~Chapitre 18: Apple beer~

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Les rues de Sydney défilaient derrière la vitre de l'autobus, sous mon regard attentif. Mon front tremblotait contre la paroi de verre et je laissais le bruit du moteur me bercer, couvrant le brouhaha qu'ébruitaient les gens à côté de moi. Le trafic ralentissait la circulation, provoquant quelques klaxons troublant mon silence. Je roulai des yeux et soupirai. Ma journée s'annonçait bien: entre le défilé de mes matières détestées et le rendez-vous avec Cal totalement oublié, j'aurais aimé au moins commencer en paix dès le matin.

Le bus s'engagea dans les rues résidentielles de Sydney, et tout en gardant mon front collé à la vitre, je scrutais la situation extérieure. Quelques groupes d'élèves marchaient en ligne, leur sac sur le dos; quelques personnes promenaient leur chiens et, même depuis le bus, je pouvais distinguer leur expressions de dégoûts quand l'animal lâchait ses besoins; puis d'autres personnes, généralement âgées, arrosaient leur plantes, discutant entre elles (sûrement d'incontinence) .

Entre ces vas et viens de personnes, entre ces portes qui s'ouvraient et se refermaient, entre cette foule mouvementée, le bus s'engagea dans une ruelle plus petite, toujours résidentielle.
Une multitude de maisons individuelles colorées brodaient les trottoirs, chacune avait un petit jardin à l'avant et une cloison tout autour pour séparer une habitation de l'autre.

Le bus se stoppa brutalement, cognant par la même occasion, mon front contre la paroi de verre. Je commençai à jurer dans toutes les langues que je savais (chinois inclu) attirant les regards de plusieurs grand-mères ahuries par autant de vulgarité dans une seule phrase. Je leur souris hypocritement et revint à mes occupations. Le bus avait freiné à cause d'un feu rouge prolongé par la file de voitures devant.

Attendant qu'il reparte, je commençais à détailler du regard la maison qui se trouvait juste devant moi. Une maison comme les autres, jaune contrairement à la blanche à sa droite et la rouge à sa gauche. Toujours en plein acte de stalkage des habitants dans l'édifice, je vis une main ouvrir la porte d'entrée. Une fille en sortit. Elle devait avoir maximum treize ans et portait son sac sur ses épaules d'où dépassaient quelques cahiers. Puis, une autre personne franchit le seuil de la porte.
Une masse bouclée, plus précisément. Ashton.
Ce mec me suivait partout, c'était à en devenir paranoïaque. 
Mais le pire arriva quand il prit la fille dans ses bras et l'embrassa.

Non seulement cet imbécile avait déjà une copine, mais en plus c'était un vrai pédophile de première. Cette fille devait être âgée de seulement treize ans.  

Cet enfoiré allait m'entendre.

Certes, je n'étais pas la fan numéro un du couple  "Ashton-Emily", ni pas en mode fangirling quand ils se bavaient dessus en public mais quand même, on parle d'Emily. Elle avait vraiment confiance en lui tandis qu'il continuait à la tromper avec tout ce qui bouge. Enculé de première.

La scène continuait sous mon regard choqué et j'avais presque envie de descendre du bus pour aller en coller une à ces deux cons. Quand Irwin finit de bien tripoter la gosse, il la laissa partir et ferma à clefs la maison. Vu qu'il marchait dans la direction du bus, je commençais à taper sur la vitre et à faire de grands gestes pour attirer son attention. Ashton releva ses yeux pendant une fraction de seconde et sans perdre mon temps, je me collai à la paroi de verre en lui faisant d'innombrables doigts d'honneur. N'ayant pas levé les yeux au bon moment,  je venais de me faire passer pour une conne.

Les grand-mères derrière moi étaient en plein infarctus en voyant une telle quantité de vulgarité.

Mais bien sûr, c'est à ce moment là que le feu rouge passa au vert. Le moteur du bolide se remit en marche et la maison jaune s'éloignait de plus en plus jusqu'à disparaître de ma vue. 
*

Throwing rocks at your window a.i.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant