Mercredi 17 avril, 1943
MarieJ'étais de nouveau plongée dans la lecture palpitante de mon roman chevaleresque, le sac de papier pour Thomas posé près de moi, alors que je l'attendais patiemment, mon ami interdit. Le temps était gris aujourd'hui, la pluie tombait, puis s'arrêtait brusquement pour ensuite recommencer à tomber. Vous savez, ce genre de journée où il n'y a rien à faire.
Je l'attendais, calmement, jetant un regard de temps à autre en direction de la forêt dans l'espoir de le voir venir vers moi. Je lui avais de nouveau soigneusement préparé un sac de nourriture, contenant une pomme, comme la dernière fois, un morceau de fromage et le muffin qu'il n'avait pas pu manger.
Je comptais lui raconter ma mésaventure d'hier avec Vincent et le dessin qu'il avait fait. Après tout, mieux valait en rire qu'en pleurer, surtout que, la veille, Vincent était revenu penaud de l'endroit où j'avais "vu l'artiste", me retenant pour ne pas rire devant son air penaud et déçu.
Ma mère avait fait une remarque sur Vincent et moi, me demandant si nous nous étions bien amusés. Je n'avais pas répondu et je m'étais contentée de l'ignorer tandis qu'elle n'insistait pas, voyant probablement que quelque chose n'allait pas sans toutefois chercher à aller plus loin, peut-être en pensant que j'étais gênée.
Cependant, maintenant que j'y pensais, j'aurais dû lui parler, lui dire que je n'aimais pas Vincent et qu'elle n'avait pas le droit, ainsi que mon père, de m'obliger à me marier avec un homme, même s'il s'agissait de Vincent. Il allait falloir que je règle cela au plus vite, avant qu'il ne soit trop tard, que l'on m'achète réellement une robe de mariée sans avis et que je me réveille avec une bague au doigt.
J'entendis des pas qui se rapprochaient et j'aperçue Thomas qui venait vers moi. Je lui fis un sourire et il m'imita en parcourant les derniers mètres entre nous, s'asseyant à côté de moi, tandis que je refermais mon livre, voulant commencer mon récit sans attendre.
-Tu ne devineras jamais ce qui est arrivé à ton dessin.
Il cligna des yeux plusieurs fois.
-Tu l'as perdue ? demanda-t-il avec un soupçon de tristesse.
-Non, ne t'inquiète pas, il est chez-moi et en sûreté, répondis-je rapidement pour éviter de l'inquiéter davantage.
-Raconte-moi.
Je m'éclaircis la gorge.
-Hier, après notre rencontre, je suis rentrée chez-moi et en enlevant mon manteau, le dessin est tombé au sol.
Il ouvrit grand les yeux.
-Est-ce que quelqu'un l'a vu ?
-Oui justement, répondis-je, mon regard plongé dans celui totalement affolé de Thomas.
Il me regardait avec horreur et curiosité à la fois.
-Qui ?
-Il y avait Vincent à côté de moi et j'étais totalement paniquée. Je crois que c'était un des plus stressants moments dans ma vie, expliquai-je.
-Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?
Je ne pu m'empêcher de sourire devant son air inquiet et curieux à la fois, mais poursuivis rapidement, ne voulant pas le faire languir plus longtemps d'entendre mon récit.
-Au début, il ne l'a pas remarqué, mais il a fini par le voir et l'a ramassé. Évidemment, il m'a demandé qui m'avait dessiné.
-Qu'est-ce que tu as dit ? demanda-t-il avec empressement.
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La fille à l'écharpe rouge
Ficción históricaUne fille avec une écharpe rouge, un garçon avec une feuille de papier et un crayon. Un grillage entre les deux pour les séparer mais, pourtant, ils réussiront à faire disparaître ce grillage, à faire tomber les murs, à faire taire jugements et inju...