22 : Je ne peux plus faire semblant.

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Après une longue douche partagée à deux, je viens m'étaler sur mon lit, le portable à la main. Takuya chante dans sa langue maternelle tout en se séchant les cheveux alors que moi, je défile les actualités sur mon compte Facebook. Je ne peux réellement pas m'empêcher d'aller secrètement enregistrer la voix de mon colocataire lorsqu'il commence à chanter Something des Girl's Day d'une manière si sensuelle et ironique à la fois. Je suis pratiquement en train de pouffer de rire dans le couloir alors que ce dernier monopolise la salle de bain à son aise. Ce mec me tuera, un jour... Occupé à rire, je suis mécontent de voir que je ne peux pas rester l'espionner plus longtemps lorsque mon portable annonce un appel de la part de Sungkyung. J'espère sincèrement qu'elle n'est pas rentrée pour faire des conneries et rectifier ce que j'ai fais hier. Si j'ai prétendu que Sungkyung était amoureuse et qu'elle avait décidé de vivre comme le voulait, c'était pour qu'elle puisse elle aussi goûter au bonheur de partager une relation sincère avec quelqu'un qu'elle aimerait de son propre cœur. Je ne suis pas l'homme le mieux placé pour parler de ce genre de chose mais s'il y a bien quelque chose que j'ai compris en laissant Takuya m'atteindre et me découvrir, c'est que cela ne pouvait pas me faire de mal et que ça ne pouvait qu'annoncer de bonnes choses.

– « Allô ? » énonçais-je en allant m'enfermer dans la chambre pour ne pas interrompre mon nouveau chanteur préféré. Sungkyung hésite quelques secondes avant de me répondre, ce qui n'est certainement pas bon signe.

– « Salut...tu as bien dormi ? » m'interroge-t-elle, l'air embarrassée. Je soupire longuement avant de lui répondre positivement. Elle simule une légère toux pour avoir le temps de trouver ses mots. Je ne vais pas apprécier la suite de cette conversation, j'en suis sûr. Elle a merdé, je le sais et je m'en veux de savoir que Takuya avait raison, pour une fois. « Abeoji a longuement refusé ma demande mais...je suis quelqu'un de très convaincant, alors... » ricane-t-elle nerveusement pour détendre l'atmosphère. Voyant que je ne cherche pas à rentrer dans son jeu, Sungkyung continue plus sérieusement. « Je lui ai demandé si je pouvais t'inviter ce soir...pour l'officialisation de mes fiançailles. Mme Cha s'est un peu énervée mais tu connais eomeoni, elle sait manipuler les gens, alors elle a réussi a... »

– « Pourquoi tu as fais ça ? » la coupais-je froidement. Un silence tendu prend place entre nous pendant au moins cinq secondes. Elle ne sait sûrement pas pourquoi elle a fait ça, au fond d'elle-même. « Si c'est parce que tu avais peur de ne plus savoir où aller ou si c'est parce que tu avais peur qu'il te coupe les vivres, tu es vraiment idiote, Sungkyung... Tu aurais pu rester ici, je t'aurai aidé, j'aurai essayé de trouver un... »

– « J'avais une raison de le faire, Jaejoon. Crois-moi. » Je souffle d'agacement. Je suis vraiment déçu par son comportement. A croire qu'il n'y a que moi qui ose tenir tête à abeoji... Après tout ce que j'ai essayé de faire pour elle. Elle aurait dû m'en parler avant de foncer tête baisser dans la fosse aux tigres. « J'aimerai vraiment que tu viennes ce soir...tu as des excuses à présenter à Mme Cha et... J'aimerai beaucoup que tu rencontres mon futur mari... » C'est donc pour ça qu'ils ont accepté que je vienne, parce que je dois présenter mes excuses et me faire disputer par mon père comme un gamin de dix ans... Je vois.

– « Très bien. C'est à quelle heure ? » exigeais-je sur un ton que je veux énervé et autoritaire. Ils l'auront voulu...

– « Vingt heure. S'il te plaît, Jaejoon...reste tranquille. » quémande-t-elle comme si elle savait parfaitement ce que je m'apprête à faire ce soir. Elle a raison de s'inquiéter. Je ne vais pas rester les bras croisés et laisser ce mariage se faire. Ils l'ont déjà poussé dans les bras d'un inconnu une fois et le résultat est complètement décevant. Cocu et obligé d'avorter, Sungkyung s'est retrouvée au bout de sa vie à cause d'un enfoiré qui ne cherchait qu'à faire du commerce comme tous les autres bâtards de notre cercle amical. Je ne compte pas les laisser recommencer une deuxième fois seulement parce que leurs projets ont échoué. Je compte bien dire ce que j'ai à dire même si pour cela, je dois me faire frapper par mon père et ma mère et finir renier par tout le monde.

Évidence |takujae|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant