Évidence |takujae|

30 : Ils m'ont détruits, ces enfoirés.

  – « Jaejoon, qu'est-ce que... » m'interroge Sungkyung. Elle s'est rapidement levé pour venir vers moi et tenter de me calmer avant que je n'empire ma situation. Savoir que je risque gros en leur adressant la parole aussi vulgairement me fait bien rire. Je me moque de ce qu'ils vont choisir de me faire, je supporte bien leur ignorance depuis tant d'année sans rien demander, alors ce n'est pas une dispute qui me stoppera aujourd'hui, surtout avec ma mauvaise humeur.

– « Vous voulez vraiment que je devienne fou, n'est-ce pas ? » continuais-je, ignorant ma grande sœur. Mon père se lève promptement, sous le regard étrange de mes deux hyungs.

– « Je peux savoir ce qui te prends ? Tu ne vois pas que tu nous interrompt ? » s'écrit-il, déjà énervé par mon comportement. Je m'autorise à rire ouvertement. Oh...je les ai interrompu ? Moi ? Il fronce les sourcils face à mon insolence.

– « Veuillez m'excuser d'être encore en vie et d'avoir encore la possibilité de parler, abeoji. Mais... Pourquoi est-ce que vous avez fait ça ? Vous me volez mon argent comme on confisque un jeu vidéo à un gamin ? Pour qui est-ce que vous vous prenez à venir me voler mon argent ? » Il ne semble rien comprendre à ce que je raconte comme si je parlais une toute autre langue. Soit il est très bon acteur, soit il n'y est vraiment pour rien. Je vérifie alors par moi-même. Je pose mon regard de tueur sur ma mère et là...la réponse me saute aux yeux. Je vérifie du côté de Dahee, elle aussi à les yeux baissés évitant à tout prix une quelconque confrontation avec moi. C'est elles. Je le savais. Elles me gâcheront vraiment la vie jusqu'au bout...

– « Premièrement, tu vas baisser d'un ton avant que je ne vienne te faire taire par moi-même et deuxièmement, tu vas... »

– « C'est vous...hein ? » dis-je hautainement, venant couper mon père au passage. Les autres suivent mon regard alors que ma mère et ma sœur me tiennent tête comme s'il y avait de quoi être fière. « Vous... Vous voulez vraiment me gâcher la vie, hein ? » Les larmes me montent aux yeux mais je ne peux m'empêcher de rire comme un psychopathe face à leurs imbécillités. Mais qu'est-ce que c'est que cette famille de dingue, sérieusement ? Elles n'ont vraiment rien d'autre à foutre de leur misérable vie ? Pourquoi s'acharnent-elles de cette façon sur ma personne ?

– « De quoi est-ce qu'il parle, Dahee ? » interroge mon père en s'adressant à ma plus grande sœur. Ma mère se lève pour venir la défendre rapidement et expliquer à sa place. Certainement pour ne pas être dites coupable sans avoir essayé de sortir un ou deux mensonges avant. J'ai hâte d'entendre ce qu'elle a à dire, ce qu'elle va trouver comme excuse bidon pour venir foirer ma vie sans même me prévenir.

– « Jaejoon est gay. » énonce-t-elle sans aucune gêne. Mes joues rougissent de honte. Mon cœur loupe un battement. J'ai presque du mal à respirer tellement j'en ai le souffle coupé. Comment sait-elle que... « Il sort avec son colocataire japonais. » ajoute-t-elle, m'enfonçant un deuxième couteau dans le dos. Mon père et mes deux frères m'analysent tel un monstre, choqués par cet aveu. Son attitude apparemment si indifférente face à mes souffrances vécues et encore présentes me révolte et me met complètement hors de moi. Ma mère m'insupporte tellement qu'elle me donne envie de lui taper dessus. Je voudrais pouvoir la tuer de mes mains en cet instant. Pour la première fois de ma vie, je meurs d'envie de l'étrangler et de mettre en application mes envies de meurtre que j'ai développé intérieurement depuis mes huit ans.

– « C'est faux ! Abeoji lui a trouvé une femme, il va se marier. N'est-ce pas, abeoji ? » hurle presque Sungkyung, comme si ma vie en dépendait. Moi, je ne trouve plus rien à dire, à faire. Je me sens si misérable, comme si je venais d'être mis à nu juste devant eux. Je baisse les yeux, humilié. Je ne veux pas croiser le regard de mon père, je n'en ai pas la force.

– « Il est gay ! J'en ai la preuve, abeoji ! » contredit Dahee, en s'approchant de père pour le convaincre. « J'ai un enregistrement sur lequel il dit être amoureux de ce japonais ! J'ai engagé deux hommes pour le surveiller, ils peuvent témoigner ! » Deux hommes ? Me surveiller ? Dahee m'espionne depuis combien de temps exactement ? C'est quoi ce bordel ? Silencieux, je me contente de regarder celle qui est censé être ma sœur, celle qui partage mon sang, ma famille. Comment a-t-elle pu aller aussi loin ? Pourquoi me déteste-t-elle autant ?

– « Deux hommes ? Ne me dis pas que Taehyung et Yoongi sont... » commence Sungkyung, apparemment aussi surprise que moi. Le long regard que me lance Dahee répond parfaitement à sa question. Putain... Je veux crier, hurler, pleurer et frapper tout ce qui se trouve sur mon passage. Comment...Comment ont-ils pu ? Mes jambes se mettent à trembler, si je reste là une seconde de plus, mon corps va certainement s'effondrer. Le choque est tellement immense que ma tête commence à tourner. « Espèce de sale garce ! Comment peux-tu faire ça à ton propre frère ? » grogne ma plus jeune sœur. Dahee continue de l'ignorer, cherchant désespéramment à capter l'attention de mon père.

– « Je l'ai fais pour vous, abeoji ! Si quelqu'un le découvre, si les journalistes écrivent sur notre famille. A quel point allons-nous être humilié juste par sa faute ? Il agit imprudemment, il s'amuse, se drogue, boit et profite de la vie sans penser aux conséquences de ses actes. Il va nous pourrir la vie si on le laisse faire... » Son monologue, sa justification me donne presque la nausée. Cette fille est une garce. Pire qu'elle je ne connais pas... Puis soudainement, alors que les deux voix de mes sœurs emplissent la pièce, le silence se fait. Mon père vient tout juste de gifler Dahee. Devant nous. Devant toute la famille.

– « Abeoji ! » marmonne Minho entre ses lèvres, partagé entre la volonté de vouloir s'imposer et de vouloir se taire.

– « Abeoji... » chouine désormais ma sœur, abasourdie par son geste. Les autres se contentent de garder leur surprise pour eux, se demandant certainement si tout cela est bien réel. Oui, ça l'est... Je n'ai pas rêvé. Il vient de la faire taire, juste devant moi.

– « Sors d'ici immédiatement. Et ne remets plus les pieds dans cette maison tant que je ne t'en donne pas l'autorisation. » commande-t-il impassiblement. Mais son regard est tout de même assombri et intimidant. J'ai du mal à croire qu'il l'ait fait taire pour me défendre, je suppose seulement que sa voix stridente lui tapait sur les nerfs...

– « Sungjoon ! » s'écrit ma mère, scandalisée par son attitude si inattendue. Nous le sommes tous à vrai dire, c'est la première fois que mon père lève la main sur l'une de mes sœurs. Qui aurait cru qu'il se retournerait contre les agissements de Dahee et ma mère ?

– « Tu ferais mieux d'aller réparer tes idioties avant que je ne le fasse moi-même. Maintenant, sortez tous. Je dois parler à Jaejoon. » a-t-il continué stoïquement. Lorsque les autres me passent devant, je ressens un long frisson dans le dos. C'est effrayant. Je sens que ce moment va être l'un des moments les plus angoissant de toute ma vie. Je ne suis pas prêt à lui faire face après ce qu'il vient d'apprendre de moi. J'ai peur. Extrêmement peur. Une fois le silence retrouvé dans la pièce, mon père s'approche un peu plus de ma personne, venant s'appuyer sur le rebord de la table juste en face de moi. Mes yeux fixe le vide, trop apeurés pour lui adresser un regard. « Est-ce que c'est vrai ? » me demande-t-il flegmatiquement. Dois-je nier ? Avouer ? Mais que va-t-il se passer par la suite si je lui dis ce que je ressens pour Takuya ? Je décide d'être honnête. Je n'ai plus rien à perdre de toute façon. J'hoche simplement la tête, fuyant toujours le regard insistant qu'il me porte. Pourquoi me dévisage-t-il de cette façon ? C'est tellement perturbant... « Toi... Tu... » soupire-t-il d'agacement. C'est le moment. Il va certainement me frapper et me traiter de tous les noms avant de me maudire et de me renier une bonne fois pour toute. Mais non...je n'ai pas envie de le laisser faire sans rien dire. Aujourd'hui, c'est moi qui ai le dessus sur lui. C'est moi qui vais commander cette conversation, je vais enfin prendre les décisions en tant qu'adulte.

– « Je me fous de ce que vous en pensez. Je me fous de savoir si cela vous plaît ou non ou même si cela va porter atteinte à notre nom. J'en ai strictement rien à foutre, putain... Vous savez pourquoi ? Parce que toute ma vie, depuis que j'ai huit ans, je tout fais pour être transparent. Je tout fais pour ne plus vous décevoir. Je ne voulais plus avoir à faire à votre regard dégoutté, à vos reproches mal placés. Je me laissais crever comme si ma vie n'avait plus aucun sens, comme si je ne méritais pas de vivre. Je ne peux plus faire ça. Je n'ai plus la force de rester seul. Lui, il est là pour moi. Quand vous êtes tous à essayer de me pourrir la vie plus qu'elle ne l'est déjà, lui il est là pour me réconforter, il est là pour me soutenir. Je vous hais, je vous déteste tous. Vous ne méritez même pas que je me mette dans cet état pour des gens comme vous. Vous n'êtes que des enfoirés... » raisonnais-je, laissant les larmes dévaler sur mes joues. Cet homme ne mérite pas de faire partie de ma vie. Celui qui prétend être mon père ne mérite pas de connaître ma douleur et ma souffrance... Pourtant...j'en ai toujours rêvé. Je m'en vais pour quitter la pièce mais...une dernière pensée me traverse l'esprit. « Désormais, vous n'êtes plus rien... Je ne fais plus partie de cette famille. Je ne veux plus jamais vous revoir, vous...eomeoni et les autres. Je vais totalement vous oublier... Je ne remettrais plus jamais les pieds ici. » terminais-je avant de déguerpir et de claquer la porte au passage. Je me sens soulagé d'avoir pu dire les choses telles que je les pense. Il était temps pour moi de me détacher d'eux, ils n'ont fait que m'enfoncer durant tout ce temps. Minho et Jongsuk me regardent curieusement, certainement surpris que je sois encore debout sur mes jambes. Sungkyung court presque jusqu'à moi pour me questionner. « Depuis quand est-ce que tu es au courant ? » m'exaspérais-je. Il est évident qu'elle savait tout depuis déjà un moment. Son comportement jusqu'ici inquiet se métamorphose. Je suis vraiment déçu d'elle... Moi qui avais confiance en elle, j'apprends qu'elle m'a menti.

– « Je... Je vous ai vu vous embrasser sur le parking du Starnight. » murmure-t-elle, embarrassée, l'air coupable. Putain...et elle a fait comme si de rien n'était tout ce temps ? « Je n'ai rien dis parce que sur le coup...j'étais vraiment...choquée et dégouttée... J'ai fais semblant d'être ivre, je ne pouvais pas te faire face. Je n'étais pas prête. Et quand je vous ai entendu, tous les deux dans la chambre... » Quand je repense à cette soirée et à la façon dont nous nous sommes fais jouir l'un l'autre, mon visage rougit de honte... Et dire qu'elle était éveillée, qu'elle a tout entendu, qu'elle savait. Je me sens extrêmement con, comme si elle venait de me tromper. « J'ai attendu que vous vous endormiez pour partir. J'ai eu le temps de réfléchir toute la nuit et j'ai accepté de me marier à condition que père te trouve une femme. Je voulais te protéger de notre famille, des gens... Je... »

– « Tu as accepté de te marier pour moi ? Est-ce que tu es idiote ? Est-ce que tu es aussi égoïste au point de pas penser à ce que je ressens ? Parce que c'est un homme, ça n'a pas d'importance pour toi, c'est ça ? » l'interrogeais-je, complètement hors de moi. Elle reste sans mot, comprenant qu'elle ne peut rien redire à cela. C'est ce qu'elle pense. Elle pense que parce que Takuya est un homme, rien n'est sérieux. Elle est certainement en train de se dire que ce n'est qu'une phase, qu'une expérience de plus pour passer le temps. Et ça me blesse que même elle ne soit pas capable de me soutenir. De soutenir mon amour pour Takuya. Je la laisse là et quitte la maison. J'ai besoin de rentrer, de tout balancer à mon homme, de me calmer et de me remettre les idées en place. Mais apparemment les confrontations du jour ne sont pas encore terminées. Dahee fait les cents pas devant ma voiture, les bras croisés contre sa poitrine. Si elle me tape sur les nerfs, je ne répondrai plus de mes actes.

– « Tu es heureux, je suppose ? Tu as encore une fois triomphé, hein ? » râle-t-elle, visiblement encore humilié par le geste de père lorsqu'elle m'aperçoit. C'est même hilarant de voir à quel point elle retourne la situation. Elle est là, avec son air supérieur à me faire la morale mais c'est elle qui a merdé. C'est elle qui a agit de façon immature. « Tu es le pire d'entre nous, Jaejoon. Jouant les victimes pour être le favoris de père... Tu es pitoyable. » bougonne-t-elle sérieusement. Cette fille...

– « Tu es sérieuse ? Tu es vraiment en train de sous-entendre ce genre de chose ? N'as-tu pas un minimum de fierté, Dahee ? » J'ai l'impression qu'elle se fout littéralement de moi. Comment ose-t-elle dire une chose pareille ? Alors qu'elle sait tout ce que j'ai vécu ? Cette fille n'a aucune pudeur, aucune humilité. Elle est tellement...aveugle et stupide.

– « De la fierté ? C'est toi qui parle de fierté, Jaejoon ? C'est qui qui couche avec un homme, c'est qui qui agit aussi salement avec son colocataire ? » rit-elle, se moquant ouvertement de moi. Mon sang ne fait qu'un tour. Je ne peux pas la laisser parler de cette façon de ma relation avec Takuya. Elle ne sait rien de nous, elle ne peut pas comprendre à quel point il est précieux pour moi.

– « Ferme-la. Ne dis plus un mot de plus. Tu es tellement bornée que tu ne comprends rien aux sentiments des autres. » bougonnais-je pour clore le débat. Mais ma grande sœur vient me retenir le bras pour m'empêcher de fuir. Elle semble parfaitement décidée à cracher tout ce qu'elle garde en elle depuis si longtemps. A croire que je suis le démon de ses nuits, comme si elle avait quelque chose à me reprocher alors que j'ai toujours éviter de me retrouver face à elle.

– « Moi, je ne comprends rien ? C'est toi qui est complètement à côté de la plaque, Jaejoon. Tu t'accroches désespéramment à ton colocataire parce qu'il te fait du bien ? Mais comment vas-tu faire le jour où il s'accrochera à toi et qu'il te demandera de faire sa vie avec lui ? N'es-tu pas celui qui est borné et égoïste ? » Elle marque un temps de pause avant de lever la main pour me dissuader de lui répondre. « Tu ne te souviens pas ? Du regard...de la joie qui l'a traversé lorsqu'il a trouvé cet anneau dans son assiette... Tu ne t'es pas senti coupable de jouer avec lui ? Alors que tu sais bien que jamais tu ne pourras créer quelque chose avec lui ? » Elle a joué avec nous depuis tout ce temps ? C'est elle qui est derrière tout ça ? Mon cœur se brise. Elle me touche là où ça fait mal, là où je souffre terriblement. Bien sûr que j'ai peur d'être trop égocentrique et de ne penser qu'à mes sentiments. J'ai peur de ne plus laisser Takuya partir et de l'empêcher de mener une vie normale et de fonder une vraie famille avec une femme qui l'aimera de la bonne façon mais...il m'aime, j'ai confiance en ses sentiments. Et moi, je l'affectionne et l'adore tellement que j'ai du mal à me rappeler que notre relation amoureuse n'est pas acceptée et normale aux yeux de tous. Je veux le retenir même si je ne pourrai jamais procréer ou me marier. En fait, je me fiche complètement des différentes étapes de la vie si je peux l'avoir à mes côtés jusqu'à ma fin...

– « Tu es pathétique, Dahee. Complètement obnubilée par les autres. Tu penses que parce que nous sommes des hommes, nous ne pouvons pas nous aimer réellement ? J'aime Takuya plus que tu n'aimeras jamais ton propre mari alors que lui t'admire presque. Ne vient pas parler d'amour avec moi alors que tu n'en comprends même pas le sens... » attestais-je subitement, totalement fou.

– « Comment veux-tu que je le sache ? Personne ne m'a jamais porté d'attention dans cette famille ! Il n'y en a que pour toi et ce depuis toujours ! » Je la regarde complètement ébahi. Comment ose-t-elle dire une chose pareille ? « Depuis toujours tu es le chouchou de père. Il te surprotégeait dans ta chambre de peur que tu ne subisses encore de mauvaises choses. Il ne voulait pas que tu reprennes les cours alors que maman se battait pour t'y emmener, parce qu'il était effrayé à l'idée que le regard des autres te gêne. Il prenait toujours ta défense, il nous punissait dès qu'un mot de travers sur toi était prononcé. Il s'est disputé avec maman lorsqu'elle a viré ton professeur particulier et lorsqu'elle était contre ton déménagement. Même lorsqu'il a apprit que tu allais avoir un colocataire juste pour que tu puisses garder ta voiture, il nous a ignoré pendant plus d'une semaine. Simplement parce qu'il savait très bien que tu pouvais t'en acheter des centaines avec les parts de la société. Ça le rendait complètement malade que tu te mettes en danger psychologiquement juste pour ne pas avouer que tu nous volais derrière notre dos, alors qu'il t'aurait donné des millions si tu lui avais demandé ! Tu as brisé leur couple, tu as brisé notre famille... Il t'a laissé partir, sans te marier de force à une inconnue, sans rien t'enlever. Il te payait ton loyer, te laissait t'en sortir lorsque tu faisais n'importe quoi. Il t'a toujours préféré à nous. A cause de toi, il n'a jamais posé les yeux sur moi... J'ai été complètement seule toutes ces années... » pleur-t-elle sans aucune culpabilité, criant des idioties sans s'en rendre compte. Je suis surpris par ce qu'elle vient de m'avouer. Non seulement parce que je ne pensais pas que mon père me portait autant d'intérêt mais aussi parce qu'elle a l'air de vraiment penser que j'ai mené la belle vie durant toutes ces années. Cette fille est folle. Sa jalousie excessive l'a rendu complètement folle. Seule ? Elle, elle a été seule ? Elle veut vraiment me faire croire ça ?

– « Tu es tellement égoïste que tu n'as même pas remarqué à quel point eomeoni faisait attention à toi. A trop te couver, elle a fini par te rendre stupide. Tu crois que abeoji ne pose pas les yeux sur toi par ma faute ? Non... C'est parce qu'il te déteste. Il te déteste parce que tu es exactement comme mère. Tu es exécrable et sans cœur. Il te déteste parce que tu lui fais penser à elle à chaque fois qu'il pose les yeux sur toi. Tu aurais dû faire plus attention à lui au lieu de vouloir m'anéantir à tout prix. Tu as gâché ta vie toute seule, Dahee. Et je ne te laisserai pas gâcher la mienne simplement pour que tu te sentes moins misérable. » Je décide de mettre un terme à cette conversation et entre rapidement dans ma voiture alors qu'elle reste sans voix. Mais j'ai encore une dernière chose à lui dire. J'ouvre la vitre pour en finir une bonne fois pour toute. Autant être clair et honnête avec elle. « Tu dis qu'il m'a laissé vivre ma vie comme je l'entendais parce que je suis son favoris. Tu te plains de la vie que tu mènes alors qu'après Minho, tu es celle qui a la vie la plus accomplie. Tu as un mari puissant et riche qui t'aime réellement, deux enfants adorables, une mère qui te soutient dans toutes les situations et tout ça sans habiter ici. Qui est-ce qui s'en sort le mieux aujourd'hui, Dahee ? Tu ferais mieux d'ouvrir les yeux avant qu'il ne retire tout ça. Parce que face à abeoji, on est toujours perdant... » Je démarre et roule inconsciemment jusqu'à l'appartement. Je veux tout exploser, je vais vraiment péter un câble si je ne me défoule pas dans les prochaines secondes. Je suis légèrement reconnaissant d'être encore vie lorsque je me gare devant l'immeuble. Je ne sais pas si j'augmentais ma vitesse de conduite pour mettre fin à mes jours et oublier tout ce que je viens d'apprendre ou si c'est parce que j'avais la nette impression qu'il fallait que je fuis cette maison horrible le plus vite possible. J'ai ouvert la porte sans même me débarrasser de mes chaussures. Certainement inquiet, Takuya est assis sur le sofa, m'interrogeant du regard. Je fonce dans ma chambre et commence à m'en prendre à mes affaires, aux meubles...

– « Jaejoon ! » s'exclame mon colocataire, paniqué. Il vient m'arrêter m'empêchant de venir écraser mon ordinateur sur le sol. Il me serre vainement dans ses bras, caressant mon dos pour m'apaiser. Je pleurs toutes les larmes de mon corps. Aujourd'hui est une journée bien trop pesante pour moi. Je n'ai pas les épaules assez larges pour supporter tout ça, je ne suis pas assez fort pour prendre conscience des mensonges qui m'ont entouré tout ce temps. Je pensais avoir vécu le pire, je pensais que rien ne pouvait être pire que mon passé mais les choses continuent de dégringoler sans que je ne puisse rien faire. J'ai été trompé par tous. Je n'ai jamais eu d'amis, ni même de famille. On s'est foutu de moi tout ce temps... « Chut...calmes-toi...Je suis là...calmes-toi... » susurre Takuya contre mon oreille. Je me détache doucement de lui après avoir retrouvé un minimum d'énergie pour tout lui expliquer.

– « Yoongi, Taehyung... Ils n'ont jamais été amis avec moi... Ils voulaient juste mes aveux...et j'ai stupidement avoué pour nous deux. Ma famille est au courant, Taehyung et Yoongi travaillent pour Dahee, Sungkyung savait pour nous depuis un moment déjà...depuis la dernière fois qu'elle est venu ici... Tout n'est qu'un pur mensonge, Takuya... Ils m'ont détruits, ces enfoirés... » gémissais-je venant coller mon front contre le sien. Mon homme me regarde avec de gros yeux. Il est sûrement aussi surpris que moi. Comment aurions-nous pu l'imaginer après tout ? Tout ça me semble si irréel...