Chapitre 22

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Mercredi 2 mai, 1943
Marie



Je lisais tout en jetant des coup d'œil nerveux dans la forêt. En fait, je ne lisais pas vraiment. J'étais beaucoup trop nerveuse pour pouvoir lire. J'attendais donc avec impatience mon ami interdit et j'avais bien peur. Peur qu'il ne revienne jamais.

La veille, Thomas n'allait vraiment pas bien et je m'étais inquiétée toute la nuit. Et s'il ne revenait jamais? S'il était mort de sa maladie? Si on l'avait puni à mort? Toute ses idées m'étaient insupportables et me rendaient encore plus nerveuse. Je tâchais de les envoyer le plus loin dans ma tête.

Au bout de plusieurs minutes, il n'était toujours pas là. Je scrutais anxieusement la forêt, et, n'en pouvant plus, je me levais pour faire les cents pas en me tordant les mains. J'avais encore les médicaments dans mon sac et de la nourriture. Peut-être que son état allait être pire que la veille?

Je me pris à me ronger les ongles et tentai, en vain, d'arrêter. Ce n'était pas dans mes habitudes.

Un mouvement dans la forêt attira mon attention et l'espoir revint en moi. Je tournai brusquement la tête dans cette direction en agrippant le grillage. J'étirai mon cou pour mieux voir et un immense sourire se forma sur mon visage en voyant Thomas arriver.

Ses cheveux en bataille bougeaient au rythme de ses pas. Il semblait beaucoup mieux et il marchait avec assurance. Il était certes très lent, mais il ne perdait pas l'équilibre.

Mes mains sur le grillage, je l'attendais avec impatience. Quand il fut assez proche, je vis qu'il était encore un peu pâle et plus mince, mais il ne tremblait pas et parraissait en bien meilleure forme.

-Thomas!

-Bonjour Marie, avait-il dit avec difficulté, mais avec un magnifique sourire.

Je me jetais dans ses bras en collant ma tête sur le grillage et sur son torse en même temps, pour entendre son cœur battre. Une chaleur apaisante se propagea dans tout mon corps et mes épaules se relâchèrent d'un coup.

-Tu vas mieux à ce que je vois?

-J'imagine... Je ne me rappelle plus vraiment de ce qui c'est passé.

-Ça fait deux fois en une semaine que je ne dort pas parce que je m'inquiète pour toi, je déclarai en le repoussant doucement pour observer son visage.

-Tu t'es inquiétée pour moi? demande-t-il en exagérant une expression de surprise.

Je vois qu'il n'a pas perdu son sens de l'humour.

-Idiot! je m'exclamais en riant. Bien sûr que je me suis inquiétée! Tu devrais me remercier, je savais que ça allait empirer et je t'ai apporté des médicaments...

-Merci, murmure-t-il à quelques centimètres de mon visage.

Je lui souris et rougis, mal à l'aise. Un petit silence s'installe et pour le briser, j'enchaîne:

-Remercie moi aussi pour le bois. D'ailleurs, je ne sais pas comment tu fais pour en couper autant, moi en deux minutes j'étais complètement mo...

-Alors c'était vrai? s'exclama Thomas avec surprise.

-De quoi? je demande en plissant les yeux.

La fille à l'écharpe rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant