La nuit citadine

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La nuit est tombée sur la belle ville de Los Angeles. Les lampadaires gris éclairent les rues sombres et désertes. Le goudron brille à la lumière nacrée de la lune, et les étoiles forment un toit étrangement surréaliste tant il est lumineux. Les grandes bâtisses de briques laissent découler leurs grandes ombres féroces.


Des talons qui claquent, un petit souffle saccadé, des cheveux bruns qui virevoltent. 


Une jeune fille déboule dans la ruelle, sa veste en cuire rebondissant dans son dos cambré, ses yeux verts cherchant une chose dont je ne saurai citer le nom. Elle est paniquée, peut être, effarée, ou alors totalement perdue. Elle tourne sur elle même, prend sa tête dans ses mains, tire sur son short. Elle finit par s'asseoir dans un coin, sur une marche, calant son visage entre ses deux genoux serrés par ses bras fins et blancs. Son mascara a bien coulé sur son visage de porcelaine, laissant des chemins noirâtres sûrement emprunts de douleurs.


Tout est un principe de déduction.


Elle relève la tête doucement, et un fantôme semble danser devant ses yeux alors qu'un homme arrive par sa droite, musclé et moulé dans ses vêtements mouillés par la pluie qui venait de commencer à déverser ses larmes. Il semble ne pas la voir, alors qu'il tourne sur lui même, son regard trempé s'accrochant à des détails insensés. C'est alors que ses yeux bruns croisent ceux de la jeune fille, et il accourt vers elle à grandes enjambées, mais elle ne cesse de regarder un point vide au dessus de son épaule. Il la secoue, la relève, lui chuchote des mots incompréhensibles. Il la prend dans ses bras, elle ne réagit pas et laisse ses bras ballotter dans son dos. C'est alors qu'il attrape son visage entre ses deux mains rugueuses et ancre son regard dans celui de la jeune fille qui semble reprendre difficilement contact avec la réalité. 


Et il plaque ses lèvres contre les siennes. Elle ouvre grand ses yeux, panique presque, puis referme ses paupières et agrippe la veste du jeune homme, qui dans un élan passionné attrape ses hanches et l'amène tout contre lui. Leurs visages et leurs corps se confondent, s'attirent et se rejettent, comme une peur qui hésite, comme une douleur qui s'échappe. 


Puis, la jeune fille s'écroule. Elle tombe contre le goudron brillant, elle s'étale à la lumière hyaline des souvenirs. Elle tremble de tout son corps, ses yeux convulsés sont fixé sur les étoiles. L'homme panique, il hurle, appelle au secours, pointe le ciel de son esprit en attente d'un quelconque message, il pleur, panique, il écrase son visage sur la poitrine de la jeune fille.


Plus rien. 


Et alors, il la prend dans ses bras, et s'assoit sur la route, laissant le lampadaire rayé écraser leur chaleur froide dans son dos, laissant les années remuer son esprit décédé


La vie ne tient qu'à un baiser.

ProsodieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant