1 : L'angoisse de me retrouver face à la réalité.

5.1K 296 93
                                    

L'obscurité est la première chose dont je me souviens. Il faisait noir, sombre, je distinguais à peine mes pieds... Il faisait froid et j'avais peur. Comment j'étais arrivé là, pourquoi j'étais là, ce que j'étais censé faire, je ne le saurais jamais... Je criais, j'appelais...un nom, un bruit...en vain...seul l'écho de ma voix résonnait dans cette pièce vide d'humanité... Dans ce moment désespéré, j'ai attendu et prié pour un miracle jusqu'à en perdre la voix et le souffle. Je n'ai eu aucune réponse, aucune aide, aucune opportunité. Je pouvais à peine me sentir, mes sens m'abandonnaient au fur et à mesure que le temps défilait. Abattu, complètement découragé je me suis gentillement laissé emporter par cette mauvaise humeur comme si j'attendais studieusement la faucheuse dans mon coin. J'étais comme aveuglé, aucune lumière en vue depuis plusieurs jours...peut-être même des semaines. Mon petit corps d'enfant arrivait à peine à se soulever. C'est à bout de force, sans plus aucune énergie que je réclamais quelque chose à manger, traînant mon corps, écorchant ma peau sur le sol pour frapper contre la seule porte que j'avais réussi à deviner. J'ai frappé pendant des heures contre le métal de ma seule issue, de la solution que j'avais à ma portée. J'ai cogné de tout mon courage, de toute ma vigueur en suppliant, en implorant la fin de ce calvaire. Lorsque mes yeux gonflés et épuisés s'ouvraient, mes petites mains cherchaient dans tous les sens quelque chose à mener jusqu'à ma bouche. C'était devenu un automatisme. Je savais qu'ils entraient lorsque je dormais. Mais essayer de rester éveillé était beaucoup trop difficile pour moi. Je n'avais même pas idée de ce que je mâchais...mais je mourrais de faim alors un rien m'aurait suffit. Parfois, la pluie se faisait entendre contre la fenêtre. Si seulement j'avais pu l'atteindre pour m'enfuir ou même ne serait-ce que la voir de mes propres yeux... Peu importe ce que j'aurai trouvé à l'extérieur, j'aurai tout simplement couru pour m'enfuir d'ici. J'aurai cherché, couru, tenté de ne plus jamais revivre un tel cauchemar. Eomeoni, abeoji, mes hyungs, mes noonas...j'aurai fais confiance à n'importe qui pourvu qu'il ne me fasse aucun mal...n'importe qui pourvu qu'on mette fin à cet enfer.Le résonnement de la sonnette dans tous l'appartement me réveille en sursaut. Ma tête me fait affreusement souffrir, comme presque tous les jours. J'ai encore bien trop bu pour me souvenir de ce que j'ai fais la veille mais la fille allongée sur mon lit me rappelle de vagues souvenirs. Je regarde autour de moi cherchant mon portable pour connaître l'heure mais j'abandonne bien rapidement en constatant que ma chambre ressemble à un vrai champ de bataille. Je me suis encore une fois laissé emporter par la folie de l'alcool... J'attrape rapidement un t-shirt pour m'habiller tandis que l'autre énergumène s'excite toujours sur la sonnerie de ma porte d'entrée, m'affligeant quelques grincements de dent au passage. Je vais le tuer pour cette insistance, mon crâne ne supporte pas autant de vacarme dès le matin. Je marche aveuglement, les yeux mi-cos vers la source du problème. Si c'est encore ce putain de facteur à la con...je crois que je vais sérieusement penser à l'envoyer chier. J'ouvre la porte, encore un peu endormi. L'énergumène en question se tient devant moi, un grand sourire sur les lèvres, le visage assez bronzé. Je l'analyse sans grande discrétion de haut en bas, d'un air méprisant. Pour qui il se prend à me réveiller aussi tôt lui ?

– « Oh, hum... Tu es Jaejoon ? » me demande-t-il d'une voix amicale. J'acquiesce avant de lui demander ce qu'il attend de moi. S'il s'est acharné de manière aussi exagéré sur ma porte c'est que sa venue est sûrement importante. L'homme me regarde, les yeux souriants. Pourquoi est-ce qu'il continue de sourire bêtement, comme ça ? Je m'attarde légèrement sur son physique... Il est aussi grand que moi mais il semble un peu plus jeune. Ses cheveux blond foncés indique qu'il est plutôt du genre extravagant pourtant ses vêtements sont assez simples. Je flâne quelques secondes sur son grain de beauté positionné juste sous ses lèvres avant de reprendre le fil de la discussion. « Ah, tu as du oublier... Je suis Takuya Terada, ton nouveau colocataire. Tu sais...on s'est parlé au téléphone ?! » articule-t-il chaleureusement en me tendant sa main. Je reconnais alors son accent japonais qui m'a paru familier quelques instants auparavant. Merde...c'était aujourd'hui ? Je gratte nerveusement la gorge, prétendant ne pas avoir oublié.

Évidence |takujae|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant