5 : Game Over.

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Alors que j'avale mon onzième verre d'alcool, je me souviens de la première fois où j'ai pleuré. La façon dont j'ai essuyé mes larmes avant de courir dans les bras de ma gouvernante pour me plaindre de ma douleur. Je me souviens aussi de ce qu'elle m'a dit ce jour-là : Arrête de pleurer et enterre profondément cette peine à l'intérieur de toi. Alors tout ça ne sera plus qu'un lointain souvenir... Sans que je ne prenne le temps de le réaliser, ce n'était plus qu'un sentiment éloigné, oublié... Une simple égratignure au genou disparaît rapidement mais une plaie plus importante demande un certain temps pour la cicatrisation, pour l'acceptation. Ce sentiment est devenu banal parce que la phase de guérison ne s'est jamais terminée pour moi...elle continue d'exister. Ma blessure est bien trop profonde pour connaître un quelconque sentiment d'apaisement. Depuis ce jour, j'ai pleuré des centaines et des centaines de fois sans avoir personne autour de moi pour me réconforter, sans avoir personne pour me dire qu'il suffit d'oublier sa souffrance et de passer à autre chose. Replier sur moi-même, agonisant presque sur mon lit, il m'arrive parfois d'attendre que cette émotion disparaisse. J'essaye plus que quiconque de l'enterrer au fin fond de mon âme pour omettre ce traumatisme...en vain... J'ai essayé de l'effacer et de ne plus ressentir la douleur mais j'ai vite abandonné. Combattre contre mes propres démons me bouffe littéralement toute mon énergie. J'ai beau demander de la chaleur humaine, il n'y a personne pour combler ce manque. Mon cœur est devenu froid et a perdu la volonté d'aimer. J'ai préféré errer dans l'ombre plutôt que d'essayer de me guérir tout seul, car l'humanité est si effrayante à mes yeux. Je ne peux avoir confiance en personne. Ma vie a continué comme si elle ne cesserait jamais. Pourtant, à huit ans, j'avais déjà souhaité mourir une dizaine de fois. J'ai souhaité que la mort vienne me trouver parce que je n'aime pas me sentir aussi vide, je n'aime pas vivre dans ce monde...il est si différent de ce que j'espérais, il est pourtant si imposant. On ne peut pas lui échapper. Toutes ces nuits de solitude...je les hais... J'ai vécu ça toute ma vie en boucle alors qu'à l'origine je n'étais en rien concerné. Pourtant je suis le seul à souffrir aujourd'hui. Ils vivent heureux...eux... Ils continuent de vivre en oubliant les mauvais moments, ceux dont ils ont eu honte alors que moi, la honte est constamment présente. C'est elle qui me maintient en vie.

– « Tu veux qu'on rentre chez toi ? » me chuchote Minha à l'oreille d'un large sourire, emplit de sous-entendus. Est-ce que j'ai vraiment envie d'elle ce soir ? Je reste silencieux quelques secondes avant qu'elle ne vienne frotter son intimité contre la mienne... Oui, j'ai définitivement envie de me faire du bien.

– « Dans les toilettes ? » assurais-je simplement même si je connais déjà sa réponse.

– « Tu sais que je déteste ça, non ? » rit-elle avant de mener ma main sur sa poitrine, cherchant à m'amadouer.

– « Y'a Takuya chez moi, on peut pas... » concluais-je sèchement. Minha rit une nouvelle fois avant de me tirer contre elle pour m'aider à me relever. Nous marchons tous les deux, mains dans la mains jusqu'aux toilettes, titubant d'un mur à l'autre. Je me précipite sur son corps lorsqu'elle referme la porte de la cabine derrière elle. Elle appuie sensuellement sur mes épaules pour me faire asseoir sur les toilettes alors qu'elle vient me chevaucher, un genou de chaque côté de mon corps pour m'embrasser langoureusement. Je sais que je ne vais pas tenir bien longtemps...je suis sous pression ces derniers temps. Ses mains me tiennent fermement le visage pour nous empêcher de nous perdre alors que nos langues s'enroulent l'une contre l'autre. Je maintiens sa fine taille tandis qu'elle recommence à se frotter contre moi. Elle me rend complètement dingue ce soir... Mon érection trouve sa place entre ses jambes, je ne veux qu'une chose la faire entrer le plus rapidement possible. Elle enlève rapidement sa robe me laissant caresser chaque partie de son corps. Minha est vraiment sexy...beaucoup plus que d'habitude. Je l'embrasse et lui tire les cheveux avec plus de brutalité alors que mon envie devient de plus en plus douloureuse. « J'ai mal, putain... » soufflais-je entre deux baisers. Elle ne m'écoute pas, elle continue de me torturer alors que mon souffle s'accélère désespérément. Elle saute presque sur moi alors que je porte encore mon jean et que sa petite culotte reste une barrière pour mon désir. Elle se lève et déboutonne finalement mon pantalon sans lâcher mes yeux du regard, alors que je me mords les lèvres d'appétit. Elle se laisse soudainement tomber sur ses genoux, me souriant à pleine dent... Oh, oui, putain... Sa main vient attraper mon pénis pour le mener jusqu'à sa bouche. Je laisse alors ma tête tomber en arrière pour savourer les caresses de sa langue contre ma peau. Elle le fait si bien, putain... Ma main vient la pousser encore plus près de mon sexe, qui se resserre de plus en plus. Je le sens prêt à exploser entre ses magnifiques lèvres pulpeuses. Putain...Takuya... J'ouvre les yeux pour essayer de reprendre mes esprits mais, avec l'alcool, la drogue et la sensation que me procure Minha, je me perds totalement. Tout ce que je sais, c'est que je viens silencieusement de gémir le nom de mon colocataire japonais alors que Minha s'applique frénétiquement sur mon pénis. J'ai comme des flash-back entre mon rêve de la semaine dernière et la scène qui s'offre à moi. Je commence à paniquer alors que ma partenaire commence à gémir érotiquement, mon membre en bouche. Je referme les yeux pour essayer de continuer à savourer les attouchements fantaisistes de sa langue... Putain, pourquoi je pense à Takuya maintenant ? Je me laisse emporter par mon imagination et cesse de lutter contre le visage de Takuya qui occupe ce moment de sensualité. Je me laisse porter par les fantasmes que me procure cet homme et apprécie ce que je vis jusqu'à ce que je me vide en elle. Elle continue de me pomper quelques secondes pour me faire savourer pleinement ce moment d'extase... Takuya est si addictif à mon esprit que j'espère désespérément qu'il repose sa bouche sur mon engin lors de mon prochain rêve. Je me rhabille rapidement pour laisser Minha seule dans la cabine, alors qu'elle m'interroge plusieurs fois sur mon comportement étrange avant que je ne disparaisse. Je cours presque jusqu'à ma voiture. Un monstre, voilà ce que je suis en ce moment. Complètement dégoutté par moi-même, je ne veux qu'une chose, me laver de tous ces fantasmes à la con. Je suis sûrement trop bourré, trop drogué pour penser convenablement. J'ouvre la porte avec difficulté avant de retirer mon manteau et mes chaussures les laissant traîner sur le sol du couloir de l'appartement. Une douche, je dois prendre un douche... J'allume l'eau et prend place dans la cabine. Je me laisse glisser contre le mur repliant mes jambes contre moi-même. Est-ce que j'ai finalement fini par devenir fou après tout ce temps ?

Évidence |takujae|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant