Calme

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Elle était là, comme perdue dans le vide, aveuglée par la brume matinale. Mains en avant, éclats de sentiments, elle marchait, trébuchant, elle tournait en rond sans s'en rendre compte. Elle battait des ailes comme un oiseau naufragé, elle agrippait son courage, délaissait ses peurs pour sa vaillance. 


Elle s'arrêta. Planta ses pieds nus dans la terre noire et meuble, ouvra ses grands yeux noisettes, et fixa le grillage face à elle. Elle tremblait de partout, ses jambes trop fines semblaient ne pouvoir tenir plus longtemps, ses bras nus emplis de frissons semblaient convulsés sous le froid mordant d'une soirée d'hiver. Sa chevelure brune battait au vent comme si c'était l'un de ses derniers combats, féroce, troublant, poignant. 


Et puis soudain, un éclat de voix, un cri de l'âme, un déchirement dans la nuit silencieuse. Elle court jusqu'à perdre haleine, à y laisser son dernier souffle. Et elle se plaque contre le grillage de fer rouillé, passe ses doigts frêles et détruits à travers l'entortillement des métaux, elle hurle, elle bat des pieds dans le vide, et s'accroche de toutes ses forces, elle sait qu'elle est prisonnière, pertinemment, elle est effrayée, elle veut se barrer de cet asile qui la rend plus folle qu'elle ne l'était auparavant. 


Mais cet enfer, c'est elle qui l'a créé, elle s'est enfermée dans ses propres délires, elle a fermé ses portes aux aides auxquelles elle aurait pu recourir, elle a clôturée ses espoirs, elle a laissée les cernes dévorer son visage et ses entailles ravager son cœur. 


Elle était perdue, perdue entre l'éternité et le destin, elle avait condamné ses idées. Et s'en était finit, pour elle et son royaume de torture.

ProsodieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant