Chapitre 29

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Lundi 7 mai, 1943
Thomas



Marie n'était pas là la veille. C'était à deuxième fois qu'elle manquait un de nos rendez-vous et j'étais de plus en plus nerveux. Est-ce que la troisième fois arriver aujourd'hui? Que c'était-il passé? Avait-elle été prise entrain de venir me voir? Mon dessin avait-il été découvert? Ses parents avaient-ils des soupçons quant à nos rencontres régulières?

J'attendais avec impatience son arrivé près de la clôture. Je n'avais aucunement le goût et la force de couper du bois, mais il fallait que je le fasse et que je ne perde pas de temps: il était précieux.

Je jettai des coups d'œil vers la clôture en espèrant la voir arriver de loin. Être rassuré le plus vite possible.

J'essayais de ne pas me faire trop d'idées. Marie avait pris une place considérable dans ma vie, elle était la personne la plus importante. Je n'avais plus personne sans elle. Je ne savais pas quoi penser de notre relation. Oui, c'était évidant que nous étions plus que des amis, mais je ne savais pas si elle était «ma petite amie».

De toute manière, personne ne le savais, nous n'avions pas besoin de nous présenter comme un couple: nous savions que nous étions amoureux dans nos pensées que seul nous pouvions entendre.

C'était fou comment cette fille me faisait de l'effet, une bouffée de joie me gagnait à chaque fois que je la regardais s'approcher de moi.

Cela ne faisait pas beaucoup de temps que nous nous avions avoués nos sentiments, mais à chaque fois qu'elle murmurait mon nom, qu'elle m'embrassait ou que nous passions simplement du temps ensemble, je me sentait l'homme le plus heureux du monde.

Elle était magnifique. À sa manière. Certaines personnes auraient dit: «Elle est ordinaire, rien de bien spécial...» mais pour moi, elle était parfaite.

C'était elle qui était venue dans la forêt, c'était elle qui avait parlé avec moi, c'était elle qui était revenue tous les autres jours après notre première rencontre, qui avait appris à me connaître, qui m'avait tant rendu heureux avec la nourriture et les feuilles pour dessiner qu'elle m'apportait.

C'était elle qui me rendait fou. Fou d'elle.

C'était elle qui m'avait embrassée. Ce baiser que je n'oublierai jamais et qui m'avait prouvé ce qu'elle ressentait pour moi. J'avais cru me liquéfier sur place en sentant son petit corp collé au mien, elle semblait tellement fragile alors que c'était elle qui me protégeait.

Je regardai une milième fois par-dessus mon épaule. Personne.

J'avais coupé assez de bois et je déposais ma hâche par terre à côté de la pile de bûches. Je m'avançais vers le grillage et mis appuyai en fermant les yeux et en me disant que j'allais rester encore quelques temps pour être sûr de ne pas manquer notre rendez-vous.

Elle le savait, je ne pouvais pas rester ici trop longtemps. Si elle arrivait maintenant, j'aurais environs dix minutes pour lui parler, mais dix minutes avec elle, c'était déjà merveilleux.

***


Est-ce que devrais y aller? Et si Vincent me suivait alors que j'entrais de nouveau dans la forêt? J'avais encore cinq minutes pour y penser avant de partir à l'heure habituelle.

Si je n'y allais pas, cela ferait deux jours de suites. Thomas devait déjà être bien nerveux la veille et je n'osais imaginer si je ne venais pas cette journée. Mais il valait mieux que je ne prenne pas de risques, au pire, j'allais le revoir le lendemain et je lui raconterais tout.

Ma vie n'était qu'anxiété depuis que je mentais à mes parents et à Vincent à propos de mes sorties ou des dessins que Thomas faisait. Je me sentais un peu mal de leur faire cela, mais je crois que ça en valait la peine.

Je descendis les escaliers et mis mes bottes. Idéales pour marcher longtemps.

J'ouvrais prudemment la grande porte et commença ma promenade dans les rues de mon quartier. Rues qui devenaient de plus en plus utilisées en vu de l'été qui était sur le point d'arrivé. 

Je marchais tranquillement en ayant aucunement l'intention d'aller dans la forêt, j'avais ma petite idée en tête.

Je marchais jusqu'à la boulangerie où je travaillais, puis devant la bibliothèque de la ville. Je déviais sur plusieurs petite routes en mapprochant de plus en plus de la forêt. J'étais loin de la ville et personne ne passait vraiment sur cette route.

Mais je savais que je n'étais pas seule.

Je passai devant la forêt avec un petit pincement au cœur. Thomas était là, tout près, entrain de m'attendre. Il m'attendait inutilement.

Je continuai ma route avec peine: je ne verrais pas Thomas cette journée-là, mais ça en valait le coup.

J'espèrais seulement qu'il n'allait pas imaginer les choses pires qu'elles ne l'étaient en réalité. Je murmurai un désolé à Thomas pour l'angoisse et la tristesse qu'il devait ressentir. Je savais à quel point il tenait à nos rencontres et que c'était ce qui le faisait tenir. Nos rencontres étaient ce qui le maintenaient en vie parmis les horreurs qu'il vivait.

Je marchais la tête baissée sans m'arrêter. Pendant une heure j'ai marché dans les rues, les ruelles, les quartiers...

Je hantais les chemins avec désespoir en pensant à Thomas. Son magnifique visage me vint en mémoire et je ne pue m'empêcher de sourire. Sa gentillesse et son optimisme me frappaient à chaque fois que je le voyais. Malgré le tournant qu'avait pris sa vie, il gardait le tête haute et trouvait la manière de vivre.
J'arrêtais brusquement de marcher en roulant les yeux. Cet idiot me suivait depuis le début et j'avais bien fais de ne pas aller dans la forêt et de prévoir sa venue.

Il n'avait plus confiance en moi maintenant et je ne devais plus avoir confiance en lui non-plus.

-Vincent, je soupirais avec un petit sourire, je sais que tu es là.

Je me retournai alors qu'il sortait de derière un arbre près d'une maison.

-Tu fais autant de bruit que ta voiture, je continuai avec moquerie.

Il s'approcha de moi en haussant les sourcils. Décidément, je l'avais insulter en disant qu'il était bruyant.

-Je ne t'espionnais pas, s'exclama-t-il.

C'était bien la preuve qu'il était en plein entrain de m'espionner. Je répliqua en croisant les bras:

-Tu me suis depuis le début, Vincent.

Il chassa ce que je venais de dire d'un mouvement de main en retenant un sourire.

-Pourquoi tu m'as suivis? je demandais en plissant les yeux et en fronçant les sourcils.

Il passa sa main dans ses cheveux en me regardant fixement. Il semblait presqu'en colère, pourtant c'était moi qui devais me sentir fâchée, non?

-Je me demandais d'où venait les dessins, déclara sèchement Vincent.

-Quoi?

Je n'en croyais pas mes oreilles. Il était encore après cette histoire de dessins? Cela faisait des semaines qu'il avait découvert le dessin?

-Mais je te l'ai déjà dis, Vincent. C'était un artiste d...

-Non! Je ne te crois pas, dis moi la vérité, déclara-y-il en me coupant.

Son ton était sec et inquisiteur. La vérité? Jamais.

-Je te le jure, je ne te mentirais pas.

-Marie, arrête de niée.

-Où pense-tu que j'ai eu se dessin? je demandais avec énervement.

-Je pense que tu vois quelqu'un.

Mon souffle se coupa: est-ce qu'il était au courant? Non, c'était impossible... Je tenta de garder un regard impassible, mais je crois bien que ça n'a pas du tout marché.

-Quoi? je demandais abasourdie. Qui irais-je voir à ton avis?

J'avais tenter de prendre une voix assurée, mais je crois bien que j'ai échoué. Vincent répliqua rapidement:

-Thomas.

La fille à l'écharpe rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant