La lune jaunâtre était haute dans le ciel, elle déposait ses rayons lumineux sur les vitres sales de la petite salle à manger. Tout était en ordre, les chandelles déposées sur le laideron blanc de la table en bois étaient allumées, leurs flammes dansaient dans la pénombre, comme deux âmes frivoles tentant de s'épater mutuellement. Les petites assiettes de porcelaines aux dessins rosâtres étaient posées l'une face à l'autre, parfaitement parallèles, entourées de couverts en argents soigneusement emballés par deux petits torchons blancs.
Une petite femme brune était assise sur un canapé en cuire brun, à l'autre bout de la salle. Elle portait une très jolie robe noir, qu'elle s'efforçait de décrire bleu foncé. Elle n'aimait pas la couleur noir, tout ce qui était sombre la repoussait, mais elle appréciait cette robe. D'un très fin tissu, elle épousait ses formes avec volupté et tendresse. Deux fines bretelles se posaient sur ses frêles épaules diaphanes, et de la dentelle cachait le haut de son buste. Elle n'était pas trop courte, elle ne faisait pas vulgaire, et elle trouvait que cet ensemble lui allait bien.
Cela faisait plus de deux heures qu'elle l'attendait. Ils avaient prévu de se voir, ce soir, pour fêter la nouvelle année. Elle avait rêvé de cet instant, où, peut être, elle se blottira dans ses bras, pour la première fois. Ils s'étaient donné rendez-vous à vingt heures, et il était finalement vingt-deux heures. Au début, la jeune femme pensait que c'était ce genre de retard usuel que les hommes utilisaient pour se rendre désirable, mais l'impatience se faisait sentir tandis que les minutes défilaient, interminables.
Il ne viendrait pas, c'était sur, elle était tombé dans l'un de ces pièges minables que l'on tend aux femmes naïves et amoureuses. Elle se voyait l'attendre derrière les vitres de la salle, elle apercevait deux phares de voitures blancs apparaître dans la cour de gravier, une voiture qui se garait devant la porte verte de la vieille bâtisse. Elle clignait des yeux, elle chassait ces images utopiques de son esprit, elle ne pouvait plus supporter ces visions malsaines, ces espoir qu'on lui lançait à la figure pour la rendre plus vulnérable qu'elle ne l'était déjà.
Elle quitta la pièce, elle ne laissa pas les larmes couler sur son doux visage, elle ne laissa pas la douleur empoisonner son cœur, elle ne voulait pas dépendre d'un amour déchu.
Et, dans la nuit noire et vengeresse, brûlaient encore les mèches sombres des chandelles, dansaient encore les indomptables flammèches, coulaient encore les larmes sèches sur la cire blanche et déçue.
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Prosodie
PoetryProsodie ( fr) : D'une manière générale, la prosodie est l'inflexion, le ton, la tonalité, l'intonation, l'accent, la modulation que nous donnons à notre langage oral en fonction de nos émotions et de l'impact que nous désirons avoir sur nos interl...