Océan Tragique

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Ses yeux océaniques pouvaient à eux mêmes trouer les abysses. Ils n'étaient pas froids comme la glace des pôles, mais chaud comme un ciel d'été immaculé. Quelques gouttes de nuits parsemaient ses iris aux couleurs paradisiaques, ses fins cils blonds formant une auréole angélique autour de cette baie saisissante.


Elle aurait tout fait pour un de ces regards majestueux, pour un effleurement de la part de cette eau limpide.


Mais elle savait que ce n'était qu'illusion trompeuse, foutu désir irréalisable. Comme un rêve pour lequel on mourrait, comme un pont brisé que l'on reconstruirait pour cueillir une fleur qui n'existerait pas  : un effort terrible pour un rêve cupide. Elle savait qu'elle nageait sans bouée en plein centre d'une mer déchaînée et que, peu importe ce qu'elle ferait, ce serait perdu d'avance.


Cet espoir, insensé, semblait la détruire, comme un poignard qu'on aurait avidement planté dans son cœur, comme le souffle suffoquant d'un vieil homme mourant. Elle s'était accrochée trop longtemps avec trop d'envie, trop de ténacité gâchée.


S'en était fini pour elle, pour ses rêves, pour ses désirs qui devenaient détresses, pour ses journées, plus longues qu'elle ne devaient l'être, pour ses soirées trempées de larmes salées.



A présent, elle s'en allait, le sol s'écroulait à ses pieds, s'effritant à son douloureux toucher de jeune fille désespérée.

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