L'amour à l'envers

10.

J'aurais aimé ne pas me retrouver dans cette situation, que cet instant ne soit qu'un rêve. J'aurais bien voulu, un instant, ne pas avoir compris ce qu'il avait dit. Ce n'est pas aussi simple, puisque je l'avais bien entendu et compris. Je le vois s'endormir, quant à moi, je suis là en train de digérer ses propos. C'est tellement bizarre après trois ans d'entendre une phrase de ce genre sortant de sa bouche. Je décide de rentrer à la maison, cela ne sert à rien de rester plantée là. Je prends donc la direction de ma maison.

Pendant tout le trajet, je ne fais que penser à cette phrase au moment où il me la disait. Je n'arrive pas à oublier, ou même à penser à autre chose, ce n'est pas possible. A ce moment précis, je me sens mal à l'aise au vue de ses propos. Mais, est-ce qu'il pensait réellement ce qu'il disait ? Avais-t-il trop bu ou étais-ce simplement des paroles en l'air ? Je me pose essentiellement ces deux questions. Et qui sait, demain il aura peut-être oublié tout notre petite discussion. Même si dans un sens j'aimerais comprendre, je pense que cela serait bizarre si on devait avoir une autre conversation sur ce qu'il a pu dire juste avant de dormir. Je m'étale littéralement sur mon lit pensant à ma vie, à ma famille, à Helena puis à lui.

J'entends mon frère crier en regardant un match, ma sœur rigoler avec ma mère. Puis, moi, je suis là, à me poser un million de questions juste à cause d'une simple phrase.

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Je me réveille en sursaut après avoir entendu un drôle de bruit. Je suis toute paniquée. J'allume ma lampe et regarde qu'une branche à juste cogné contre ma fenêtre. Je me lève pour aller mettre les volets, je remarque que le temps dehors est horrible. Du vent, de la pluie. Je ferme les rideaux et pars me recoucher. Je regarde l'heure et vois qu'il n'est que quatre heures du matin, normalement, j'ai un cours à huit heures, seulement je ne pense pas y aller. C'est mon seul cours de la journée et vu les événements d'hier, je préfère faire une bonne nuit de sommeil. Je regarde mon plafond essayant de trouver le sommeil.

Ce n'est pas aussi facile que ça. Je décide de me lever pour aller me rafraîchir un peu. Je me passe de l'eau sur le visage, je relève la tête et vois ma mère derrière moi à travers le miroir de la salle de bain.

-Tu n'arrives pas à dormir ? Demande-t-elle.

-Je me suis réveillée et le sommeil ne revient plus. Et toi ?

-Je n'ai pas l'habitude de beaucoup dormir. Dit-elle en faisant référence à toutes ses nuits où elle dormait peu à l'autre bout du monde.

-Je comprends...

-Tu es sure que tout va bien ?

-Ce n'est pas la peine de t'inquiéter, tu repars quand ? Dis-je pour changer de sujet.

-Bientôt.

-Cela veut dire ?

-Que je n'en ai aucune idée. Je risque de demander un congé. Dit-elle en se posant contre la baignoire.

-Pour Helena ?

-Pour elle, pour nous.

-Je pense que cela serait bien.

-C'est dur d'être loin de vous.

-Nous sommes grands. Dis-je pour lui montrer que l'on sait se gérer maintenant.

-Je sais mais le manque est toujours là.

-Tu compte arrêter ?

-De partir ? Je ne pense pas, même si votre absence est dure, je ne pourrais pas envisager de me stopper à sauver des vies.

-Tu peux en sauver ici ?

-Je sais, ma chérie. Mais ce n'est pas pareil. Dit-elle en s'approchant de moi.