets avant de les envoyer au producteur. J'ai pris beaucoup de retard mais je sais que je réussirai à finir dans les temps...comme toujours. Je suis nerveusement installé sur la table de la cuisine à travailler sur les paroles de l'une de mes chansons alors que Takuya bosse sur je ne sais quoi, sur la table basse du salon, à quelques mètres derrière moi. Je désespère totalement face à ce que j'écris. Putain, qu'est-ce qui m'arrive encore ? La page blanche ou autrement dit le manque d'inspiration est l'une de mes plus grandes peurs. Ne plus réussir à écrire revient à dire que je ne sais absolument plus rien faire de ma vie et c'est véritablement quelque chose qui me terrorise. Parce que je sais que le jour où je n'aurai plus rien à offrir à ce monde, je serai inutile et bon à jeter. Et j'ai sincèrement foi à espérer que je n'aurai plus jamais ce genre de pensée.

– « Ya, Jaejoon. Tu fais quoi ? » mes questionne joyeusement Takuya. Je ne l'ai même pas vu approcher, ni même entendu. Confortablement, Takuya vient poser sa main sur mon épaule se penchant au passage, sur mon travail pour y jeter un œil. Je l'analyse lire sérieusement mes brouillons et sans réellement savoir pourquoi, je me retrouve à m'attarder sur sa pomme d'Adam. Je le regarde, fasciné comme obnubilé jusqu'à ce qu'il ne s'en aperçoive. Nos pupilles se croisent me ramenant instantanément à la réalité. Par panique et sûrement pour avoir une bonne excuse à se comportement irrationnel, je fais semblant d'enlever quelque chose sur son cou avant de fuir son regard. Il me remercie timidement d'un grand sourire avant de complimenter mon travail. Qu'est-ce qu'il y connaît lui, d'abord ? Et est-ce qu'il va rester là, collé à moi ? « Tu as faim ? Je vais préparer quelque chose à manger. » propose-t-il soudainement, comme motivé. J'acquiesce pour le pousser à m'ignorer quelques minutes. Le problème, c'est que moi j'ai énormément de mal à l'ignorer. Il faut dire que le regarder cuisiner sans s'arrêter de sourire me fait ressentir toutes sortes de chose, des choses inexplicables que je ne parviens pas à décrypter, ni même à comprendre un peu... Putain, je crois que je deviens fou... Mon colocataire japonais nous sert studieusement le repas qui, honnêtement m'a l'air vraiment délicieux. Il goutte sa soupe aux choux chinois avant de sautiller sur sa chaise, fier de sa réalisation. Quoi, elle est si bonne que ça ? Il me tend sa cuillère en me proposant d'y goûter, remarquant que je suis surpris par sa réaction. « Goûte. Elle est vraiment bonne, j'te jure ! J'crois que j'me suis vraiment surpassé... » se vante-t-il. Il veut que je le frappe ou bien...? Je commence à manger sans faire attention à lui, laissant sa cuillère en suspend dans le vide. Takuya ne s'arrête pas de sourire pour autant et imite mon geste sans rien dire. Le fait de ne pas réussir à écrire mes paroles m'occupe l'esprit plus que jamais. Si je n'ai plus les mots, je n'ai plus d'ambition et on ne peut pas dire que j'en ai beaucoup alors il serait préférable pour moi de retrouver l'inspiration. « Tu as un grain de riz... » marmonne-t-il de manière presque inaudible. Je lève alors les yeux vers lui alors que mon regard s'était longuement perdu sur le liquide que contient mon bol. Il tend soudainement sa main vers moi avant de venir caresser le recoin de ma bouche. « Juste ici... » finit-il avant de me sourire. Tétanisé, figé...je tente de rester impassible face à son geste. Pourquoi agit-il de cette façon avec moi ? A chaque fois, je finis par me faire des idées. Est-ce qu'il joue avec moi ? Est-ce qu'il se moque de moi ? Je le regarde, humilié par l'accélération de mes battements de cœur après qu'il soit venu créer un contact physique volontaire avec moi. Peut-être qu'il ne pensait qu'à me débarrasser de ce grain de riz mais pour moi, cela avait une toute autre apparence. Je continue de manger silencieusement, ne prenant même pas la peine de le remercier. Je crois que Takuya comprend que sa façon d'agir avec moi me déplaît mais certainement trop poli pour me questionner, il décide simplement de terminer son repas. J'ai proposé de ranger seul la cuisine pour le laisser retourner travailler sur ses cours. En réalité, c'était surtout pour l'éloigner de moi. Plus il est loin, mieux c'est... Alors que je fais la vaisselle, je l'entends s'acharner sur son bouquin, jurant sûrement en japonais. Un léger rire s'échappe de mes lèvres. Alors Takuya aussi peut s'énerver ? Moi qui le croyais indéfiniment heureux et apaisé... Peut-être que lui aussi n'arrive pas à être efficace ce soir. Je finis par abandonner mon travail, trop confus et préoccupé pour réussir à créer quelque chose de potable. Je m'allonge complètement sur le sofa pour regarder la télévision. Curieusement, j'observe Takuya. Assit sur le tapis, il est sérieusement captivé par ses livres. Je suis certaine que cet idiot ne se rend même pas compte qu'il fronce les sourcils depuis déjà dix minutes, un crayon dans une main, l'autre le point serré.

Évidence |takujae|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant