L'amour à l'envers

20.

Les Hampton sont un univers assez spécial. Lieu qui accueille les plus riches New-Yorkais, j'ai toujours été impressionnée de voir comment les personnes exposent leur fortune, que c'est qui a la plus grande villa ou qui organise la plus grande fête, toujours une bataille de richesse. Je n'ai jamais été dans cette optique, d'ailleurs ce n'est pas pour moi une chose exceptionnelle de venir ici ou de fréquenter ce genre de personne. Néanmoins, c'est quand même agréable de venir s'y reposer. C'est un endroit magnifique, j'aime beaucoup les grandes plages qui s'y trouvent.

Cela m'arrive de venir ici pendant une semaine avec mes parents. Nous ne venons pas qu'ici surtout que mon frère et moi avons du mal avec l'univers de cette ville. Nous louons toujours la même maison, pas très loin de celle qu'à l'habitude de louer la famille d'Ian ; néanmoins, parfois, nous ne venons pas en même temps qu'eux. Cela ne fait même pas une journée que nous sommes dans les Hampton, nous sommes arrivés hier dans la soirée. J'étais quand même fatiguée du trajet, nous sommes venus en voiture. J'ai à peine franchi le pallier que je suis directement allée me coucher sans tarder. Je suis allée dans la chambre qu'à l'habitude de prendre Ian.

Même avec la fatigue du trajet et du mariage, je me suis quand même réveillée à neuf heures avec le soleil tapant sur la grande fenêtre se trouvant dans la chambre. C'est avec plaisir que je bois mon café devant la mer, entendant le bruit des vagues. C'est tellement agréable de se détacher de son quotidien même si ces derniers temps ce n'est pas la routine qui devenait pesante. Partir va nous faire du bien pour enfin parler, avoir une discussion sur notre vie future et ne pas avoir la famille derrière, la pression de devoir bien faire. C'est pesant d'avoir les regards braqués sur notre couple, sur nos faits et gestes. Tu commences à angoisser par peur décevoir, de ne pas savoir prendre les bonnes décisions mais au final tu réalises très vite qu'importe les choix que tu peux faire, les gens seront toujours là pour te contredire ou parler sur toi. Que ce soit des inconnus, des connaissances ou même ta propre famille. Seulement, même s'ils jugent sur ce que je peux faire, ce n'est certainement pas eux qui sauront mieux que moi ce qui est bon pour moi-même.

Dans ma vie, j'ai eu des épreuves, des choses à surmonter, dès mon plus jeune âge et pourtant ce n'est pas toujours dans ces moments-là que l'on est le plus soutenu. Les gens aiment savoir ce qu'il se passe chez les autres, néanmoins quand ils le savent, bizarrement ils ne sont plus là pour toi. Cela fait peur aux personnes quand ils voient les problèmes de ceux qu'ils connaissent, ils sont là sans l'être réellement, ce n'est que du superflu et de l'hypocrisie.

Venant d'un village assez petit, les rumeurs allaient très vite sur n'importe qui. Je sais qu'à une époque, beaucoup de choses circulaient à mon égard, on parlait beaucoup sans trop savoir sur ce qu'il pouvait se passer dans ma vie. Certaines personnes ont osé demander à ma famille ou à moi-même ce qu'il m'arrivait, néanmoins personne ne répondait. Je ne voulais pas qu'on me voit faible, que je devienne cette petite fille que le malheur avait touché. Je ne voulais pas me promener dans la ville et avoir tous les regards de pitié braqués sur moi. Alors avec ma famille nous gardions la tête haute même si les moments difficiles s'accumulaient. A l'époque, la famille d'Ian n'était plus en ville, ils avaient déménagé pendant quatre ans à l'autre bout du pays et même si ma mère gardait le contact avec eux, nous ne leur avions rien dit sur ma situation à l'époque.

C'était la pire période de ma vie, et je n'avais certainement pas envie d'exposer mon malheur à tout le monde. J'avais déjà assez du mal à supporter ce qu'il m'arrivait, je ne voulais pas que toutes les personnes qui m'entouraient sachent la vérité.

Au final, chaque être humain garde des secrets, personne n'aime exposer ses problèmes puisque nous savons que nous allons être jugés. Alors j'ai gardé mon secret avec ma famille. Cela n'a pas été facile pour nous. Ma mère, ne supportant plus la situation a décidé de fuir en partant en mission pour son travail. J'ai eu beaucoup de mal à accepter que ma propre mère parte à un moment de ma vie ou j'avais réellement besoin d'elle. La seule excuse qu'elle a su me dire était le fait qu'elle n'arrivait pas à voir sa petite fille souffrir. C'est compréhensible, seulement là j'aurais eu besoin qu'elle pense à moi et non à ses états d'âme. Mon grand frère et ma sœur ont beaucoup été présents pour moi, ils ont essayé de me faire plaisir, de me changer les idées pour que je m'évade juste un instant, que je ne pense plus à ce qu'il m'arrive. Ils voulaient que j'aille mieux.