Mardi 16 avril, 1943
Marie-Tu peux le garder.
Il me désigna la feuille de papier d'un signe de tête, même si j'aurais voulu que ce soit lui qui le garde. Pourtant, c'était comme ça que ça devait être : si on le trouvait sur lui, il aurait de gros ennuis. En le rangeant, j'eu la pensée négative que ce dessin devenait maintenant une preuve de l'existence de Thomas dans ma vie et, même s'il était beaucoup plus facile pour moi de trouver une cachette ou alors une excuse pour la présence de ce dessin dans mes affaires, ce bout de papier devenait quelque chose de dangereux.
J'espérais seulement ne jamais avoir à le faire disparaitre, à le détruire, et c'est sur ces pensées, que j'acquiesçais donc en hochant la tête avant de le ranger dans mon manteau, puis je me levais pour me préparer à partir. Cela n'avait pas paru très long, mais me dessiner avait pris tout le temps que nous pouvions avoir.
Je regardais Thomas et le vis différemment, ayant découvert une nouvelle facette de lui et ayant l'impression de le voir sous un nouveau jour. Comme s'il avait changé. J'en apprenais davantage sur lui et il me surprenait de plus en plus, à chacune de nos rencontres, à chaque jour qui passait.
-Merci, déclarai-je avec reconnaissance.
-Non, merci à toi de m'avoir donné la chance de pouvoir dessiner à nouveau, répliqua Thomas. Cela faisait vraiment longtemps que je n'avais pas dessiné.
Je lui fis un sourire accompagné un signe de la main, me retournant pour partir, trouvant que notre rencontre avait définitivement passée trop vite à mon gout et me trouvant encore plus triste que d'habitude de partir.
Cela devait être pire encore pour lui et je n'osais imaginer les conditions dans lesquelles il vivait, réalisant que tout ce que je voulais, c'était l'aider, plus que tout au monde. Je me promis intérieurement que j'essaierai du mieux que je le pouvais.
Je sentais que Thomas et moi devenions de plus en plus proche, le considérant maintenant comme un grand ami pour moi et cela me rendait plus qu'heureuse. Il y avait quelque chose de mystérieux dans nos rencontres qui faisait qu'à chacune d'elle j'avais envie d'en apprendre sur sa vie, de prendre soin de lui, de le voir aller mieux.
Avais-je le droit de devenir amie avec un juif ? La réponse était très certainement non pour bien des gens, mais pour moi la réponse semblait différente et, ce contraste entre l'opinion de la majorité des gens et la mienne, m'effrayait de plus en plus, me faisant réalisée que je n'étais pas libre et m'isolant dans un cercle de mensonges.
Thomas et tous ces autres personnes qui se trouvaient derrière ces grilles ne méritaient pas ce qu'ils vivaient et encore bien des choses demeuraient incompréhensives pour moi dans toute cette histoire. Malgré les problèmes qui risquaient de surgir avec ma décision à aider Thomas et à ne jamais l'abandonner, je savais au fond de moi que je serais avec lui peu importe ce qui arrivait.
Cette décision venait avec une terreur que je n'avais jamais ressentie auparavant, sachant que je pouvais très bien devenir une traître de mon pays, de mon gouvernement. Je savais ce que ça impliquait, mais préférait rester fidèle à moi-même que de faire ce qui me semblait mal.
La fin de la forêt approchait et je me préparais à sortir discrètement, comme d'habitude, toujours plongée dans ces graves pensées. Je me cachais derrière un arbre, m'assurant qu'aucune voiture et aucune personne ne passait par là, et je sortis de ma cachette avec agilité et discrétion, commençant à marcher tranquillement dans la rue. Je jetais encore quelques regards nerveux autour de moi puis, rassurée, j'entrepris ma marche vers ma demeure.
-Marie !
Je me retournais brusquement, mon cœur bondissant dans ma poitrine et m'envoyant un frisson désagréable dans toute ma colonne vertébrale. Nerveuse, je tournais sur moi-même en cherchant du regard la personne qui m'avait appelée et je fini par apercevoir, un peu plus loin, la dernière personne que je voulais voir présentement : Vincent.
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La fille à l'écharpe rouge
Historical FictionUne fille avec une écharpe rouge, un garçon avec une feuille de papier et un crayon. Un grillage entre les deux pour les séparer mais, pourtant, ils réussiront à faire disparaître ce grillage, à faire tomber les murs, à faire taire jugements et inju...